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Droits télé, le "facteur K" du calcio se débloque

Publie le mercredi 26 juillet 2006 par Open-Publishing

Les règles du foot à la télé changent : 1,5 milliards d’euros à redistribuer entre tous les clubs. Le procès d’appel au calcio démarre, on attend la sentence mardi.

de Daniele Vari traduit de l’italien par karl&rosa

1516 millions d’euros et des poussières. Les chiffres parlent, l’argent du calcio sur le petit écran suffirait à payer la dette d’une bonne partie des pays africains. Voila les chiffres, ainsi partagés entre des différents opérateurs télé : RAI, 135 millions d’euros pour la Champions League, 440 millions pour les Championnats du monde et 55 millions pour la Coupe Italia et la 2ème division. Total : 630 millions d’euros ; Mediaset, 270,5 millions pour la 1ère division et 98 millions pour la Champions League. Total : 368,5millions d’euros ; Sky, 362 millions pour la 1ère division, 105 millions pour la Champions League, 40 millions pour le Championnat du monde en Allemagne. Total : 507 millions d’euros ; La7, 11,7 millions d’euros pour la 1ère division.

On arrive ainsi au total de 1516 millions d’euros. Tout cela partagé entre le satellite, le digital terrestre, le numérique et Internet. Et c’est justement sur ces chiffres qu’on est en train de jouer le match de la négociation collective des droits télé. Avant-hier, le Conseil des Ministres a décidé que, à partir de l’année prochaine, la négociation de vente ne serait plus individuelle mais collective. La Ligue Calcio devra négocier au nom de tous les clubs. Donc, la négociation gérée individuellement par les équipes est finie. Les grands clubs ne pourront plus entamer des négociations privées avec RAI, Mediaset et Sky, mais ils devront se confier à la collégialité de la Ligue. Celle-ci distribuera dans un deuxième temps l’argent en partant d’un principe d’équité. En effet, 50% de la recette sera redistribuée à parts égales entre tous les clubs et les 50% restant seront distribués compte-tenu de la position au classement et du nombre de tifosi (le fameux bassin d’usagers) de chaque club.

Une situation qui favorisera certainement les clubs mineurs en les mettant dans une condition d’équilibre par rapport aux grandes équipes. De plus, les ventes aux enchères seront publiques et concerneront chacune une technique d’émission. Télévision, satellite, digital terrestre, Internet et vidéotéléphones, une vente aux enchères chacune. Les conséquences de cette décision seront un coup dur pour les équipes majeures (Juve, Milan et Inter) mais elles seront une bouffée d’oxygène pour les petits clubs qui pourront enfin aspirer à un championnat qui ne soit pas conditionné par le grand écart économique. Eh oui, parce que la « coupole » de Moggi aura bien faussé le championnat, mais le système des droits télé a bloqué toute aspiration de victoire pour les petites équipes, en représentant une espèce de « facteur K » du calcio.

C’est peut-être pourquoi Forza Italia, la succursale politique du Milan, est allée jusqu’à qualifier d’ « arrogant et anticonstitutionnel » le décret du Gouvernement : « Il est à la limite de l’inconstitutionnalité - a déclaré Giorgio Testori - Il est inacceptable que le Gouvernement prétende intervenir sur des contrats déjà opérationnels ». Une préoccupation légitime si nous considérons qu’au moins un tiers du bilan global de Milan, Juve et Inter provient des recettes des droits télé. Ils seront obligés maintenant de partager le gâteau avec une vingtaine d’équipes et 30-40 millions d’euros par an s’en iront comme des larmes - de vraies larmes - dans la pluie.

Ce qui est en train de se passer dans le foot italien, y compris les droits télé, est la conséquence directe du scandale du calcio. Et, à propos de calcio, dans la matinée d’hier le procès en appel, si attendu, a commencé. La Cour devra décider de confirmer ou de réduire les peines à la Juve, au Milan, à la Lazio et à la Fiorentina. Aussi bien la défense que l’accusation ont fait recours. Mais si le geste de Palazzi, qui représente l’accusation au procès, a plutôt semblé un acte dû, celui des défenseurs des clubs concernés est chargé d’espoirs. La Juve en particulier espère pouvoir rédimensionner la pénalisation en ne gardant que la rétrocession en 2ème division.

Le Milan aspire pour sa part à rentrer dans le groupe d’équipes qui iront en Champions League et Lazio et Fiorentina espèrent une réduction des points de pénalisation dans le prochain championnat de 2ème division où leurs équipes ont été « cantonnées ».

Mardi la Cour devrait prononcer la sentence définitive qui ne pourra pas ne pas nourrir de nouvelles polémiques qui nous tiendront compagnie pendant tout l’été.

http://www.liberazione.it/giornale/060723/archdef.asp