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Radicalisons la lutte !

Publie le jeudi 26 août 2010 par Open-Publishing
14 commentaires

Par Michel Mengneau

Je trouve les analyses de Gérard Filoche souvent pertinentes, j’ai beaucoup apprécié son décorticage point par point du nouveau code du travail, j’ai aussi beaucoup de respect pour son action qui parfois l’amena devant les tribunaux, néanmoins, comme il est toujours socialiste (l’un des responsables de la revue Démocratie et socialisme, entre autres) on ne sent donc pas chez lui une franche rupture avec le capitalisme ; sont donc perceptibles dans ses discours les relents d’une sociale démocratie gérante de l’ultralibéralisme ambiant ; il est l’assistante sociale du système en quelque sorte…

Sans faire injure à Filoche, la constatation que l’on peut faire c’est qu’il est le faire valoir du PS, son cache misère car si l’homme est sincère son discours est trompeur, surtout quand on sait que Martine Aubry -pour ne citer qu’elle, car Royal fut pire puisque lors des présidentielles elle préconisât des fonds de pension collectifs- est favorable à l’allongement des cotisations tout en se servant du symbole de la retraite à 60 ans pour cacher ce recul social, un leurre en quelque sorte, voire de l’enfumage.

L’enjeu des retraites, qui est avant tout un enjeu idéologique malgré que l’on évite de le présenter comme tel, doit donner lieu à une radicalisation de la lutte, donner la parole à un représentant du PS, même s’il n’est pas apparemment sur le même plan de réflexion que les autres instances dirigeantes de ce parti (quoique, vouloir infléchir le PS à gauche sans réflexion anticapitaliste c’est une pure allégorie ou donner au terme de gauche un sens usurpé), c’est néanmoins cautionner le consensus mou qui va faire le bonheur du MEDEF, donner à la droite le sentiment qu’elle peut tout se permettre puisque leurs opposants ne sont pas fondamentalement contre sa politique. C’est donner aussi de plus en plus d’importance au PS et par la même occasion encourager le bipartisme.

Il faut contester les interventions de Filoche, ses exposés ou autres, en lui demandant qu’elle est véritablement la position de son parti, et surtout de ne pas participer à ce genre de mascarade pour marquer nettement le démarquage idéologique de la vraie Gauche avec les socialistes, car qu’on le veuille ou non, Monsieur Filoche est bien un représentant d’un parti ultralibéral…

Si j’ai pris cet exemple particulier ce n’est pas par esprit polémique, ni par ostracisme, envers un individu, mais en raisonnant sur le fond, et qu’il représente bien l’ambigüité dans laquelle le PS se complait puisque, mettant en avant certains cadres pour laisser croire qu’il est toujours à gauche, l’ensemble de sa politique est la même que le pouvoir en place.

Plus précisément, ce n’est plus un parti engagé idéologique dans l’opposition, mais un accompagnateur de capital. C’est pourquoi nous ne devons aucunement faire des rapprochements électoraux quelconques, ou autres, avec le PS -qu’elles qu’en soient les personnalités-, on voit d’ailleurs la position des Verts qui ont le cul entre deux chaises étant contre l’aéroport Notre-Dame-des-Landes alors qu’ils sont compagnons de route, d’électoralisme, du PS dont un maire de Nantes favorable au projet et Auxiète le président PS de la région plus hypocrite que jamais.

Pourtant, par ailleurs, on entend déjà certains dire qu’ils diront de voter PS au second tour des présidentielles, même si l’on sent une réticence à l’encontre de Strauss-Kahn alors que Royal et Aubry passent mieux étant pourtant du même tonneau. L’erreur serait de dire il faut tout faire pour battre Sarkozy en élisant un quidam qui sur le fond sera peu différent, sinon sur la forme ; quoique, sur la forme, on en doute de plus en plus quand on entend Benoit Hamon reprendre le thème sécuritaire à la mode Sarkozienne. Non, le plus tôt on fera la rupture complète, on évitera le danger de n’avoir en réalité que deux partis se partageant le pouvoir à tour de rôle comme cela est aux USA…

Le meilleur exemple est sans celui qui est venu presque par hasard car, on ne peut que le constater, l’indépendance non voulue par rapport au PS de Limousin Terre de Gauche a apporté un peu de fraicheur politique et qui commence sérieusement à porter ses fruits

Beaucoup souhaite une large union autour de la défense des retraites afin de faire masse, faut-il pour autant que ce soit une union d’apparat avec par exemple des syndicats et un PS qui ont pratiquement abdiqué sur la durée des cotisations. L’erreur serait d’entretenir ce faux-semblant qui à chaque fois fait encore plus reculer les acquits sociaux. D’autant que pour le cas présent il ne s’agit pas d’un combat catégoriel, mais bien d’un débat de fond, un débat avant tout idéologique.

