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LULA : Les Verts et l’extrême gauche sont déçus...

Publie le mardi 28 octobre 2003 par Open-Publishing

En France, les altermondialistes prennent leurs distances
Les Verts et l’extrême gauche sont déçus. Mais les socialistes observent avec intérêt l’expérience brésilienne.

Par Renaud D...LY

« Seuls ceux qui voient la politique en tout ou rien peuvent le considérer comme un traître. » Henri Weber, sénateur socialiste

L’icône n’est plus ce qu’elle était. Il y a un an, même si une frange de l’extrême gauche s’inquiétait que Lula fasse profil bas pour l’emporter, la quasi-totalité de la gauche française communiait pour célébrer sa nouvelle idole. Depuis, le culte de l’élu brésilien a perdu des fidèles : l’extrême gauche critique les reculs d’un chef d’Etat soucieux de ne pas fâcher le FMI, les Verts dénoncent ses choix en matière d’OGM et de politique énergétique, et les altermondialistes désespèrent de voir émerger une alternative à la « mondialisation libérale ». En fait, après avoir été perçu en France comme l’instrument de « ruptures » avec le libéralisme, Lula est devenu, au pouvoir, le symbole d’un « réformisme » tout juste social-démocrate. Résultat, lâché par les franges les plus radicales de la gauche hexagonale, l’ancien ouvrier trouve désormais ses meilleurs supporters parmi les socialistes.

Pas d’alternative. Ainsi, dans une note interne adressée aux membres du bureau d’Attac au lendemain d’une rencontre avec Lula, Jacques Nikonoff exhortait dès le 3 juin ses troupes à « prendre (leurs) distances ». « La victoire de Lula étant perçue, à tort ou à raison, comme la première victoire politique des altermondialistes, son succès ou son échec aura nécessairement des répercussions sur Attac. Or la politique économique et sociale de Lula, sous réserve d’inventaire, reprend les canons de la Banque mondiale et du FMI. Elle donne le sentiment qu’il n’existe aucune alternative à la mondialisation libérale », écrit le président d’Attac. Gêné aux entournures par la participation de « camarades » trotskistes du Parti des travailleurs (PT) au gouvernement brésilien, le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, dénonce, lui aussi « l’orientation libérale » de Lula. Et il déplore l’absence de « mobilisation sociale » pour peser dans un sens « anticapitaliste ».

Le désamour n’est pas tel au PS. En mal d’idées neuves, les socialistes rechignent à succomber au « social-libéralisme » du tandem Blair-Schröder. Et le reflux général enduré par la social-démocratie européenne depuis deux ans les conduit à garder un oeil intéressé sur l’expérience Lula.

Compromis. Signe de ces temps gestionnaires, après l’aile gauche du parti (le Nouveau Monde d’Emmanuelli et Mélenchon), c’est au sein de la direction que certains annexent la référence. « Lula est un social-démocrate qui cherche des compromis avec le pouvoir économique auquel il est confronté, analyse le sénateur fabiusien Henri Weber. Seuls ceux qui voient la politique en tout ou rien et professent l’idée fausse que si on ne change pas tout, on ne change rien, peuvent le considérer comme un traître. » Actuellement au Brésil pour le congrès de l’Internationale socialiste (IS), François Hollande et Laurent Fabius ne manquent pas une occasion de s’afficher aux côtés de Lula. Et si les dirigeants du PS mettent l’accent sur la spécificité sociale d’un pays sans grand rapport avec la France, la façon dont Lula se coltine les embarras du pouvoir n’est pas sans leur rappeler les affres traversées par Lionel Jospin. D’autant que, selon un élu, Lula, lui, n’a pas encore renoncé à « desserrer l’étau libéral ».

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