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Sarkozy revient et annule tout (ah, bon ? ndlr)

Publie le jeudi 20 mars 2008 par Open-Publishing
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Sarkozy revient et annule tout
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 20/03/2008

Il retire sa plainte contre l’"Obs" dans l’affaire du SMS présumé à Cécilia. Et tire un trait à la fois sur la mauvaise séquence électorale et sur sa période "bling bling".

Le blog de notre correspondant à Paris
CORRESPONDANT PERMANENT à PARIS
D ésormais, l’affaire du faux SMS est close ; mon mari vient de retirer sa plainte." Nicolas Sarkozy a fait annoncer mercredi, via une tribune de son épouse Carla Bruni publiée dans "Le Monde" - grande première journalistique de la part d’une Première Dame -, que son différend avec le magazine "Le Nouvel Observateur" était clos. En février, il avait été le premier chef d’Etat français à porter plainte au pénal contre un média, en l’occurrence à poursuivre l’"Obs" pour faux, usage de faux et recel parce que, sur son site Internet, l’hebdo avait évoqué un texto que l’hôte de l’Elysée, peu avant son remariage, aurait rédigé et envoyé à son ex-épouse, Cécilia Ciganer, lui disant : "Si tu reviens, j’annule tout".

Avant de donner une leçon de déontologie aux journalistes, dont elle trouve le comportement à l’occasion "malhonnête et inquiétant", Carla Bruni a invoqué, pour justifier le retrait de la plainte présidentielle, les excuses que lui a envoyées le journaliste de l’"Obs", Airy Routier. Ce qui a irrité ce dernier et, paradoxalement, a relancé le débat. Le journaliste s’est dit "un peu choqué" par l’utilisation "inélégante" par l’Elysée d’une lettre personnelle. Et a accusé le palais présidentiel de "jouer sur l’ambiguïté en laissant entendre" qu’il aurait "mangé (son) chapeau". Or dans sa missive, Airy Routier s’excusait uniquement de "n’avoir pas mesuré à quel point cette publication avait pu blesser" Carla Bruni. Mais nulle part il n’avouait un faux. Et, au contraire, de persister et signer : "L’information méritait d’être publiée, et je la sais vrai."

"Tenir fermement le cap"

La décision de Nicolas Sarkozy de clore la vilaine polémique avec "L’Observateur" traduit son désir de tirer un trait sur un des incidents les plus emblématiques de sa période dite "bling bling", selon le néologisme politique en vogue à Paris : l’époque où la vie élyséenne s’étalait à longueur de journées dans les magazines de papier glacé. Place maintenant à la "représidentialisation", comme on dit dorénavant, du Président. Tant dans son agenda (hommage aux "poilus" de 14-18 et à la Résistance de 40-45, voyage au Royaume Uni, etc.) que dans son style, plus maîtrisé, le chef de l’Etat, après avoir tant joué la proximité voire la familiarité, veut à présent redonner de la hauteur, de la distance et de la solennité à sa présidence. C’est sa réponse à la dégringolade de sa popularité et aux sondages très critiques sur sa façon de faire. Selon les dernières enquêtes d’opinion, pour 58 pc des Français, Nicolas Sarkozy doit "s’efforcer d’adopter un style présidentiel". Seuls 45 pc des Français, contre 68 pc il y a un an, jugent qu’il a "l’étoffe d’un Président".

La dignité de sa présidence n’était pas seule en cause dans ce jugement populaire : l’efficacité insuffisante de ses réformes, dans leur effet concret, était aussi déplorée par l’opinion. Nicolas Sarkozy en a pris acte mercredi. En ouverture du premier Conseil des ministres de son gouvernement remanié (lire "LLB" du 19/3), le chef de l’Etat a tiré un trait sur la mauvaise séquence électorale des municipales ("Les enjeux étaient d’abord locaux") et a enjoint ses ministres à "tenir fermement le cap" et à ne pas "ralentir le changement". "Calme", "sang-froid" et "détermination" : c’est désormais la feuille de route de son gouvernement.

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