Avant le Forum social européen, les socialistes...

Avant le Forum social européen, les socialistes tentent de renouer avec les altermondialistes

LE MONDE | 20.10.03 | 13h47

Ils prônent la création d’une "ONU économique".

Même thème, mêmes invités. Six mois après les incidents qui l’avaient empêché, le 31 mai, en marge du G8 d’Evian, de tenir un forum sur le thème des "socialistes pour une autre mondialisation", le PS récidive. Il organise, le 6 novembre, une réunion au libellé identique, dans le gymnase Japy, à Paris, avec, cette fois encore, Susan George, vice-présidente d’Attac, Poul Nyrup Rasmussen, ancien premier ministre du Danemark, ou encore Mustapha Niasse, ancien premier ministre du Sénégal.

A l’approche du Forum social européen (FSE), qui se tiendra en Seine-Saint-Denis et à Paris du 12 au 15 novembre, le parti de François Hollande tente de reprendre pied dans le mouvement altermondialiste avec lequel il entretient des relations conflictuelles. Après l’épisode du G8 au printemps, il y a eu, en effet, le démontage de son stand par quelques manifestants lors du rassemblement "Larzac 2003", au mois d’août. Des souvenirs assez frais pour que le PS se soucie de la prochaine étape.

C’est pour préparer le rendez-vous du FSE que le bureau national doit adopter, le 21 octobre, un texte sur la mondialisation. Pour cette même raison, la fédération socialiste de Paris avait choisi de consacrer sa deuxième université d’automne, samedi 18 octobre, dans les locaux de l’Institut politique de Paris, à ce seul sujet. "Que veulent les altermondialistes ? Des règles, un partage, des solidarités... Ils sont parfois socialistes sans le savoir et certains répugnent à le reconnaître", a déclaré M. Hollande en clôture de toute une série d’ateliers. "Ils se demandent si leur mouvement ne suffit pas, ils se satisfont parfois d’un succès éphémère mais il faut qu’ils comprennent qu’il n’y a pas d’autre passage que le vote", a-t-il ajouté.

Le PS, qui se veut le "débouché politique" de tout mouvement social, redoute beaucoup l’abstention des électeurs de gauche, ou le vote à l’extrême gauche, que les manifestations altermondialistes, à ses yeux, véhiculent. "Plus l’idée du vote inutile se répand, plus le populisme et les extrêmes prospéreront", a souligné M. Hollande. Il a alors critiqué, sans les nommer, les partis d’extrême gauche : "On ne peut pas se dire les meilleurs combattants de la droite et ne rien faire le jour des élections."

Pour le premier secrétaire du PS, le parti "internationaliste de Jaurès et de Blum" ne saurait être écarté de la bataille. "Le capitalisme a toujours été mondialisé, il n’a jamais respecté les frontières",a-t-il expliqué, en combattant "l’idée que ce serait trop difficile aujourd’hui, que les forces de l’argent seraient trop puissantes pour nous".

"Porteur de la volonté d’un monde maîtrisé", le PS, a indiqué son chef de file, ne se satisfait pas des institutions internationales que sont l’ONU, le FMI, la Banque mondiale ou le G8, rebaptisé par M. Hollande "le directoire mondial". "Elles ont perdu, non leur sens, mais leur rôle, elles doivent être dépassées et remplacées par une "ONU économique" à laquelle serait rattachée l’OMC", a-t-il déclaré, en y ajoutant la création d’une "grande organisation mondiale de l’environnement".

L’Europe, a poursuivi M. Hollande, est le meilleur "contre-pouvoir" aux Etats-Unis. Mais "pour changer le monde", le mieux est encore "de changer le président des Etats-Unis", a-t-il lancé, en annonçant que son parti allait prendre "des contacts utiles"avec les démocrates américains.

Avant lui, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, qui finance pour un peu plus d’un million d’euros l’organisation du prochain FSE, a également insisté sur le rôle du PS : "Les actes gestionnaires, aaah ça fait social-démocrate... Mais vous connaissez des progrès sociaux - la retraite à 60 ans ou l’augmentation du pouvoir d’achat - sans actes gestionnaires ?" Des arguments que les socialistes ont l’intention de développer en multipliant les initiatives avant - et si possible - pendant le FSE.

Isabelle Mandraud

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