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"Dans quel monde et quelle société vivons-nous ?"

Publie le jeudi 27 septembre 2007 par Open-Publishing

Réunion à l’initiative du Comite de la Gauche Populaire de Nîmes-centre.
(Les participants aux activités de notre comité se sont rencontrés dans le collectif de la gauche antilibérale. Suite à l’échec de la candidature commune, nous avons fait le choix de poursuivre notre activité de recherche du rassemblement antilibéral en faisant la campagne de Marie George Buffet. Composé de communistes, de syndicalistes, de simples citoyens, il comprend des membres et des non membres du PCF). A l’occasion du congrès extraordinaire du PCF nous avons fait le choix de débattre ensemble des questions posées aux membres du PCF, mais, comme nous le pensons, aussi à tous ceux que l’avenir de la Gauche, du communisme ou de la transformation sociale intéresse.)

Compte rendu de la réunion du 13 septembre 2007 au Prolé à Nîmes
22 présents et 7 excusés

Nous avions décidé de discuter à propos de la question :

"Dans quel monde et quelle société vivons-nous ?"

A - Une des questions principales dans ce cadre étant "le capitalisme, aujourd’hui, a-t-il changé ?"

Cette question est importante dans la mesure où il semble indispensable, pour lutter efficacement, de désigner clairement les formes sociales de production et d’échanges.

D’un côté, le capitalisme en tant que mode de production paraît ne plus avoir pour objectif de produire des biens, mais de seulement rechercher le profit financier, une course sans fin et qui s’accélère où seul compte l’argent pour l’argent. En effet les salariés ont à faire face à des problèmes, que la conscience immédiate sépare les uns des autres, comme le pouvoir d’achat, l’insécurité, etc., dont les rapports ne paraissent pas évidents. D’où le besoin d’identifier clairement les causes pour les combattre, pour résister mais en sachant contre quoi, pour faire des choix concrets.

D’un autre côté, dans la dernière période, on a beaucoup parlé de libéralisme (néo/ultralibéralisme) et d’antilibéralisme, il est donc important de rappeler que le libéralisme est une conception philosophique, une politique, qui énonce que le marché, dès lors qu’il est libre et non faussé, permet de produire de manière optimale (économie des ressources) et de distribuer de manière juste les produits. Cette conception n’est pas strictement liée au mode de production capitaliste qui, l’histoire l’a montré, s’accommode sans difficulté d’un marché libre comme d’un marché sous contraintes ou de politiques autoritaires voire dictatoriales.

Nous avons tenté de qualifier le capitalisme d’aujourd’hui, dans l’idée que peut-être il a changé par rapport à ses origines ou même à celui du siècle dernier, bien qu’il soit toujours le moyen d’exploiter la plus-value de toutes les façons, parfois et historiquement les plus violentes (esclavage, guerres, colonialisme, maffias). Nous avons ainsi balayé un certain nombre d’adjectifs : financier, mondialisé, spéculatif, pour constater que s’il est plus financier qu’avant, plus mondialisé du fait de l’évolution des techniques, plus spéculatif que dans ses origines, il était déjà financier, mondialisé et spéculatif aux 19e et 20e siècle !

La lutte des classes perdure, même si pour certains elle est "embrouillée". Le capitalisme, mode de production dominant mondialement, devient "l’état naturel" de l’organisation de la production et ceux qui s’y opposent apparaissent comme des archaïques, nostalgiques d’un âge d’or ou des rêveurs, généreux, certes… D’un côté, pas de débats sur le fond dans les entreprises et de l’autre une aristocratie de l’argent qui ne se trompe pas et manifeste sa cohésion de classe en toutes occasions (rappel : 1 % des actionnaires possèdent 50 % du capital en actions en France).

Dans les services publics (hôpitaux par exemple), les personnels sont épuisés et démobilisés, ils n’ont cependant pas conscience d’être devenus des variables d’ajustement dans les grands équilibres financiers entre l’état, la sécurité sociale, les labos pharmaceutiques et les grands actionnaires des entreprises de construction d’hôpitaux, de matériel médical, etc., qui profitent de la sécu. Certains se contentent de l’action sur les effets et non sur les causes des divers problèmes sociaux rencontrés, faute de mieux en l’absence du rapport de forces défavorable ?

