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lettre d’avril à Obama

par kakine

Publie le mardi 1er avril 2014 par kakine - Open-Publishing


Monsieur le Président Obama

The White House

1600 Pennsylvania Avenue N.W.

Washington DC 20500

USA

Monsieur le Président,

Fernando González est rentré à La Havane le 28 février. Après des retrouvailles émouvantes avec sa famille, avec le Président Raúl Castro, et avec des personalités de son pays, ses premières paroles ont été pour ses trois frères Gerardo Hernández, Ramón Labañino et Antonio Guerrero toujours emprisonnés dans votre pays.

Comme René González quelques mois plus tôt, Fernando est rentré à Cuba la tête haute. Ces deux hommes qui ont donné quinze ans de leur vie pour avoir protégé leur peuple d’actes terroristes conçus aux Etats-Unis, ne se sentiront vraiment libres que quand les Cinq le seront.

La réaction des médias à cette libération a été révélatrice de l’état d’esprit de bien des journalistes. Pour la plupart de ceux qui l’ont annoncée, il s’agissait de la libération d’un espion Cubain.

C’est de la désinformation. Les Cinq n’ont en effet jamais été condamnés pour espionnage. Il leur aurait été difficile de l’être, après les dépositions au cours de leur procès, de sommités du domaine de l’Intelligence des Etats‐Unis comme le colonel George Bucker, l’amiral Eugène Carroll, où les généraux Edward Atkeson et Charles Wilhelm. Tous ont témoigné du fait que les Cinq n’avaient eu accès ni de près ni de loin à une quelconque information à caractère stratégique. Comme il fallait à tout prix inculper les Cinq, c’est la nébuleuse charge de « conspiration en vue de commettre de l’espionnage » qui a été retenue contre eux.

L’acharnement à passer sous silence ou à déformer l’affaire des Cinq n’est pas terminé. Les 7 et 8 mars se tenait dans « the Law Society » de Londres une importante commission d’enquête internationale sur le sujet. René Gonzalez qui devait être un témoin majeur de cette commission s’est vu refuser le visa d’entrée au Royaume Uni sous le prétexte qu’il avait fait plus de 4 ans de prison. Son visa pouvait effectivement lui être refusé pour cette raison en vertu de l’article 320-2b de la loi sur l’immigration. Des dispenses sont cependant prévues, mais le gouvernement britannique n’a pas jugé bon de lui en accorder une. Il s’agit d’une mesure à caractère politique comme l’ont avoué à l’avocat Martin Garbus, un juge et un représentant de la Secrétaire de l’Intérieur du Royaume Uni.

Même refus de visa pour le journaliste colombien Calvo Ospina qui vit en France depuis plus d’un quart de siècle, et n’a donc pu accomplir son travail sur cette commission d’enquête londonienne.

Ces mesures méprisables n’ont pas empêché la commission d’enquête d’être un grand moment de la lutte pour la Justice. Plus de 200 participants représentant 27 pays étaient présents dans une salle transformée en salle d’audience pour la circonstance. Trois prestigieux juristes internationaux faisaient face à une table de témoins parmi lesquels des personnalités des Etats-Unis, des parents de victimes d’attentats, des avocats des Cinq, et aussi des membres des familles des Cinq.

D’émouvantes interventions ont bouleversé l’assistance, comme celle de la mère d’Antonio Guerrero, l’un des Cinq, celle de Bettina Palenzuela, dont la mère a trouvé la mort en avril 1976 lors d’un attentat à la bombe contre l’ambassade de Cuba au Portugal, ou encore celle de Margarita Morales dont le père a péri avec son équipe de jeunes escrimeurs lors de l’attentat contre l’avion de la « Cubana de Aviación », en octobre 1976. Un grand moment aussi, celui où René González est apparu sur l’écran pour apporter son témoignage.

Après deux jours de rencontres, de dépositions et de débats, les trois juges ont rendu public leur verdict condamnant les irrégularités de la justice américaine, dans un document qui vous a été envoyé, Monsieur le Président, et où il vous est demandé de gracier les trois Cubains encore détenus.

Votre pays, Monsieur le Président, aura à répondre devant l’Histoire de ses agressions contre Cuba. Il aura aussi à répondre des condamnations des Cinq, Cuba avait le droit et le devoir de se défendre.

Il est grand temps que vous libériez ces trois Cubains toujours emprisonnés. Vous avez les moyens de le faire, ne serait-ce qu’en répondant positivement à l’échange humanitaire proposé par le gouvernement cubain. Autorisez, Monsieur le Président, la libération de Gerardo Hernández, Antonio Guerrero et Ramón Labañino contre celle de votre compatriote Alan Gross. Ne restez pas du mauvais côté de l’Histoire !

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs Joe Biden, John F. Kerry, Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Rick Scott et Charles Rivkin, ambassadeur des États-Unis en France.