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Le SMS qui secoue la France (et la liberté de la presse)

Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

le matin (suisse) fait un bon bilan de cette "affaire française" dangereuse pour la liberté de la presse :
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SARKOZY - POLÉMIQUE

Le SMS qui secoue la France

Nicolas Sarkozy a porté plainte pénale contre « Le Nouvel Observateur » pour faux et usage de faux.

Le droit au bonheur

Carla Bruni : « Je suis son épouse jusqu’à la mort »

« Le Nouvel Observateur a-t-il eu raison de rendre public l’affaire du SMS de Sarkozy à son ex-épouse Cécilia ? »

Le président a-t-il voulu récupérer Cécilia ? L’Hexagone s’interroge. Et se ridiculise. Nicolas Sarkozy aurait envoyé un message à Cécilia avant d’épouser Carla. Comment un simple SMS de six mots est devenu une affaire d’Etat. Dans son édition d’aujourd’hui, "Le Nouvel Observateur" fait son mea culpa. Il déclare avoir "eu tort" de faire état sur son site internet d´un SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-femme, Cécilia.

Fabiano Citroni - 13/02/2008
Le Matin
8 commentaires

« Si tu reviens, j’annule tout. » Six mots. Pas un de plus. Mais six mots qui ébranlent et ridiculisent toute la République française. Depuis la publication par Le Nouvel Observateur du SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à Cécilia huit jours avant son mariage avec Carla, l’Hexagone se déchire autour de ce message. Et dérape.

Même Carla Bruni a gaffé lors de sa première interview accordée en tant que première dame de France. « A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu’en aurait-il été des dénonciations de juifs ? » demandait-elle hier dans L’Express. Riposte immédiate du codirecteur de la rédaction de l’hebdomadaire, Michel Labro, interrogé par le site Internet Rue89. « Je trouve cette déclaration parfaitement hallucinante et je trouve ça assez incroyable et pathétique. On ne joue pas avec ce genre d’informations. Dire cela, c’est injurieux, diffamatoire et parfaitement imbécile. » Violemment attaquée, Carla Bruni a sorti le drapeau blanc. « J’ai comparé, à tort, les méthodes employées dans les sites Internet avec celles employées par la presse collaborationniste. Si j’ai pu blesser quelqu’un, j’en suis extrêmement désolée. »
Affaire réglée ? Pas le moins du monde. Car Sarko est hyperremonté contre Le Nouvel Obs. Et ce n’est pas le seul. Plusieurs membres de l’équipe gouvernementale ont démoli l’hebdomadaire. Qui subit aussi des attaques de la profession. « L’envoi d’un SMS relève non seulement de la vie privée mais de l’intimité », s’insurge Elisabeth Lévy, chroniqueuse pour le site Internet Arrêt sur images. « Je ne veux pas savoir si le président a ou non envoyé un SMS à son ex-épouse. Les poubelles, que ce soit celles de l’Elysée ou celles d’un HLM, ça pue toujours. Mais nul n’est obligé de les fouiller. Dans les poubelles, on trouve parfois des faits. Rarement des informations. »

L’attaque est brutale. Mais celle portée devant la justice par le président Sarkozy pourrait faire beaucoup plus de dégâts. En déposant une plainte pénale pour « faux et usage de faux » contre le site Internet du Nouvel Observateur, il crée en effet un précédent. « Sarkozy a choisi la voie la plus dure alors qu’il aurait pu engager une plainte dans le civil, explique Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Portée devant le pénal, cette plainte fait qu’il devient possible de demander leurs sources aux journalistes. Il y a là une vraie contradiction puisque le président avait déclaré, le 8 janvier dans ses voeux à la presse, qu’il fallait protéger les sources des journalistes. »

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« Ce n’est pas une guerre contre les journalistes. Mais la réaction d’un homme qui refuse qu’on le piétine en toute impunité »

Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy

"Codirecteur de la rédaction du Nouvel Observateur, Guillaume Malaurie pense que la plainte correspond d’abord à une « stratégie politique. Alors que le président est dans un climat de fragilité énorme, il contre-attaque en s’en prenant à la presse. » « Faux », répond l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, interrogé par Le Parisien. « Ce n’est pas une guerre contre les journalistes. Mais la réaction d’un homme qui refuse qu’on le piétine en toute impunité. »

Cet homme, justement, qu’a-t-il à dire ? « Tous les gouvernements, toutes les majorités, tous les présidents connaissent des moments plus ou moins faciles, a confié mardi Nicolas Sarkozy au Monde . Les difficultés, il faut les affronter avec sang-froid et humilité et continuer à travailler. J’appelle chacun au plus grand sang-froid et au plus grand calme. » Croit-il une seule seconde qu’il sera écouté ?