Comment tenir compte de cette couche de salariés actionnaires (ceux qui en arrivant au travail se précipitent sur le cours des actions de leur entreprise !), par distribution gratuite d’actions qui fait entrer les salariés dans la logique du capital : moins vous serez nombreux, plus vous serez payés ou, plus productifs, vous permettrez de supprimer des emplois et d’augmenter les dividendes de ceux qui resteront ! Parallèle entre la démarche patronale à France Télécom qui conditionne le cadeau des actions à la suppression de 11.000 postes en 2007-2008 ou de Sarkozy disant qu’il veut moins de fonctionnaires, mieux payés ! Or, l’analyse du capitalisme montre que c’est le travail-extra (heures supplémentaires payées ou non) qui permet d’avoir la meilleure extorsion de la plus-value.

Le capitalisme développé donne le pouvoir aux actionnaires sans contre-pouvoir aux dirigeants et aux salariés, il pousse à la sous-traitance généralisée en cascade : les risques sont éloignés des actionnaires et assumés par ceux qui collectent la plus-value au profit du sous-traitant de rang supérieur. L’ensemble s’accompagne d’une non reconnaissance des qualifications (voire de leur perte) et d’une généralisation du flux tendu qui supprime tous les stocks-tampons, provoquant en cas d’incident sur la chaîne globale de production des à-coups destructeurs de ressources. Pour que ces processus sans stocks fonctionnent, il faut que tout marche nuit et jour (suppression de l’interdiction du travail de nuit pour les femmes) et fonctionne tous les jours de la semaine (suppression du repos dominical), sans aucune interruption (obligation du service minimum ou interdiction de la grève "non prévue"). Logique et rationnel !

Mais il y a des ratés dans la sous-traitance généralisée : Mattel rappelle des millions de jouets mal fabriqués, pour s’apercevoir des mois plus tard que c’est un problème de conception (éclatement entre lieux de conception et de fabrication qui distend les circuits de validation), Well qui réembauche au Vigan pour rattraper la mauvaise qualité des productions sous-traitées.

Ainsi la recherche et l’accumulation du profit sont les seuls buts du capitalisme, il devient de plus en plus clair qu’il ne se soucie plus de la satisfaction des besoins sociaux, seuls ceux qui sont "solvables", "marchandisables", l’intéressent.

L’importance des dominations, discriminations et des aliénations ne doit pas être oubliée dans le cadre de la description de la société. D’un côté on peut imaginer que le capitalisme étant aboli, certaines d’entre elles ne disparaîtront pas du même coup et d’un autre côté il est clair que le capitalisme les aggrave et s’en sert pour exploiter davantage. Les mouvements qui s’en préoccupent et qui luttent contre elles sont importants puisqu’ils font avancer ces questions et font évoluer la société (lutte contre l’homophobie, lutte pour l’égalité hommes-femmes par exemple) mais le capitalisme freine les avancées possibles (écarts entre les salaires des hommes et des femmes) et se sert tant qu’il le peut de toutes les différences exploitables (étranger, couleur de peau, opinion, religion…) malgré les lois.

B - Quel changement de société ? Possible ou non ?
L’autre question que nous avons débattue est celle du changement de société. Dans les discussions autour de nous, il apparaît que beaucoup, une majorité d’après les sondages, ne trouvent pas satisfaisante la société actuelle et voudraient changer son mode de fonctionnement, mais en même temps, ils considèrent que ce n’est pas possible. Le capitalisme apparaît ainsi sans contre proposition, sans qu’il existe une autre modalité de fonctionnement économique crédible. Cependant le développement contradictoire du capitalisme ouvre des espaces par le biais des techniques qui n’étaient pas accessibles antérieurement. Il nous faut les repérer et les utiliser plus largement : le communisme comme processus nous impose de découvrir le neuf (toutes les activités collectives de partage dans des domaines nouveaux, logiciels libres, constitution de banques de connaissances gratuites, activités de coopérations diverses dans tous les domaines, etc.). Ce neuf est présent aujourd’hui dans la société et doit être développé pour remplacer les formes de l’exploitation capitaliste.

