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Analyse intéressante des conséquences des élections de dimanche en Grèce

Publie le mardi 8 mai 2012 par Open-Publishing
1 commentaire

Un article intéressant qui traite de la situation en Grèce suite aux législatives de dimanche trouvé sur "toutcanempechepasnicolas.over-blog".

Les masques tombent, sauf que les lecteurs du Monde ne le réalisent pas encore. La percée de l’extrême droite nazifiante en Grèce est aussi... un élément rassurant si on analyse la situation autrement. Car je peux supposer par exemple, qu’après une telle politique du choc, pareillement appliquée en si peu de temps à d’autres pays de l’Europe occidentale, l’extrême droite, serait en phase de devenir vraisemblablement la première formation politique dans ces pays.

Je trouve donc, que pour l’instant en tout cas, la Grèce a plutôt bien résisté à cette percée de l’extrême droite. Ensuite, le syllogisme suggéré par les rédacteurs du grand quotidien français, contient involontairement et en filigrane, la seule analyse juste de la situation. Car le vrai problème n’est pas l’extrême droite, mais plutôt, la poursuite de la politique de rigueur dictée par l’UE et le FMI, et celle-ci, n’est plus une affaire grecque me semble-t-il. C’est ainsi que le fascisme bancocrate est plus dangereux à mes yeux que celui des « néo-nazifiants » de toute sorte, et pour une raison évidente : c’est précisément ce premier fascisme qui est à l’origine du second, ainsi les larmes de crocodile au journal du soir ou au sein des instances de l’U.E. sur la percée de l’extrême droite en Europe, ne peuvent émouvoir que les lobotomisés du raisonnement politique.

Il se trouve alors que de nombreux grecs prennent conscience de cette grande fraude à l’échelle du continent Européen, à savoir le grand razzia sur ses peuples. L’incontestable gagnant de ces élections en Grèce, est le parti de la gauche radicale SYRIZA (16%), (à part l’extrême droite de l’Aube Dorée). SYRIZA arrive d’ailleurs en tête à Athènes, au Pirée et dans les grandes villes, ce qui peut annoncer le tempo de l’avenir sur le reste du pays. Et si la Grèce devient-telle, presque ingouvernable c’est parce que la loi électorale attribue les premiers deux cent cinquante sièges du Parlement par la règle proportionnelle, puis, les cinquante qui restent, sont « offerts en cadeau » au premier parti. Seulement, même ainsi, le bipartisme de la Baronnie a reçu un coup mortel. Pour la même raison, le parti communiste a été presque sanctionné, car il a réussi à peine d’améliorer son score, dans un contexte où la gauche dans son ensemble a doublé le nombre de ses voix. Je précise pour éviter tout malentendu, que lorsqu’en Grèce on dit « la gauche », ce n’est pas au PASOK que nous pensons, ce dernier, « est considéré comme étant un parti anti-populaire et anti-national, car il appartient à la bancocratie », selon les représentations collectives, après deux ans de Mémorandum.

Ce matin, dans un café athénien on ne disait pas autre chose : « Je suis enseignant, j’ai toujours voté PASOK jusqu’en 2009, je me considère toujours comme socialiste, mais je ne voterai plus jamais PASOK dans ma vie, c’est terminé, ces gens veulent nous faire mourir pour arranger les banques. À nos écoles, nous n’appliquerons pas la reforme dictée par l’Europe, nous n’avons plus peur. Ils veulent augmenter notre temps de travail alors que nos salaires ont été diminués. J’ai perdu 470 euros par mois sur les 1.400 que je touchais, il y a un an environ. Je pense aussi que désormais, nous pouvons ne plus payer les taxes exceptionnelles, surtout en cas de chômage, c’est la fin de la terreur ».

Voilà ce qui est déjà acquis ce lundi : pouvoir rêver. Tous les autres leviers, restent aux mains des bancocrates, sauf l’air du temps. Nos visages sont plus joyeux, exceptés ceux des adeptes du Pasokisme, plongeant très profondément dans leurs journaux ce matin. Le quotidien « Ta Nea » par exemple, qui a bien choisi son titre : « Le cauchemar d’un pays ingouvernable », mais « cauchemar », pour qui d’abord ? L’horizon demeure brouillé. Rien n’est définitif, sauf la fin du PASOK et de la Nouvelle Démocratie du Mémorandum. Tôt ou tard, on comprendra peut-être que pour se délivrer du Mémorandum, il va falloir se défaire aussi de l’Union Européenne, ainsi que de nos propres errements. En même temps, il faut bâtir une autre politique étrangère, plus équilibrée et moins exclusive. Ce n’est guère évident. Patience, l’avenir devient enfin incertain et chaotique. Bienvenue au pays d’Hésiode.

Publié par Panagiotis Grigoriou

Bureau de vote - Grèce 6 mai 2012

Partis Sièges Pourcentage

Nouvelle Démocratie (droite) 108 18,87 %
SYRIZA* (Gauche radicale) 52 16,77 %
PASOK (P.S.) 41 13,19%
Grecs Indépendants* (Droite) 33 10,60%
KKE* (P.C.) 26 8,48 %
Aube Dorée* (Extrême droite) 21 6,97 %
Gauche Démocratique* 19 6,10 %
LAOS (Extrême droite) 2,93 %
Mouvement Écologiste 2,90 %
Alliance Démocratique (droite) 2,56 %

Messages

  • Merci de cet article éclairant la situation grecque et.....européenne en définitive.La montée relative des extrème-droites en Europe est le produit de la dérive social-libérale de la gauche(années 1990) gouvernementale et du néolibéralisme de Bruxelles.Le FDG en France fait également cette analyse.Si la Grèce résiste mieux qu’ailleurs à l’extrème-droite cela tient aussi à la mémoire de la lutte anti-nazie dont on ne dira jamais assez qu’elle fut longue,acharnée et héroïque.Les partisans grecs se sont libérés de l’occupation nazie sans l’aide de forces étrangères comme en Yougoslavie d’une certaine façon.Qui plus est cette résistance grecque fut prolongée par une véritable guerre civile longue de plusieurs années (de 1946 à 1949)et aggravée par l’intervention de troupes étrangères (britanniques et américaines).Cette intervention étrangère était clairement destinée à l’éradication du mouvement communiste grec qui fut pourtant à l’origine de la libération du territoire national.La guerre civile fit près de 150000 victimes et reste curieusement un de ces évènements dont on ne parle pratiquement jamais.Or il est évident qu’elle a laissé des traces profondes dans la mémoire collective.Le KKE(parti communiste grec)se veut ainsi un des dépositaires et garants de cette mémoire des luttes pour l’indépendance nationale.Dans le contexte actuel de l’histoire de la Grèce cela méritait d’être rappelé.
    On peut néanmoins entrevoir les limites de la position exclusive du KKE.Le capitalisme rapace et antisocial des marchés financiers soutenu et légitimé par les autorités européennes ne saurait être comparé à la barbarie nazie.D’où l’erreur (à mon sens) du KKE qui devrait réviser sa position et accepter de dialoguer avec Syrizas et la Gauche démocratque afin de trouver un accord commun dans l’intérêt supérieur de la nation.Ne pas agir cela revient à subir une situation parfaitement inacceptable.Or l’issue à la crise grecque se trouve à gauche,dans des solutions de gauche.Les électeurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés lors du récent scrutin et pourraient être amenés à confirmer-voire amplifier-leur choix en faveur d’une réponse sociale et non pas antisociale à la terrible crise qui s’abat sur le pays d’Homère et de Périclès.