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L’unité, oui. Mais comment ?

Publie le mercredi 24 décembre 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

Je partage, comme tant d’autres, l’espoir de voir se construire ce que Pierre Bourdieu appelait une « gauche de gauche » qui, sans complexe, reconnaîtrait la réalité de la lutte des classes, dénoncerait le capitalisme comme responsable de l’exploitation des humains et de la nature et porterait un projet alternatif conduisant vers une société consacrant l’autogouvernement des humains en harmonie avec la nature.

J’ai, comme tant d’autres, souffert de l’échec rencontré lors de la tentative de donner au « non » de gauche au TCE une traduction politique. Un échec dont la responsabilité première revient au Parti Communiste Français qui, une semaine après le référendum du 29 mai 2005, annonçait la candidature de MG Buffet, ce qui a conditionné l’attitude de la LCR et toute la suite.

Je tire, à l’inverse de beaucoup d’autres, des leçons différentes de cet échec. Et je ne veux pas revivre le scénario de 2006 qui n’a laissé, à gauche, qu’un champ de ruines. Et d’immenses déceptions. Or, j’observe que l’illusion, créée par les 125 propositions, d’une possible unité sur un projet alternatif, amène certains à reprendre le même scénario. Ces 125 propositions, dont certains aujourd’hui font une sorte de bible, restent pour moi comme le plus petit dénominateur commun dont je retiens surtout les sujets passés sous silence, les ambiguïtés et les concessions, toutes faiblesses consenties dans l’espoir de voir le PCF renoncer à imposer sa candidature.

Il faut tirer les conséquences de l’échec de 2006 :

1. il n’y a pas aujourd’hui de projet alternatif précis sur l’essentiel d’une perspective anticapitaliste. Mais seulement des ébauches telles qu’elles apparaissent dans le processus du NPA, dans le processus dit de Miremont des écologistes radicaux et dans les intentions exprimées en termes généraux par les protagonistes de la « Fédération » en gestation.

2. il n’y a pas, à la gauche du PS, de stratégie commune pour éviter de (re)tomber dans les pièges du carriérisme politique et de l’alliance mortifère avec la social-démocratie. Il n’y a que de la confusion, des incohérences et des ambiguïtés dont l’appel de Politis fournit l’exemple le plus spectaculaire.

Le désir d’unité est à ce point fort que beaucoup préfèrent ne pas regarder cette double réalité et se précipitent à nouveau dans ce qui, les mêmes causes produisant les mêmes effets, reproduira l’échec de 2006.

Je propose une démarche différente de celles initiées jusqu’ici. Elle consiste à définir les caractéristiques d’une unité possible en privilégiant le contenu et la démarche. A mes yeux, la recherche de l’unité doit privilégier trois caractéristiques :

1) une unité sur un contenu réel qui ne renie pas les raisons pour lesquelles on a combattu ce projet de société que fut le TCE, qui couvre à la fois la question sociale et la question écologique et qui s’inscrive en rupture avec le système et non en accompagnement du système et de ceux qui le défendent ; autrement dit l’unité pour porter un projet anticapitaliste au contenu précis et pas seulement l’unité pour l’unité qui ne débouche sur rien ;

2) une unité qui s’inscrive dans la durée et ne se limite pas aux élections européennes. Quel sens aurait une unité qui, d’emblée, s’arrêterait après les élections européennes faute d’accord sur les enjeux nationaux ? L’unité doit être un processus continu. Sinon, elle n’est qu’une posture et un prétexte pour la formation d’un cartel électoral occasionnel réduisant la démarche à du pur électoralisme sans véritable volonté transformatrice. Il n’y a pas davantage d’unité à géométrie variable, une fois avec les uns, une fois avec les autres, au gré de calculs électoraux qui s’appuient sur un contenu réduit à des généralités. Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots, les décevoir et risquer de les voir de nouveau se tourner vers de prétendus sauveurs ;

