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Macron, la vitrine de Lagardère

par Francois Cocq

Publie le lundi 13 février 2017 par Francois Cocq - Open-Publishing

Ce dimanche, M. Macron faisait pour la 4ème fois depuis l’été la couverture du Journal du Dimanche (JDD). Il faisait également trois jours avant, et là aussi pour la 4ème fois dans le même laps de temps, la couverture de Paris-Match. Un record dans un cas comme dans l’autre. Point commun aux deux publications ? Leur propriétaire bien-sûr, Arnaud Lagardère. Et toute relation d’affaire qu’il aurait pu y avoir entre le banquier désormais candidat Macron et le groupe Lagardère Active serait bien évidemment fortuite…

Ainsi, sans même remonter à sa mise sur orbite ministérielle et en se contentant de regarder son exposition à partir du moment où il a fait circuler son départ du gouvernement il y a six mois, M. Macron s’est affiché en Une de Paris-Match le 11 août 2016, le 1er septembre, le 24 novembre 2016 et le 9 février 2017. Le JDD lui réservait également sa première page le 4 septembre, puis 3 fois en 10 semaines, le 4 décembre 2016 ainsi que le 15 janvier et le 12 février 2017 ! Aucun autre personnage public ne peut soutenir un tel rythme. A titre de comparaison, même François Fillon, pourtant loin d’être ostracisé dans ces rédactions et au centre de toutes les attentions au cœur de l’hiver d’abord pour son succès à la primaire puis pour les casseroles qu’il traîne à ses basques, même François Fillon n’a donc eu droit qu’à une seule couverture principale de Match dans la période et est apparu trois fois en bandeau. Le signe sans doute aussi d’un changement de cheval…

Sans doute cette passion soudaine pour M. Macron de la part de ces journaux est-elle le reflet d’un engouement spontané de la part des masses pour l’ex-conseiller du Prince à l’Elysée. Sans doute en effet. Ou du moins presque sans doute. Car il faudrait être fort malveillant pour imaginer ne serait-ce que l’espace d’un instant qu’il puisse y avoir quelque lien que ce soit avec le rôle joué par M. Macron, alors secrétaire général adjoint à l’Elysée en charge des affaires économiques, dans le dépeçage de EADS en 2013 qui permit au groupe Lagardère d’empocher un jackpot à 2 milliards d’euros ( !) et au principal intéressé de se renflouer à hauteur d’une centaine de millions d’euros (re !), « une rémunération juste et légitime » (ter !) selon le groupe. Comme le décrivait à l’époque le journal Marianne, « en fait, la négociation n’a pas eu lieu avec le ministère, mais entre Marwan Lahoud, numéro 2 d’EADS, et le tandem Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint de l’Elysée et ex-banquier d’affaires chez Rothschild, accompagné de David Azéma, directeur de l’Agence des participations de l’Etat, haut fonctionnaire lui aussi passé par le privé, chez Vinci en l’occurrence. Un observateur de la négociation décrit leur attitude pendant le deal : « Ils ont été for-mi-dables ! Enfin des responsables qui gèrent les participations de l’Etat comme s’ils étaient un fonds de pension… » Il y a des compliments qui tuent ». De la même manière, le fait qu’il ait été conseiller du même Lagardère pour la vente de titres de presse du groupe ne saurait constituer, chacun l’entend, l’ébauche d’une connivence particulière.

Pas de mauvais esprit donc. Si M. Macron est à l’honneur des médias, et plus particulièrement de ceux du groupe Lagardère, c’est qu’il représente sans nul doute la nouveauté, le renouvellement, et la mise à distance de l’esprit de Caste qui lie les pouvoirs médiatico-politico-financiers en cette période où un si fort sentiment dégagiste anime les tréfonds de notre pays. La preuve : le JDD de ce dimanche titrait sur « L’argent de Macron »… Sauf que c’était pour mieux se livrer à un portrait « mystique » voire hagiographique de l’intéressé et mettre sur lui l’auréole de lumière dont certains escomptent tant de retombées sonnantes et trébuchantes.