A ce propos la compréhension du concept dialectique de dépassement des contradictions du capitalisme ou de la société de classes doit être approfondie. Dans les débats, certains n’en comprennent le sens que comme un recul devant la nécessité d’abolir le capitalisme… ce qui n’est, bien entendu, pas la signification exacte de dépassement qui signifie au contraire résolution de la contradiction par l’abolition du "vieux" et développement du "neuf".
Dans cette bataille pour soutenir le neuf, nous rencontrons le détournement, par la droite, du sens de mots comme durable, équitable, rupture : comment contrer l’idéologie dominante brouillant les significations pour tous ceux qui sont au fond peu informés (malgré la surinformation) que ce soit dans l’entreprise ou dans le monde (cf. le dernier film de Michael Moore qui présente une découverte naïve du fonctionnement de la société française, incroyable pour lui et jamais expliqué aux USA...).

Le capitalisme s’adapte et résiste aux tentatives de changement pour continuer la privatisation des bénéfices et la collectivisation des pertes, cf. le dernier épisode boursier où la BCE et les autres grandes banques nationales ont injecté, en quelques jours, l’équivalent du budget de la France en crédits aux banques privées et donc aux spéculateurs ! Alors que soi-disant il n’y a pas de fonds pour relancer les investissements en Europe, investissements que nous devons faire dans tous les domaines pour économiser de l’énergie et changer notre mode de consommation. Par exemple, la France importe quasiment tous les matériaux de construction nécessaires à la mise aux normes environnementales de l’habitat.

Le capitalisme a apporté une plus grande possibilité de consommation aux salariés, ce que souvent ils craignent de perdre si "on change". Les autres dimensions du progrès social paraissent un donné irréversible (sécu, retraites…) ou bien ne sont pas perçues comme positives (solidarité au lieu de charité, mutualisme au lieu d’individualisme, etc.). En même temps, le capitalisme utilise la distribution gratuite d’actions pour insérer les salariés plus étroitement dans le système. Il nous faut apporter des explications… Mais à cause des délocalisations, il faut donner des réponses qui ne soient pas formulées qu’en termes nationaux : intégrer l’Europe et le niveau mondial.

Ainsi, si nous ne pensons plus en termes de révolution (qui change tout du jour au lendemain), comment agir efficacement pour une véritable avancée du processus communiste ? Sachant que nous ne souhaitons pas nous contenter de limiter les effets négatifs du capitalisme développé par une politique néolibérale. Comment agir sur le neuf aujourd’hui pour rendre crédible qu’il est possible de produire autrement et de sortir de l’exploitation capitaliste qui gaspille sans limite les ressources au profit de quelques uns ?

Nous considérons que l’attitude des capitalistes dans notre pays a changé face aux services publics dont ils se sont accommodés jusque dans les années 1980 et qui ont été défendus par des luttes syndicales principalement. Or actuellement les capitalistes ne veulent plus des services publics (cf. l’attaque généralisée et systématique de la Commission européenne, à peine freinée en France) car ils considèrent que ce sont des poches de profit insuffisamment exploitées par eux. La lutte contre la casse des services publics n’est plus une lutte syndicale, c’est une lutte politique de grande ampleur : les services publics sont, surtout en France, la mise en commun de moyens de production et d’échanges. A ce titre, ils font partie du neuf à développer dans le processus communiste et nous nous en apercevons bien tardivement (depuis 1943…) au moment où ils sont très affaiblis et quasiment en voie de disparition.

Prochaine réunion sur :
Le communisme ! Quel avenir ? Quel projet ? Quelle construction politique ?
Jeudi 18 octobre à 18h30 au Prolé (20 rue Jean Reboul à Nîmes)

Rappel des prochains rendez-vous militants à Nîmes :
o Réunion publique au Prolé vendredi 28/9/07 à 18h contre les franchises médicales.
o Manifestation toujours contre les franchises médicales, samedi 29/9 à 15 place de l’Horloge
o Assises de la gauche pour municipalité : le 2/10 au Café Le Palace.
o Congrès de l’association El Djazair le 6/10 à Montpellier
o Amis de l’Huma :. 1907 – 2007 LA REVOLTE VITICOLE DU LANGUEDOC Samedi 6 octobre 2007 Mas de Thoras Aimargues
o Conférence des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sur "L’aristocratie de l’argent" le 9/10 à 20h30 salle du Conseil Général.

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