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"Retour d’expérience"

Publie le lundi 14 mars 2005 par Open-Publishing
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"Retour d’expérience"

Aujourd’hui 14 mars, nous avons interrompu dès son ouverture le séminaire européen SAGE.
Les nucléocrates ont été copieusement arrosés d’oeufs pourris, de purin et de peinture.
Juste retour d’expérience, évidemment trop symbolique, pour répondre à leur travail de défense de l’industrie nucléaire.

Le tract ci-joint "Retour d’expérience", a été laissé sur place.

Lonesome cobaye not so far away from Belarus.

tract :
http://bellaciao.org/fr/IMG/pdf/_tract-2.pdf

« Retour d’expérience »
Aux experts nucléaristes européens et à leurs supplétifs
réunis au CNAM pour finaliser le programme SAGE*

Parce qu’il est inconcevable pour tout pouvoir
d’assurer l’évacuation des zones contaminées, la
catastrophe de Tchernobyl a produit 8 millions
de cobayes condamnés à survivre sur des territoires
dévastés à jamais.
Mais elle a aussi produit une nouvelle génération de
nucléocrates, VOUS, tout entiers dédiés au contrôle
social.
Vous déclarez : « (...) vivre sous Tchernobyl, c’est réapprendre
à vivre, à vivre autrement, intégrer au quotidien
la présence de la radioactivité comme composante
nouvelle de l’existence »... et vous organisez l’invisibilité
du désastre.
Avec les programmes ETHOS* et CORE*, conduits par
l’industrie nucléaire, vous avez, en Biélorussie, « aidé »
les populations à faire comme si elles pouvaient vivre
normalement dans des conditions qui les tuent.
Vous appelez cela « le développement durable sous
contrainte radiologique ».
Armés de compteurs Geiger et puant la bonne conscience,
vous êtes allés jusqu’à expliquer aux femmes
enceintes qu’elles devraient se « réapproprier leur
environnement ».
Riche de votre expérience, la Commission européenne
a maintenant besoin de vous pour en appliquer
les conclusions ici. Car les États européens se sont rendus
à l’évidence : le développement actuel du nucléaire
« impose d’envisager l’éventualité d’un tel accident ».
Le projet SAGE que vous finalisez vise à anticiper une
telle « surprise » en formant les habituels relais du pouvoir
(professionnels de l’éducation et de la santé) à
« une culture de protection radiologique », véritable
guide de conduite pour apprendre à crever en comptant
les becquerels.
Votre sale boulot prend tout son sens une fois mis en
relation avec les dernières décisions de l’État : en effet,
les illusoires mesures de seuils de radioactivité viennent
d’être revues à la hausse, normalisant une alimentation
et une agriculture irradiées.
Vous n’êtes qu’un rouage de cette vaste entreprise de
camouflage qui consiste à accoutumer les esprits au fait
accompli. Et, dans cette scénographie, il ne manque pas
d’écologistes collabos (ACRO...), de scientifiques marginalisés
(Belrad), pour jouer les faire-valoir de ce projet
négationniste.
Toute cette affaire vise à organiser l’acceptation et la
« confiance sociale » nécessaires à la relance actuelle des
programmes nucléaires, civil et militaire (EPR, ITER,
uranium appauvri, laser megajoule...).
Pour être pleinement efficace, votre travail de dissimulation
experte se double d’un spectacle télégénique
où figurent girophares, blouses blanches et tenues
NRBC, la simulation.
Aujourd’hui, dans une station de RER, dans la cour
d’un hôpital, sur une base militaire, dans le « périmètre »
d’une centrale, dans les champs, les simulations sont
partout. La mise en scène militaire de la défaillance et
de sa résolution par des praticiens « efficaces » sont les
deux faces d’un même projet de domination.
Fardée d’images et bardée d’experts, la catastrophe peut
alors s’effacer dans un quotidien ininterrompu « d’incidents
significatifs », de « disparitions [de sources radioactives]
dans le nucléaire de proximité », d’« actes de
malveillance », de « retours d’expérience », d’« accidents
domestiqués », de distribution de pastilles d’iode et
d’« amélioration des méthodes d’interaction avec les
populations ».
Bien sûr, cette habituation à laquelle vous travaillez
n’a pas pour finalité d’empêcher une catastrophe que
l’armée est désormais officiellement la seule « habilitée »
à gérer. En réalité, elle est là pour ajuster les rapports
sociaux au désastre existant et aux suites des catastrophes
à venir.
Comme le conseille l’illusionniste prestigieux Jacques Lochard,
« nous devons occuper le terrain ». Nous avons tenu cette fois à suivre
son conseil et à venir couronner, comme il se doit, votre travail
de maquillage en faisant notre « retour d’expérience ».
Paris, les 14 et 15 mars 2005
Lonesome cobaye not so far away from Belarus

* SAGE : « Stratégies pour une culture de protection radiologique pratique en Europe en cas de contamination radioactive suite à un accident nucléaire. »
ETHOS (1996-2001) et CORE (lancé en 2002) sont des projets de réhabilitation des conditions de vie dans les territoires contaminés par l’accident de Tchernobyl.
Tous ces projets sont coordonnés par le CEPN, émanation d’EDF, du CEA, de la COGÉMA, d’ARÉVA et de l’IRSN.

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