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Métrobus censure L’affiche de Courrier "Vu de Madrid, Sarkozy ce grand malade"

Publie le vendredi 22 février 2008 par Open-Publishing
12 commentaires

Métrobus censure une affiche de Courrier sur Sarkozy
Par David Servenay (Rue89) 20H06 21/02/2008

La régie publicitaire de la RATP refuse à l’hebdomadaire une affiche où il est écrit : "Vu de Madrid, Sarkozy ce grand malade".

Confirmation d’un drôle de climat : Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, a décidé de censurer une affiche de l’hebdomadaire Courrier International. Image obscène ? Trop violente ? Non. Un simple titre de journal sur Nicolas Sarkozy, signé de nos confrères espagnols d’El Pais qui, une fois traduit, a provoqué des sueurs froides chez les dirigeants de la régie autonome : "Vu de Madrid, Sarkozy ce grand malade".

Titre original : "Sarkozy, c’est fini", en français dans le texte...

Depuis quelques semaines, chez Courrier, les guetteurs de la presse internationale sentent le vent tourner autour de la popularité du président de la République. Articles de plus en plus critiques, éditos cinglants, chroniques assassines : à l’image de sa chute dans les sondages, la cote européenne de Nicolas Sarkozy s’effondre à longueur de colonnes.

Pour marquer le coup, l’hebdomadaire décide de publier, dans le numéro sorti ce jeudi, quatre articles particulièrement durs, dont celui de Lluis Bassets, directeur adjoint de la rédaction d’El Pais. Une plume acérée et respectée qui, le 14 février dernier, autour du titre "Sarkozy, c’est fini" (en français), brosse le portrait d’un chef d’Etat malade. Malade de quoi ? De son "ego hypertrophié", explique le journaliste, inscrivant le nouvel élu dans la longue lignée des pathologies présidentielles de la Ve République :

"L’infirmité dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle affecte cet organe vital qu’est l’ego, et qui souffre d’une hypertrophie probablement irréversible."

Comme d’habitude, la rédaction de Courrier s’est creusée les méninges pour trouver un titre adéquat, toujours différent du titre original de l’article. Après réflexion, cela donne :

"Sarkozy, ce grand malade"

Vu la qualité du papier et de son auteur, le titre se transforme en appel de Une :

"Vu de Madrid : Sarkozy, ce grand malade"

Deux versions de la même affiche, finalement refusée par Métrobus

Comme souvent dans l’année, Courrier International accompagne sa sortie d’une campagne d’affichage sur les bus et dans le métro. Le projet d’affiche arrive entre les mains de Métrobus, régie publicitaire de la RATP, plusieurs jours avant diffusion. Le premier projet présenté est le suivant :

Refus de Métrobus, qui demande une modification de l’affiche. Etonnement de Courrier International, qui, dans un esprit de compromis, propose une deuxième version :

Nouveau refus de Métrobus, qui n’avance pas de raison précise. Serait-ce l’effet Ryanair, affaire dans laquelle les avocats de Nicolas Sarkozy ont obtenu devant les tribunaux réparation pour une atteinte au droit à l’image ? Ou l’effet SMS, après la plainte pour "faux et usage" déposée contre le Nouvel Observateur ?

Il existe un autre précédent à cette histoire, raconté par Libération. En septembre 2006, lorsque Nicolas Sarkozy n’était que candidat. Dans le rôle de l’offenseur, Télérama, qui voulait utiliser le message ironique d’un lecteur. Refus de Métrobus.

En conclusion de son article, Lluis Bassets, n’hésitait pas à dresser un parallèle inquiétant sur les moeurs publiques du beau royaume de France :

"Mais là, ce qu’il a obtenu déprime à nouveau beaucoup de Français : il a mis la République à la hauteur de la Principauté de Monaco."

La direction de Métrobus, qui compte le groupe Decaux et le groupe Publicis parmi ses principaux actionnaires, n’a pas répondu à notre demande de réaction.

* censure
* Presse
* Sarkozy

-http://www.rue89.com/2008/02/21/met...

Messages

  • ESTOCADE • Sarkozy, ce grand malade

    Pour le directeur adjoint d’El País, le président français “se vautre dans l’exhibitionnisme” et “rabaisse la République au niveau de Monaco”. Une charge violente contre un Sarkozy atteint d’une “incurable hypertrophie de l’ego”.

