Accueil > La CFDT se dit "contrainte" de renégocier la convention Unedic

La CFDT se dit "contrainte" de renégocier la convention Unedic

Publie le dimanche 18 avril 2004 par Open-Publishing

Denis Gautier-Sauvagnac (Medef), le président du régime, prévient que la
situation des chômeurs risque d’être modifiée, mais "pas dans le bon sens"

Les partenaires sociaux pourraient renégocier la convention
d’assurance-chômage, après le jugement du tribunal de grande instance (TGI)
de Marseille condamnant l’Unedic et l’Assedic Alpes-Provence à réintégrer
35 chômeurs dans leurs droits (Le Monde du 16 avril). Dans un entretien à
France Soir, publié samedi 17 avril, Michel Jalmain, secrétaire confédéral
de la CFDT, annonce que son organisation qui préside le régime en
alternance avec le Medef demandera "très probablement" l’ouverture de
négociations.

Dans un premier temps, l’assurance-chômage doit faire, d’ici à une dizaine
de jours, "des évaluations sur les conséquences financières" de ce jugement
de Marseille "selon plusieurs scénarios possibles", indique M. Jalmain, qui
est aussi vice-président de l’Unedic. Puis elle transmettra ses conclusions
aux syndicats et aux organisations patronales qui cogèrent le régime depuis
sa création, en 1958. Son déficit cumulé atteindra 7 milliards d’euros fin
2004. Or, si tous les chômeurs concernés par la réduction des durées
d’indemnisation liée à la révision de la convention Unedic assignaient leur
Assedic en justice et obtenaient gain de cause, cet organisme verrait son
déficit s’alourdir encore de 1,5 à 2 milliards d’euros, prévient M. Jalmain.
"Cela veut dire que l’assurance-chômage ne pourra pas survivre",
prévient-il. C’est la raison pour laquelle la CFDT se dit "contrainte" de
réclamer une nouvelle négociation du dispositif.

"EXTRÊMEMENT MINCES"

Les chances de parvenir à un accord sont, cependant, "extrêmement minces",
explique le vice-président de l’Unedic : "D’un côté, la CGT refuse de
s’engager tout en dénonçant systématiquement les accords et, de l’autre, le
patronat cherche des arguments pour remettre en cause l’assurance-chômage."
Dès jeudi, François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, avait jugé
que, si la décision du tribunal de Marseille constituait "une bonne
nouvelle" pour les chômeurs, c’était "une catastrophe" pour l’Unedic, qui
risque de connaître "des difficultés financières énormes".

L’argument est également avancé par Denis Gautier-Sauvagnac (Medef). Le
président du régime d’assurance-chômage a annoncé, vendredi, sur Europe 1,
une réunion du bureau de l’Unedic "dans les prochains jours". Il souligne
que "remettre en cause tout le système"de la convention de décembre 2002,
signée par le patronat et par trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC), n’est
"dans l’intérêt de personne". Ni des salariés, ni des employeurs, ni des
chômeurs indemnisés, "dont le régime risque d’être modifié, et pas dans le
bon sens", prévient-il.

L’histoire semble se répéter. En 1982, les partenaires sociaux n’étaient pas
parvenus à s’entendre sur le redressement des comptes de l’Unedic, en
quasi-faillite. Le patronat avait décidé de dénoncer la convention de 1979,
obligeant le ministre des affaires sociales, Pierre Bérégovoy, à relever
autoritairement les cotisations et à prendre, par décret, des mesures
d’économies qui avaient eu de lourdes conséquences sociales :
230 000 chômeurs avaient perdu leurs allocations. En 1984, le gouvernement
avait dû créer un régime financé par l’Etat et une nouvelle prestation,
l’allocation de solidarité spécifique, pour les chômeurs en fin de droits.