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Même sous des cieux plus purs l’incertitude des prévisions alarmistes demeure

Publie le lundi 16 mai 2005 par Open-Publishing

De Quirin Schiermeier, Munich traduit de l’anglais par Valérie

Enfin de bonnes nouvelles à propos de l’état de la planète. Des études portant sur la quantité de lumière solaire passant à travers l’atmosphère suggèrent que notre air est en train de devenir plus propre, grâce à la réduction des émissions industrielles et à l’utilisation de filtres particuliers.

Il y a malgré tout un bémol. Les scientifiques pensent que les aérosols et la poussière dans l’atmosphère ont peut-être pu nous protéger de la pire cause de réchauffement. Ils ne savent pas dans quelle mesure les radiations solaires supplémentaires affecteront les températures à l’avenir.

Une diminution de la quantité de lumière solaire atteignant la surface de la planète, phénomène connu sous le nom de « assombrissement global », a été observée depuis que les mesures ont commencé à la fin des années 50, mais le consensus sur le fait qu’il s’agissait d’un phénomène global n’existe vraiment que depuis l’an dernier. Beaucoup de scientifiques ont hésité à en discuter ses effets, de crainte que cela ne devienne une excuse pour ignorer les conséquences du réchauffement.

Ils n’ont plus à s’en soucier à présent. Deux études, publiées dans Science, concluent que depuis 1990, l’assombrissement a été remplacé par un éclaircissement. Il a fallu des années pour réunir assez de résultats et réaliser une analyse statistiquement significative, déclare Martin Wild, in spécialiste de l’atmosphère à l’Institut Fédéral Suisse de Technologie de Zurich.

M. Wild et une équipe internationale de scientifiques ont analysé des données provenant de centaines de stations terrestres du monde entier. Ils ont découvert que la quantité de radiation atteignant la surface de la Terre a diminué de 4 - 6% entre 1960 et 1990, mais que cette tendance s’est inversée depuis à peu près partout - sans que cette quantité totale n’atteigne toutefois les niveaux de 1960.

Les résultats sont confirmés par une seconde étude, menée par Rachel Pinker de l’Université du Maryland, à College Park, qui montre une tendance similaire, bien que plus faible, à partir de données de satellites.

« La bonne nouvelle est que l’atmosphère est devenu plus propre et plus transparente », a déclaré Andreas Macke, météorologiste à l’Institut Leibniz de Sciences Maritimes de Kiel, en Allemagne. La chute des économies communistes à la fin des années 80, suivie par la diminution des émissions de polluants industriels dans ces zones a probablement été un facteur déterminant.

Wild et son équipe ont détecté une poursuite de l’assombrissement dans certains territoires fortement pollués, comme l’Inde, où de gros nuages de fumée provenant de la combustion d’énergies fossiles et de feux de forêts assombrissent le ciel pendant de longues périodes chaque année. Il y a cependant une tendance à l’éclaircissement en Chine, malgré l’explosion d’une industrie intensivement consommatrice d’énergies fossiles dans le pays. « Je suis surpris » a déclaré Wild, ajoutant qu’il ne pouvait que spéculer à propos du fait que l’utilisation de technologies non polluantes en Chine pourrait être plus répandue et plus efficace que ce que l’on pouvait penser.

La question est maintenant de savoir si la tendance observée vers un air plus propre aura un effet sur la température générale. Selon Macke : « Il est clair que l’effet de serre a été partiellement masqué dans le passé par la pollution de l’air ».

Wild est en train de déterminer dans quelle mesure cela a été le cas. Il doit encore publier ses résultats, mais il estime que jusqu’en 1990, la pollution de l’air nous a protégés d’au moins 50% du réchauffement qui aurait dû se produire.

http://www.nature.com