Michele d’Auria : le "médecin des pauvres" réintégré

Le Conseil national de l’Ordre des médecins a déjugé mardi son instance régionale qui avait refusé de revenir sur la radiation de Michele d’Auria, médecin d’Emmaüs, recherché en Italie pour participation à des attaques à main armée qu’il nie.

« Nous vous confions notre confrère et ami, en voulant croire que vous pourrez lui administrer le seul traitement efficace contre le syndrome dont il gravement atteint : l’arrêt des persécutions et l’autorisation d’exercer son métier », écrivait lundi Médecins du monde, Aide médicale internationale et Médecins sans frontières dans une lettre ouverte au Conseil national de l’ordre des médecins à la veille de l’examen d’un appel contre la radiation du médecin d’Emmaüs, Michele d’Auria. Mardi, leur appel a été entendu.

Le « médecin des pauvres » vient en effet de retrouver son titre après 54 jours de grève de la faim, sous perfusion mais sans nourriture. A MDM, « on est ravi », commente Frédérique Drogoul qui « confirme la nouvelle : il peut se réinscrire à l’ordre et donc exercer ».

Celui qui a exercé auprès des plus démunis et fut le médecin personnel de l’Abbé Pierre a appris la nouvelle depuis l’hôpital Saint-Louis, où il est alité. Le soutien sans relâche du vieil abbé, qui a décidé de jeûner lundi et mardi pour protester contre sa radiation aura pesé dans la décision rendue mardi par le Conseil national de l’ordre des médecins.

C’est sa fausse identité qui a valu tous ses déboires à Michele d’Auria. Recherché par l’Italie pour des hold-up dans les années 80, dont il se dit innocent - à l’époque il était médecin en Afrique du sud et en Turquie, ses visas en attestent - il se cachait sous un nom d’emprunt pour exercer : Antonio Canino. Malgré son dévouement exemplaire, l’Ordre refusait jusqu’alors de lui pardonner cette imposture. En découvrant ce fait, l’Ordre des médecins a déposé une plainte contre lui pour exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux et prononcé sa radiation en 2003.

« L’Ordre des médecins, il faut qu’il se corrige en inscrivant le docteur d’Auria au tableau de l’Ordre ou qu’il disparaisse », a lancé il y a quelques jours l’abbé Pierre lors d’une conférence de presse. Même Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, était intervenu en sa faveur. La semaine dernière, pourtant, le Conseil régional de l’ordre des médecins d’Ile-de-France avait confirmé la radiation de Michele d’Auria. Ce dernier a été déjugé, mardi, par le Conseil national qui a décidé de le réinscrire.

Par L.B.

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