Accueil > INDE : Une police complètement has been ?

INDE : Une police complètement has been ?

Publie le lundi 27 juin 2011 par Open-Publishing

Des inspecteurs qui font la leçon aux jeunes et traitent avec légèreté des agressions contre les femmes : le comportement rétrograde d’une partie des policiers commence à énerver la société indienne, témoigne l’Hindustan Times.

Ils ne comprennent rien à la technologie mobile ni aux réseaux sociaux en ligne. Ils sont choqués de voir la voisine arborer un tatouage ou fréquenter les pubs. Ils ne savent pas trop comment s’y prendre avec les jeunes qui travaillent toute la journée dans les centres d’appels et font ensuite la fête avec ardeur. Alors, les hommes en uniforme kaki [les policiers] font ce pour quoi ils sont tristement célèbres : émettre à la va-vite des jugements moraux. “Pourquoi portez-vous des jupes courtes ? Ne sortez pas le soir ! Pourquoi restez-vous seule ?”

On peut appeler cela un fossé culturel ou une absence de qualités humaines. Il reste que les inspecteurs de police traitent parfois avec mépris le mode de vie de la victime et font souvent preuve d’insensibilité dans les affaires de délits sexuels.
Le mode de vie urbain a généré de nouveaux problèmes. “Même quand j’étais adolescent, la police voyait déjà d’un mauvais œil les gens qui faisaient la fête pour le réveillon du nouvel an. Mais de nos jours c’est tous les soirs que beaucoup de gens vont prendre un verre. Les policiers ont même du mal à accepter le fait que des femmes travaillent dans les centres d’appels, ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre”, rapporte le sociologue Dipankar Gupta.

“Après une agression sexuelle, ils diront que votre fille n’aurait pas dû aller dans un café”, commente un autre sociologue, Shiv Viswanathan. “A les entendre, elle aurait dû rester à la maison.”

Selon lui, le profil de la plupart des agents de police reflète la fracture sociale du pays. “Nombre d’entre eux appartiennent aux castes inférieures et se sont vu confier des tâches qui dépassaient leurs capacités de compréhension d’autres valeurs sociales.” D’une mentalité féodale, renforcée par l’archaïque loi sur la police, le policier a pris sur lui de juger de ce qui est juste ou ne l’est pas. Le problème est particulièrement aigu quand il s’agit des relations avec les adolescents de notre époque, estime le pédopsychiatre Amit Sen, qui a dirigé des ateliers sur les qualités humaines au sein de la police de Delhi. “Il existe un fossé naturel entre les jeunes générations et leurs aînés, mais en ce qui concerne les relations entre les jeunes et la police il est particulièrement profond.”

Quant aux femmes, les plaintes qu’elles déposent sont la plupart du temps traitées sans humanité, dénonce l’avocate Rebecca John. Les interrogatoires agressifs et sexistes sont monnaie courante. “Dans une affaire de viol dont je m’occupe, les policiers se sont empressés de faire des remarques sur la tenue vestimentaire de la victime. Comment peut-on attendre d’une fille instruite de 25 ans qu’elle porte le purdah [voile intégral] ?” s’insurge-t-elle.

Durant ses dix années de collaboration avec la police, le psychologue Rajat Mitra, qui a travaillé avec des détenus, a été le témoin du machisme des agents. Il raconte : “Un officier de haut rang, ancien directeur de prison, m’a assuré que le viol était un acte spontané commis par un esprit frustré – et qu’il était inutile d’aller chercher trop loin dans les affaires d’agression sexuelle. Quand on adopte à ce niveau une attitude aussi rétrograde, rien d’étonnant que cela influe sur les simples agents.”

Kiran Walia, la ministre de la Santé, de l’Enfance et de la Condition féminine, est scandalisée par la manière dont la police a interrogé des enfants maltraités l’année dernière. En septembre 2010, un chauffeur de car a été arrêté pour le viol d’une fillette et de ses deux frères dans le quartier de Prasad Nagar, en plein centre de Delhi. “Dans les cas de maltraitance d’enfants, la police a une fâcheuse tendance à rendre la mère responsable”, s’indigne Mme Walia.

Les compétences des enquêteurs de notre police sont largement inférieures aux normes admises dans le monde, déplore Rajat Mitra. “C’est particulièrement vrai pour les techniques employées pour les interrogatoires. Dans l’idéal, le suspect devrait les subir dans une salle fermée. En Inde, c’est en général la foule qui met l’accusé sur la sellette, avec une rudesse et une agressivité inspirées par de mauvais films hindous. Les règles de comportement les plus élémentaires sont bafouées durant les interrogatoires.”

http://www.courrierinternational.com/article/2011/06/27/une-police-completement-has-been