Radicalisons la lutte, c’est la seule solution car c’est aussi tout le système qu’il faut contester, le travail ne doit plus être la variable d’ajustement du capital…

Pavés arrachés, casques cabossés !

– Peuple, lèves-toi et marches,
– Arpentes ce pavé tant de fois piétiné,
– Là, souviens-toi des heures de gloire.

Pavé arrachés, casques cabossés !

– Relèves le front, plus de dictateur,
– La rue est à toi,
– Là, où s’écrit l’Histoire…

Pavé arrachés, casques cabossés !

– Souviens-toi que tu es souverain,
– Seul tu es maître de ton destin,
– Là, demain sur le pavé reprends ta liberté !

Pavé arrachés, casques cabossés !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • Effectivement, j’ai pris Filoche comme exemple, mais c’est en réalité une réflexion plus générale et Buffet, entre autres, pourrait probablement entrer dans le cas de figure. Pour Mélenchon que certains portent aux nues, je pense qu’il n’est pas franchement anticapitaliste et par conséquence il reste dans son discours des réminiscences de la sociale-démocratie, l’on est donc pas devant un partenaire fiable.

    Pour le PS, on pourrait presque dire que c’est devenu un adversaire de classe pour le monde ouvrier....

  • cette fois, je suis entièrement d’accord avec cet article (ce n’est pas toujours le cas avec cet intervenant)...........Filoche, où un autre représentant de la soi-disant gauche, ne fait (ne font) depuis le traité de maastricht, que se rallier aux théses les plus ultra-libérales de cette UE toute dévolue au capitalisme.......
    car l’attaque contre les retraites, le démantelement de la Sécu et les services publics, etc........sont toutes l’émanation d’une politique décidée par Bruxelles, sa commission, ses dirigeants qui ne sont que les porte-paroles du capitalisme international...
    je sais, cela fait un peu "ringard", pourtant, si les mots ont encore un sens, ce n’est que cela et rien que cela !

  • radicalisons la lutte !

    je ne peut qu’être d’accord avec cet article . quand a filoche comme d’autres au sein du ps , ils tiennent un discours , ont une posture , occupent un terrain , de manière a créer une illusion anticapitaliste , c’est vrai aussi d’ailleurs pour Melenchon . a plus forte raison en période électorale . tout ce beau linge fait parti des solutions de rechanges envisagées le cas échéant par le capital pour continuer d’exister . en écrivant cela j’ai l’ impression d’enfoncer les portes ouvertes et pourtant ! l’anti sarkozisme est le cheval de bataille du ps , au détriment d’un contenu anti capitaliste , et pour cause . la forme par rapport au fond par médias interposes . on peut y rajouter le piège de l’unité , unité pour battre Sarko , mais certainement pas pour remettre en cause le capitalisme . remettre en cause le capitalisme implique également de rompre avec l’illusion européenne , mener aussi la bataille politique pour la sorti de l’Europe est une exigence , si l’on veut retrouver notre indépendance nationale ainsi que notre souveraineté populaire , en lien avec la perspective d’ouvrir la voie du socialisme , sans tout cela pas la peine de parler de progrès social . comme voudrait nous le faire croire tous les illusionnistes , qu’ils soient de droite , ou qu’ils se disent de gauche , qu’ils soient menteurs ou inconscients . sam 82 .

    • Filoche ou pas Filoche, je ne me fais plus d’illusions, et cela depuis très longtemps, sur les discours de gauche de sociaux-démocrates qui, comme lui, dressent un réquisitoire sans appel de la société bourgeoise, mais qui, en définitive, volent à son secours sous une forme ou sous une autre chaque fois que c’est nécessaire.
      J’ai eu l’occasion d’écouter Filoche lors d’une réunion. Evidemment, à l’entendre on se croirait dans l’antichambre du socialisme. Malheureusement, il n’en est rien.
      De tout temps, le parti socialiste a été un auxiliaire dévoué de la bourgeoisie. Je suis de ceux qui, lors de la grève des mineurs en octobre 1948, a fait connaissance avec les matraques de monsieur Jules Moch, alors Ministre de l’Intérieur et socialiste.
      Nous eûmes aussi Paul Ramadier, président du conseil, qui restera dans l’histoire celui qui "vira" les ministres communistes sur injonction américaine. Il est également à l’origine de la répression coloniale contre les malgaches en Mai 1947. Telles sont les raisons pour lesquelles ne n’ai jamait voté socialiste et je vous engage à en faire autant ...