Le mea culpa du "Nouvel Observateur"
L´hebdomadaire français "le Nouvel Observateur" fait son mea culpa. Il déclare avoir "eu tort" de faire état sur son site internet d´un SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-femme, Cécilia. Toutefois, "le Nouvel Observateur" dénonce en même temps la décision de M. Sarkozy d´attaquer au pénal. Il qualifie cette procédure de "brutale, inédite et formidablement inéquitable" car le président bénéficie d´une immunité pénale "et d´un pouvoir d´influence sur les procureurs".

M. Sarkozy a porté plainte pour "faux, usage de faux et recel" après "la parution le 6 février 2008 d´un article sous le titre : ´L´obsession de Cécilia´", selon l´avocat. Le site internet du "Nouvel Observateur" y affirmait que M. Sarkozy aurait envoyé à son ex-épouse huit jours avant son mariage avec Carla Bruni un SMS déclarant : "Si tu reviens, j´annule tout".

Le directeur du "Nouvel Observateur", Jean Daniel, estime dans l´édition à paraître ce jeudi que l´hebdomadaire a "eu tort" de faire état de ce SMS. Dans son éditorial intitulé "Une erreur ? Oui", Jean Daniel souligne cependant que le président a "jeté lui-même sa vie privée en pâture". "C´est là, disons-le, que nous avons eu tort", écrit-il. "Car c´est précisément parce qu´il faisait tout pour nous entraîner dans son univers qu´il ne fallait pas s´y laisser conduire", explique-t- il.

"La porte qu´il a ouverte en étalant sa vie privée, nous n´avions pas à la franchir", reconnaît-il. Il ajoute : "si j´avais eu l´information dont Airy Routier a disposé, je me serais empressé de m´en détourner".

Le rédacteur en chef Airy Routier, auteur de l´article sur le SMS, est passible de 3 ans de prison. Son magazine lui a renouvelé sa confiance.

« Juifs dénoncés ? »
« A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu’en aurait-il été des dénonciations de juifs ? »
Carla Bruni, épouse de Nicolas Sarkozy

« Des charognards »
« Ce qui me frappe, c’est l’extrême violence des attaques contre Nicolas Sarkozy. On a l’impression de voir des charognards qui ont aimé l’odeur de leur proie et qui fondent sur lui, qui s’acharnent. C’est une véritable chasse à l’homme. »
Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme

« Des ragots »
« Messieurs les journalistes, croyez-vous que quand on passe de l’information aux ragots touchant la vie privée des gens, on fait son métier d’informateur ? »
Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur

« Foutre la paix »
« Si vous me permettez l’expression, je ne suis pas sûr qu’on puisse l’utiliser dans la cour de l’Elysée, je pense qu’il faudrait foutre la paix au président et leur foutre la paix, à lui et à son épouse. »
Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé de l’Evaluation des politiques publiques

« Viol caractérisé »
« Il ne faut pas donner dans l’hypocrisie et même dans la tartufferie : afficher un texte de SMS aussi manifestement intime sur un site, cela relève du viol caractérisé de la vie privée. »
Alain Duhamel, éditorialiste

Airy Routier : « Je ne suis pas un charognard »

Journaliste chevronné au Nouvel Observateur, Airy Routier a été le premier à publier le SMS tant controversé, la semaine dernière, sur le site Internet de son journal.

Airy Routier, vos détracteurs estiment que ce SMS relève de la sphère privée. Votre réponse ?
Tout homme a droit à une vie privée sauf le chef de l’Etat. Tout ce qui le concerne appartient au domaine public.

Votre article a suscité un nombre incroyable de réactions. Comment l’expliquer ?
Tout ce qui se passe est vraiment déraisonnable. Quand je vois tous ces ministres qui montent au front, je me dis qu’il y a une offensive d’Etat globale contre moi.

Avez-vous peur ?
Peur, non. Mais je ne suis pas dans une position très confortable. C’est dur.

La secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade, vous présente comme un charognard. Votre réponse ?
Ce mot est mal choisi. Car être un charognard, c’est s’attaquer aux cadavres.

Vos confrères ne vous épargnent pas non plus...
Je prends ces attaques avec sang-froid. Dans ma profession, personne n’hésite à taper sur un confrère. Mais je vous rassure : j’ai aussi reçu beaucoup de marques de soutien.

Comment voyez-vous l’avenir ?
Si le pouvoir s’en prend vraiment à moi, il y aura un retournement en faveur de la liberté de la presse que j’incarne malgré moi.

