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Les assistés - marchandises

Publie le mercredi 25 mai 2005 par Open-Publishing
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Alors que l’Etat - providence se caractérise par l’augmentation du nombre d’assistés sociaux, la société de consommation se caractérise par l’augmentation du nombre d’assistés - marchandises.
Aussi, lorsque les libéraux critiquent l’Etat - Providence, lui reprochant de positionner les gens en assistés sociaux, ils occultent une dimension autrement plus fondamentale de l’évolution des sociétés libérales qui conduit les gens à se laisser assister par les produits de consommation qui font le travail à leur place. Ces marchandises se substituent à l’individu pour rendre service ; ce sont autant de territoires délaissés par les gens et investis par la marchandise. Celle-ci recherche constamment des territoires pour en évincer l’humain sous couvert de liberté qui se résume alors à la "liberté de ne plus faire car la marchandise le fait à votre place".
Cette liberté de non-activité débouche sur la création de gens passifs, oisifs, assistés - marchandise. Cette perte de territoires qui faisaient la richesse du comportement humain le rapprochera de plus en plus du comportement animal minimaliste. Ainsi de la ruche dans laquelle la reine pond des œufs, reproduit l’espèce, à longueur de journée comme seule activité et se laisse assister par ses ouvrières ; le consommateur reproduit la marchandise en la consommant à longueur de journée comme seule activité ! L’humain excroissance de la marchandise qui se reproduit à travers lui. Lui qui se réduit avec le temps à peau de chagrin alors que la marchandise se diversifie, se développe sur tous les terrains laissés en friche par l’humain.
Même la jouissance comme activité est petit à petit prise en charge par la marchandise : la marchandise jouit à la place de l’humain. Ainsi, à la télévision, les émissions humoristiques dans lesquels les rires enregistrés jouissent à la place du spectateur passif. On peut imaginer une voix off qui répèterait les chutes risibles pour assister mentalement le spectateur, l’aider à situer où est la blague. La marchandise offre donc également la liberté de ne plus jouir car la marchandise le fait à votre place.
A terme, on peut imaginer un temps où le consommateur achètera les marchandises nécessaires à activer d’autres marchandises déjà possédées ou destinées à faire jouir d’autres marchandises déjà possédées. Ces marchandises existent déjà : se sont les animaux (chat, chien etc). La marchandise comme instance de consommation et l’individu comme relanceur de cette dynamique (de la même manière que l’enfant est instance de consommation et la maman simple instance support). L’individu devient instance - support qui relance une multitude d’instances - consommatrices qui dépendent de lui et dont le temps « d’activité » se résume et s’épuise dans cette relance (l’achat permanent et l’épuisement du pouvoir d’achat). A la rigueur, l’instance support ne consomme plus rien elle-même et son statut de support, elle l’obtient de par son pouvoir d’achat. Donc, le pouvoir d’achat s’épuise dans la démultiplication des marchandises auxquelles il donne accès, non pas pour le plaisir de celui qui achète mais pour le plaisir de marchandises déjà achetées.
_ On conçoit ainsi plus clairement l’évolution extrahumaine de l’acte d’achat dans la société de demain, le décentrement de la logique capitaliste de l’homme (la marchandise au service de l’homme) vers la marchandise (l’homme au service de la marchandise).
Alors que l’assisté social n’est pas redevable envers l’Etat (pas de contrepartie à l’assistance reçue), l’assisté - marchandise est redevable (la contrepartie est le prix). Aussi, l’assisté social est le centre de la logique alors que l’assisté - marchandise n’est pas le centre de la dynamique ; il en est un des rouages nécessaires, un passage obligé : la dynamique ne s’épuise pas en lui (but) ; elle ne fait que passer par lui (moyen).
Donc, en quelque sorte, l’entreprise évince l’Etat comme effecteur d’assistanat, comme source d’assistance. Arrivé à un point donné de son développement, le capitalisme rencontre l’Etat comme concurrent dans cette logique de l’assistanat et désire l’évincer pour occuper ce territoire. Il s’agit du territoire des services, source inépuisable de profit.

Poissonrouge

Messages

  • L’assisté de l’état providence n’est,peut-être pas, redevable envers l’état mais le consomateur est rendu obligatoirement dépendant au système par les proccesus du crédit qui entrave ,si il n’est pas réguler,la liberté d’action de notre sosciété et de ses éléments constitutifs.