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Sauver la planète : les bactéries à la rescousse

Publie le jeudi 6 avril 2006 par Open-Publishing

Eliminer les déchets, remplacer les hydrocarbures qui s’épuisent,
limiter la production des polluants, les bactéries peuvent sauver la planète
et la communauté scientifique étudie comment les y aider.

"Le rôle de l’infiniment petit dans la nature est infiniment grand" :
citant Louis Pasteur, Jean Weissenbach, directeur du Centre national de
séquençage à Evry, près de Paris, qui a établi la carte génétique de
l’homme, s’intéresse aujourd’hui à celle des micro-organismes vivants.

La bactérie, estime-t-il, est "la solution biotechnologique, économe en
énergie", à la disparition programmée des hydrocarbures et au recyclage
des déchets.

"Le monde bactérien est gigantesque et très important pour

l’environnement. Il doit permettre de mieux connaître les changements globaux qui
guettent le monde, dont le réchauffement du climat", insiste le
chercheur. "Il faut donc reconstituer le génome complet des bactéries. Le
génoscope entend y prendre une part majeure", a-t-il indiqué mercredi lors
d’une conférence de presse.

Les bactéries sont les plus anciennes formes de vie : leur apparition
remonte à 3,5 milliards d’années, soit 1 milliard d’années après celle de
la Terre. Elles sont partout, dans les sols et le corps humain, les
océans ou les canalisations et représentent près de la moitié de la
biomasse, presque à égalité avec la masse végétale.

Elles ont su s’adapter à toutes les températures, aux milieux acides et
salins et ont été "capables de coloniser un nombre considérable de
niches écologiques", souligne Jean Weissenbach.

Aujourd’hui, moins de 1% des bactéries existant dans le milieu naturel
sont
isolées et cultivées en laboratoire. La tâche est immense, car
l’arsenal de gènes bactériens développés au cours de l’évolution pourrait
atteindre les 10 milliards.

Le génoscope entend donc procéder à l’inventaire des espèces
bactériennes et des gènes présents dans ces bactéries, puis tenter de mieux
connaître les processus biochimiques de synthèse et de dégradation des
composés organiques. Le travail systématique sur Acinetobacter a ainsi
permis d’identifier et d’étudier la fonction de ses 3.200 gènes.

Une fois compris les paramètres à l’oeuvre, il deviendra possible de
développer des solutions biologiques aux problèmes d’environnement et au
profit de la chimie de synthèse, celle qui se passe des hydrocarbures.

Un programme en cours depuis 1999, Cloaqua Maxima - du nom du grand
égoût de Rome - s’intéresse ainsi aux boues de la station d’épuration des
eaux usées d’Evry afin d’obtenir un tableau exhaustif des
espèces
présentes et de mieux connaître les mécanismes et les acteurs de
l’épuration, explique Jean Weissenbach.

L’enjeu est aussi ici, dans le cadre d’un projet européen qui vise à
réduire la production des boues d’épuration sans compromettre
l’efficacité du traitement, de faire en sorte que ces boues "soient moins
nombreuses et moins dangereuses pour l’environnement".

"L’industrie chimique, surtout en France, a mis du temps à se
convaincre que la bioconversion sera cruciale dans les années à venir",
reconnaît Jean Weissenbach. "Mais aujourd’hui, elle essaie de s’approprier ces
cultures pour remplacer les hydrocarbures, dont le prix augmente et la
disponibilité diminue", ajoute le directeur du centre d’Evry, Pierre
Tambourin.

"Nous avons une mission d’évangélisation technologique", renchérit
Philippe Marlière, chercheur au Génoscope. Il cite l’avance des Etats-Unis
sur le séquençage des bactéries de
l’environnement financé par le
Département de l’Energie, qui espère ainsi, grâce aux bactéries, dépolluer
ses sols et produire du bio-hydrogène.

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