    • Qui a révoqué et monté une cabale contre des agents SNCF durant les gèves de 47 ?
      Un ministre socialiste. Alain 04

  • Avant de radicaliser les luttes il faudrait etre en capacité d’organiser les salariés. La CGT premier syndicat = 635000 adhérents. Cela fait court, très court. Qu’a fait chacun d’entre-nous pour changer cette réalité ? La force de ceux du "haut" n’est que le reflet de la faiblesse de ceux du "bas" Si ceux d’en "bas" pensent faire l’impasse sur la nécessité de s’organiser, alors ils se gourrent, se ferons laminer. Cela ne veux pas dire que je partage en totalité les positions de la CGT - Les syndicats sont ce que collectivement nous en faisons.
    www.pcfbassin.fr

  • Plus un discours est général,flou et non assorti de mesures précises,de propositions concrètes plus il est possible,effectivement,de masquer certaines réalités,de faire l’impasse sur ce qu’il y a à faire,ce qu’il faut faire pour changer la donne.Je me méfie de ce que vous dites de Gérard Filoche car le propos n’est pas assez étayé,nourri de solides arguments.Concrètement Filoche s’est battu pour des causes mettant en jeu la survie des salariés:indemnités journalières pour les accidentés,droit du travail,reconnaissance du harcèlement.En ce sens ce qu’il a fait permet de considérer qu’il est du côté du monde du travail.A-t-il du poids,est-il écouté au PS ?Est-il en mesure d’influencer des gens comme Pascal Lamy ou D.Strauss-Khan ?Je ne le pense pas car,vous le dites,les décisions macroéconomiques sont prises ailleurs c’est-à-dire à Bruxelles essentiellement.C’est la question des traités européens(le PROCESSUS DE BOLOGNE pour être plus précis) qui ne font aucune place à une Europe sociale toujours inexistante.La concurrence doit être « libre et non faussée ».La Fondation Copernic,les altermondialistes,Attac,le PCF,le MPEP insistent tous sur cette contrainte qui paraît irréductible et qui est,avec la globalisation financière(évasion fiscale,paradis fiscaux,argent sale,corruption,organisations mafieuses…etc),le cadre obligé dans lequel s’opère le démantèlement de l’Etat de droit,des protections sociales,des acquis du CNR et de l’Etat providence.Les conséquences de cette situation sont très mauvaises tant pour les Etats(progressivement amputés,condamnés à n’être que les béquilles des marchés financiers),donc les services publics que pour les salariés.Cette situation résulte indéniablement de la montée en puissance des pays dits émergents bénéficiaires de la mondialisation au prix d’un écrasement du salariat assez proche d’une réduction en servage et de la globalisation financière qui profite aux grosses FMN,aux marchés financiers(institutions financières=banques,traders,compagnies d’assurances....)aux oligarques russes et autres firmes de commercialisation.Il y a les grands gagnants de la mondialisation et les grands perdants.Y compris au PS où la situation d’un D.Strauss-Khan n’est guère comparable avec celle d’un G.Filoche.La mondialisation accélérée par l’effondrement du bloc de l’Est a rebattu les cartes.Et nous sommes en mesure de dire que déjà les victimes sont infiniment plus nombreuses que les gagnants.Nos salaires sont dérisoires et nos perspectives de "développement" pour le moins limitées.Déjà en 1989,avec une grande promptitude,certains prédisaient la "fin de l’histoire" chantant à s’époumoner l’entrée en fanfare dans l’économie de marché de tous autant qu’on est.Tant que les peuples subissent en silence ces prédictions s’avèrent justes.Mais ça va craquer et ce pour des raisons évidentes qui ne tiennent pas qu’aux cultures politiques des peuples européens(socialisme,communisme,révolutions,mouvements sociaux,mouvements réformistes...etc).Les catastrophes environnementales se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu(les océans,les forêts…etc).Les conditions de vie faites aux peuples deviennent indignes,insupportables,inacceptables.En un mot ça suffit.Et la question européenne(sous la forme de son actuel fonctionnement)sera inévitablement posée.Si l’objectif est d’abaisser les conditions de travail des salariés européens au niveau de celui des salariés des pays émergents ce sera difficile.Si l’objectif est de détruire les capacités de production et de services des pays européens il est,certes,en passe d’être atteint.Les peuples européens auront alors du temps pour faire la révolution,même le ventre vide et l’esprit bien abîmé.Pour l’heure il reste la rue et les urnes pour nous faire entendre.L’Europe est un amplificateur(au fonctionnement quasi parfait)de la globalisation néolibérale.Et c’est cela qu’il faut changer.Refonder l’Europe ou être condamné au pire à l’absence de perspective au mieux à l’insurrection.

  • Il y a aussi une piqure de rappel pas inutile ; n’oublions pas que l’on doit le Traité de Lisbonne à l’abstention des socialistes français lors du congrès de Versailles........

    Ils ont donc favorisé une Europe ultralibéral, ne serait-ce que pour cette prise de position allant à l’encontre de l’avis populaire lors du référendum, nous ne pouvons aucunement faire confiance à ces faux-culs !