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Après des régionales ratées, les trotskistes persistent dans leur rejet du PS.

Publie le jeudi 3 juin 2004 par Open-Publishing
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La haine des « soce-dem », plate-forme électorale

Par Didier HASSOUX

Cela amuse toujours le militant moyen, sa femme et ses enfants. Au jeu de
fléchettes, le joueur se paie des têtes politiques connues. Jusqu’à hier, au
stand 113 de la fête de Lutte ouvrière (LO) à Presles (Val-d’Oise), le
trotskiste pouvait viser et piquer quatre têtes de Turc au choix : Jacques
Chirac, Jean-Marie Le Pen, François Fillon et... Jack Lang. Ce dernier a
même droit à une légende, au cas où le joueur n’aurait pas reconnu ses
traits caricaturés : « Jack Lang râpeuse ». L’humour trotskiste n’a d’égal que
sa haine du « soce-dem », pour « social-démocrate », la pire des insultes en
pays révolutionnaire. En période électorale, cette animosité est décuplée.

Gifle. C’est que la haine anti-PS est devenue le principal fonds de commerce
électoral de LO et de son alliée, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Et c’est Arlette Laguiller qui l’exprime le mieux : « Aux élections
européennes, explique très sérieusement la porte-parole de LO, la gifle au
gouvernement doit être en même temps un vote d’avertissement envers le PS.
Il faut désavouer la droite gouvernementale et sa politique, mais sans
amnistier la gauche pour le passé et sans la cautionner pour l’avenir. » Un
slogan que fait volontiers sien Olivier Besancenot. A ses divers auditoires,
le porte-parole de la LCR ne cesse de jeter en pâture « les Strauss-Kahn et
autres Fabius », figures tutélaires, selon lui, de « la gauche libérale ». Des
propos qui font écho à ceux tenus, hier, dans Libération par Philippe
Corcuff, professeur à Sciences-Po et penseur de la LCR. « Au secours, le PS
revient ! » prévient-il, reprenant à son compte, en l’inversant, le slogan
imaginé par Jacques Séguéla en 1986 pour le PS. Et il questionne les
camarades « soce-dem » élus le 28 mars : « Prendre le pouvoir pour transformer
la société ou être pris par le pouvoir qu’on croit prendre en se
transformant en gestionnaire étriqué de l’ordre établi ? Vieux dilemme de la
gauche que n’a guère fait bouger le PS depuis 1981 ! »

Stérile. Ce qui énerve l’ex-liguard passé au Parti socialiste, Julien Dray.
Le porte-parole du PS constate que ses anciens camarades « s’enferment dans
une posture stérile et ne tiennent pas compte de leur échec aux régionales ».
De fait, la campagne anti-gauche plurielle n’a apporté aucun élu aux pacsés
du trotskisme. Les électeurs préférant voter « utile ». D’où, peut-être, ce
besoin de vengeance des trotskistes, assouvi par le tir aux fléchettes.

Liberation

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