Messages

  • Oui, et bien moi, même si je n’aime pas le Nouvel Obs, je soutiens le journaliste Airy Routier.

    (k)G.B.

    • Première Dame, première bourde
      BERNARD DELATTRE

      Mis en ligne le 14/02/2008

      Carla Bruni dérape dès sa première interview comme épouse de Nicolas Sarkozy.
      Le blog de notre correspondant à Paris
      CORRESPONDANT PERMANENT à PARIS
      Cela n’a pas tardé. Dix jours seulement après être devenue, début février, la nouvelle Première Dame de France, et dès sa première interview en cette qualité, publiée mercredi, Carla Bruni a dérapé.

      Dans un entretien à "L’Express", l’épouse du chef de l’Etat est revenue sur le fameux texto que, d’après "Le Nouvel Observateur", Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-épouse Cécilia peu avant son remariage, dans lequel il lui aurait proposé de l’annuler si elle revenait. "’Le Nouvel Observateur’ a fait son entrée dans la presse people", a constaté Carla Bruni. Et de s’interroger : "Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu’en aurait-il été des dénonciations de juifs ?"

      Ce parallèle établi entre les pratiques collaborationnistes d’une certaine presse sous l’Occupation et la publication du texto prêté à Nicolas Sarkozy - "une erreur", s’est excusé le directeur du magazine, Jean Daniel - , sitôt qu’il a été rendu public mardi soir, a laissé pantois le milieu journalistique. D’autant que la semaine dernière déjà, les médias avaient été traités de "charognards" par la secrétaire d’Etat Rama Yade


      Les coulisses de l’interview divulgués dans la soirée par le directeur de "L’Express" ont doublement avivé la polémique. Un : l’entretien et ses corrections ont été relus avec "minutie et soin" pendant cinq jours par l’intéressée. Il ne s’agit donc pas d’une étourderie de style lancée dans le feu d’une conversation mais d’un propos écrit, relu et validé. Deux : c’est Carla Bruni, et non son intervieweur, qui "a voulu absolument parler de la polémique du SMS". La tirade était donc préméditée.


      L’"Obs" l’a jugée "hallucinante, assez incroyable et pathétique", bref "parfaitement imbécile" : "Mobiliser ce qu’il y a de plus tragique dans l’histoire - le sort réservé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale - pour régler des comptes personnels est inqualifiable."

      Du coup, dans une "mise au point" publiée mercredi dès l’aube par "L’Express", Carla Bruni a présenté ses excuses pour avoir "comparé, à tort, les méthodes employées dans les sites Internet avec celles de la presse collaborationniste". "Si j’ai pu blesser quelqu’un, j’en suis extrêmement désolée. J’ai juste voulu dire tout le mal que je pense de ces attaques ad hominem qui dégradent l’information."

      Les politiques ne se sont pas précipités pour dénoncer son dérapage. Au contraire. Le porte-parole du gouvernement l’a implicitement justifié en accusant l’"Obs" d’avoir commis "un débordement vraiment inacceptable" en publiant le fameux texto présumé. Et le secrétaire d’Etat Eric Besson a conseillé à la presse de désormais "foutre la paix" au couple Sarkozy.

    • Oui, et bien moi, même si je n’aime pas le Nouvel Obs, je soutiens le journaliste Airy Routier.
      (k)G.B.

      Idem ! VPB.

  • tout ça va se dénouer quant les bombes thermonucléaires vont

    tomber sur Téhéran ,belle diversion n’est ce pas ?

    • je trouve que parler du viol de la vie privée de sarko n’est rien à coté du viol de nos droits qu’ils nous a fait subir avec le mini traité .
      A violeur , violeur et demi !!!

    • Depuis le début, je dis que le journaliste a parfaitement fait son travail ! sarko, une partie de la presse et maintenant avec sa moitié, nous racontent une histoire par jour !

      Coup de foudre , bla bla etc..... le sms démontre que c’est du pipeau , c’est donc un acte de résistance , face à des mensonges continuels d’État ! Imaginez que grâce à ce genre d’initiative au état-unis la guerre en Irak fut évitée , décoré le journaliste 20 ans après, film , bouquin, un héros qu’il devient !

      En 1940, on dénonçait le petit peuple, les commerçants, les faibles , ce journaliste à coincé un puissant , un dirigeant, il ne faut pas retourner la charge de la preuve, pendant la guerre ce journaliste aurait surement sauvé des juifs ou il serait mort, très vite via la police de Petain !

      Boris