    Les Français ont un problème. Ils croyaient avoir un superprésident, un hyper­dirigeant capable de les sortir de la dépression et de la décadence, et voilà qu’ils ont écopé d’un président comme ils en ont déjà connu beaucoup d’autres : à savoir malade, limité, qu’il faut dorloter et protéger tout en s’organisant pour que la France tourne et que le gouvernement et les institutions fassent leur devoir. La situation n’a rien d’inédit : Pompidou et Mitterrand étaient déjà des présidents malades et diminués. Le premier est même mort avant la fin de son mandat. Quant à Chirac, il fut un obstacle paralysant pendant une bonne partie de sa présidence. La maladie dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle touche un organe vital s’il en est : l’ego. Celui du président est d’évidence atteint d’une hypertrophie probablement incurable.
    Plus on s’approche du 9 mars, date du premier tour des élections municipales, plus la nervosité des candidats du parti présidentiel augmente et plus on redoute les interventions de Sarkozy, susceptibles de faire perdre des voix à l’UMP. Le parti du chef de l’Etat est divisé à cause de tensions qu’il a lui-même créées. Le traitement qu’il a infligé en public aux uns et aux autres, y compris à certains de ses collaborateurs les plus proches, est digne du comportement d’un monarque bilieux et capricieux avec ses laquais. Même son actuelle impopularité est extravagante : elle ne s’explique pas par un train de réformes puisque ces dernières sont encore largement inappliquées. Elle s’explique uniquement par son comportement public.

    Un triomphe de sultan, seigneur en son sérail

    Le trône qu’occupe Nicolas Sarkozy a été imaginé par de Gaulle pour lui permettre d’être le troisième larron d’un monde bipolaire. Le président français voulait être un fier contrepoids occidental dans l’affrontement entre Washington et Moscou. Or Sarkozy, arrière-petit-fils libéral et proaméricain de De Gaulle (après le petit-fils, Chirac, et le fils, Pompidou), s’est installé sur le trône élyséen porté par son ambition personnelle et sa conception égotique de la présidence : il a par le fait encore accru les pouvoirs de la présidence. Et, une fois parvenu à ses fins, il s’est consacré à lui-même, comme un ado narcissique obnubilé par ses sentiments et ses plaisirs. Certes, le pouvoir peut en apporter beaucoup, mais la prudence conseille de ne pas trop en faire étalage. Sarkozy le téméraire fait tout le contraire et se vautre dans l’exhibitionnisme.
    C’est sur trois points précis qu’est venu se briser le personnage : l’économie, qui n’a pas enregistré la moindre amélioration depuis son arrivée ; son idéologie plus néocons, voire “théocons”, que gaulliste – en témoignent des prises de position sur la laïcité contraires à la culture de la République ; et sa vie privée, étalée dans les médias. En monarque thaumaturge qui par une simple imposition des mains devait augmenter le pouvoir d’achat, il a échoué au point de prononcer la formule maudite qui rompt les sortilèges : “Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?” En monarque philosophe, il a manifesté les plus fortes réserves vis-à-vis des traditions républicaines, en exprimant avec désinvolture son affinité intellectuelle avec le pape. Il n’a pleinement triomphé que dans le rôle de sultan, seigneur en son sérail, paré des atours qui passionnent un certain public – et manifestement aussi ses pairs. Le voilà fasciné par son propre pouvoir de séduction, son goût exquis et sa désinvolture. Mais ce triomphe-là a le don de déprimer beaucoup de Français car il rabaisse la République au niveau de la principauté de Monaco.
    Lluís Bassets
    El País

    lolita

  • Il y avait une chanson de Guy Bear qui disait "le premier qui dit la vérité,il doit etr executé".momo11

    • "El pais" c’est à peu près comme Libé et le Nouvel Obs. A gauche, ces torchons ?

      D’ailleurs pour trouver "un goût exquis" à Bling Bling faut vraiment remplir du papier avec du n’importe quoi !

      Histoire de pas parler d’autre chose : tous les Hortefeux et autres Devedjian qui vont peut-être lâcher leur clown s’il ne donne plus satisfaction...

      Mais ce sera pas pour faire la révolution !

    • A sa manière onctueuse, même Balladur fait part de ses réserves :

      " Nicolas Sarkozy a placé son action sous le signe de la rupture et du changement. Il n’a certainement nulle intention de changer de cap. Reste à adapter la méthode et le rythme. En premier lieu, un effort de cohérence est indispensable : les membres du gouvernement doivent se montrer plus solidaires, un terme doit être mis aux bavardages indiscrets qui nuisent à son image, le premier ministre a la compétence et l’autorité nécessaires pour l’imposer ; tous ceux qui ne sont ni des élus ni des membres du gouvernement doivent s’astreindre à une plus grande réserve, ne pas discourir de tout sans en avoir reçu mandat. Le Parlement doit être associé plus étroitement à la décision : le vote rapide de la réforme constitutionnelle le permettra.

      Enfin, il y a ce qui est propre à Nicolas Sarkozy lui-même : il est soucieux de franchise, de liberté, de vérité et de simplicité, il a raison. La modernisation de nos institutions est aussi à ce prix. Pour autant, la sincérité n’est pas exclusive d’une certaine sobriété, la rapidité de la décision n’interdit pas la concertation préalable. Il n’est pas non plus indispensable, pour mieux orienter les commentaires, de créer tous les jours un événement. Nicolas Sarkozy est trop avisé pour l’ignorer, il est perspicace et lucide, il saura infléchir son style, tout en conservant son originalité." (Le Monde, 22 février 2008)