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Mouvement critique du sport

Publie le vendredi 1er juillet 2005 par Open-Publishing
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JO : NON à la candidature de Paris 2012
Non, le consensus n’est pas total

Le sport en général et les jeux Olympiques en particulier mobilisent des millions de personnes de par le monde, sature notre espace et notre temps comme aucune autre activité, mais ils échappent plus facilement à l’analyse qu’à la censure. Ce qui apparaît possible dans d’autres domaines à savoir le démantèlement du consensus, ne l’est pas en sport : le miroir ne se brise pas.

Le mouvement sportif, les hommes politiques et la presse rechignent aux joutes intellectuelles sur cette institution et sur son idéologie. Or, le sport n’est pas un jeu mais une vision du monde.

Notre devoir est de dire explicitement ce qui a besoin d’être tû. Il faut défricher les lieux communs de l’idéologie sportive, désenchanter le monde olympique en critiquant ses dogmes, ses illusions, et détruire le mythe de l’idéal sportif.

Nous savons bien que les masses, largement conditionnées, sont majoritairement du côté des préjugés et des passions. Mais d’une part, la valeur d’une opinion ne dépend pas du nombre d’individus qui la partagent, et d’autre part, majoritairement ne signifie pas unanimement. La propagande olympique étouffe les voix discordantes et réduit au silence ceux qui ne croient pas aux « miracles olympiques » de 2012.

Le clivage est tel entre les idéaux proclamés et l’Olympisme réel, ses intérêts économiques, ses interventions politiques et ses valeurs idéologiques, qu’il faut une bonne dose de cynisme pour affirmer la valeur de l’humanisme olympique.

Qui peut croire un instant que le mouvement olympique contribue à construire un monde meilleur et plus pacifique ?

Qui peut croire au rapprochement des peuples lorsque les Jeux exacerbent les affrontements entre prestiges nationaux ? La course aux médailles menée dans les laboratoires d’entraînement - avec au bout du compte le décompte de médailles présentées comme autant de bulletins de victoires - masque les dégâts de l’entraînement intensif et précoce et du dopage physique et mental.

Qui peut croire à l’apolitisme olympique alors que les Jeux et le sport en général sont toujours du côté de l’ordre établi ? Est-ce donc neutre d’aller « jouer » à Pékin en 2008 comme on a joué en 1936 à Berlin ou en 1980 à Moscou ?

Est-il sérieux d’évoquer la fête et la culture alors que les Jeux Olympiques ne sont que de vastes foires commerciales ? Qui peut penser aujourd’hui, à l’heure de la régression sociale, qu’une telle organisation va produire des « retombées en or massif » voire stopper le déclin de la France et réduire le chômage ?

Quel sera le coût financier, social, et écologique de la manifestation ? Qui financera ? Quels équipements construira-t-on et pour qui ? Bref, à qui serviront réellement les Jeux Olympiques ? Le club des entreprises le sait...

Peut-on enfin dénoncer la conquête des âmes, l’adhésion aveugle, l’intolérance des mobilisations partisanes, les identifications collectives mythiques ? Etre lucide c’est s’inquiéter de cette mobilisation sportivo-politico-économico- télévisuelle, de cette propagande et de cette chloroformisation des consciences. Machine à extases et à émotions, sphère de croyances, l’Olympisme est, on le voit dès maintenant avec le projet parisien, un système de manipulation de l’opinion publique.
Le mythe olympique ne se réclame d’aucune autre légitimité que celle de sa simple affirmation. Or, le sport n’est pas une sphère à part, une zone de neutralité mais une institution sociale complexe imbriquée dans les rouages de la société globale totalement asservi aux mécanismes économiques, politiques et idéologiques qui régissent la machinerie sociale. Il faut donc explorer l’imaginaire olympique qui est aussi un imaginaire politique.

Pour ces raisons et pour bien d’autres, Le Mouvement Critique du Sport appelle à dire NON à l’organisation des Jeux Olympiques de 2012 à Paris.

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