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Les dockers manifestent contre la libéralisation

Publie le lundi 16 janvier 2006 par Open-Publishing

Des milliers de dockers ont manifesté à Strasbourg contre un projet de directive européenne sur la libéralisation des services portuaires maritimes dont les eurodéputés débattent cette semaine.

La Fédération européenne des travailleurs des transports avait lancé un mot d’ordre de grève aux 50.000 dockers qui travaillent dans les ports de l’Union européenne.

Les dockers d’Anvers, en Belgique, ont cessé le travail pour 24 heures bloquant l’activité du port, le deuxième d’Europe en volume. A Rotterdam, environ 600 dockers avaient prévu d’observer un arrêt de travail de quatre heures.

La grève s’étendait jusqu’en Suède où un arrêt de travail de trois heures a été observé.

En France, le port de Dunkerque a été fortement perturbé. Sur la côte atlantique, les activités du port de La Pallice/La Rochelle devraient être affectées pendant 48 heures. Des perturbations étaient aussi attendues à Nantes et à Bordeaux.

Le point le plus controversé du projet de directive concerne "l’auto-assistance", à savoir la possibilité donnée à un navire de faire appel à son personnel de bord pour assurer les services à quai.

Les syndicats de dockers y voient un risque de "dumping social", de nombreux navires employant un personnel non européen et faiblement rémunéré.

"Cette directive remet en cause toutes les règles de fonctionnement des ports (...). C’est un dumping social effréné, un libéralisme pur et dur. On prend qui on veut et on lui fait faire ce que l’on veut, sans aucune règle", a déclaré Franck Gonsse, secrétaire général de la chambre syndicale des ouvriers portuaires de Dunkerque et président de la coordination nationale des dockers.

A Strasbourg lors de la manifestation, Joël Duigou, délégué CGT au port de Brest, lui a fait écho : "Nos professions sont sur la corde car ils veulent supprimer les dockers et une partie des grutiers", a-t-il dit à Reuters.

Pour Michel Delebarre, député-maire socialiste de Dunkerque, "la directive ouvre les ports au libéralisme le plus absurde, un port ce n’est pas un libre service où l’on arrive avec son bateau et ses propres règles".

Michel Delebarre a écrit à Jacques Barrot, le commissaire européen chargé des Transports, pour dénoncer "l’absence d’étude d’impact des effets du projet en France" et ses "conséquences vraisemblablement graves (...) dans le domaine de la sécurité des biens et des personnes".

"C’est une mise en concurrence sauvage des salariés des ports, on est en pleine régression, on revient des années en arrière", tempête le député européen communiste et maire de Calais, Jacky Henin.

Il prévoit des risques "importants" en matière de sécurité quand des tâches difficiles et techniques seront assurées par des ouvriers sans qualification et sans formation.

Les dockers avaient déjà manifesté en novembre 2003 contre un précédent projet de directive sur le même sujet qui avait été finalement rejeté par les eurodéputés.

Le nouveau texte législatif, qui reprend l’essentiel des points contenus dans la première version, fera l’objet d’un débat mardi et d’un vote mercredi.

Il a peu de chances d’être adopté, la plupart des groupes politiques y étant opposés, à l’exception du PPE (Parti populaire européen, droite). STRASBOURG (Reuters)