3) une unité qui ne soit pas seulement électoraliste et qui se retrouve sur le terrain, dans les luttes sociales et écologiques, contre la casse sociale, contre le démantèlement du droit du travail et des services publics, mais aussi contre le productivisme, le nucléaire, la marchandisation du vivant. La crise du capitalisme exploiteur et productiviste est une crise de civilisation que la démarche électorale seule ne pourra résoudre. Les résultats historiques du Front populaire ont dépassé le programme électoral limité du Front populaire parce qu’il y a eu un puissant mouvement social accompagnant le processus électoral et son résultat. Mais au final, le Front populaire a échoué parce qu’il ne remettait pas en cause la capitalisme et tentait, provisoirement, d’en atténuer les effets.

En toute bonne, foi, est-il impossible de se parler et de commencer à construire l’unité sur la base de ces trois caractéristiques ? Si certains veulent bien oublier leurs vieux contentieux personnels dont on n’a rien à faire. Si d’autres sont prêts à faire ce qu’ils disent. Si tous font passer à l’arrière plan leur préoccupation de boutique, que celle-ci soit minuscule ou en pleine croissance.

J’ai la conviction que c’est possible. Et je m’y consacre là où je milite.

RMJ

Membre du Comité d’Animation Nationale du NPA

Messages

  • En te lisant on se surprend à espérer... Mais comme tu l’insinue, tant que nos cadres se cracheront à la figure (PS-PCF-NPA-Verts) et que nous autres militants continueront de relayer bêtement leurs querelles, l’Unité restera un mirage. L’Electoralisme n’est pas un piège par nature, c’est nous qui en faisons une impasse. L’Unité n’est pas l’abandon de nos diversités, c’est un projet politique pour la conquête du pouvoir, par les voies démocratiques. L’Unité n’est possible que si nous militants nous souhaitons l’imposer, et sommes prêts à l’abandon de nos préjugés partisans.
    http://ablogm.org/soupires

  • Ce que 2009 nous revelera et que les partis se refusent a voir :

    LE SYSTEME FINANCIER MONDIAL EST UNE VASTE et TOTALE FRAUDE dont les consequences pour l’humanité sont incalculables.

    Il n’y a aucune reforme possible,meme la plus “utopique”alternative concrete : les monnaies locales non speculatives ne resistera pas a l’ampleur de l’urgence .

    Tout programme et projet qui fait l’impasse sur cette realité encore camouflée par la propagande du systeme participe a l’imposture....

  • On ne va pas ressacer 50 ans le référendum et ses suites...

    Ayant toujours considéré que le non unitaire de gauche ne déboucherai pas sur un "oui" programmatique.
    De fabius à la LCR... Mort de rire...

    maintenant MRJ a bien raison d’en appeler à la cohérence...

    la première d’entre elle étant d’en finir avec le curieux cycledes années pairs (Municipales : union avec le PS... Régionales 2010 quid ?) et impairs (2009, le large front à la "gauche du PS"...)

    Paco LCR/NPA

  • raoul-marc, toi que j’ai entendu pourfendre les "léninistes" comment peux tu être à l’aise au NPA... ?

  • Peut on lancer un tel appel en falsifiant les faits les plus vérifiables. MGB n’a jamais annoncé sa candidature en 2005 puisque les militants communistes ont été appelé à choisir leur candidat par vote secret enseptembre ou octobre 2006( il y avait 3 ou 4 postulants)

    BG

  • Ce n’est pas pour moi une question de présidentiables , ni la candidature de MG Buffet qui rendait difficile l’unité de la gauche du non, mais bien la relation à ce que j’appelle "l’illusion institutionnelle" et les manœuvres pour remettre en selle , sur le canasson, le cavalier PS.

    Il y eut les comités ET la politique menée sur d’autres terrains montrant que ce qui prévalait demeurait la tentation de garantir des postes, rechercher une union de la gauche reconduite.

    Quelque part, pour la majorité du PCF, comme pour beaucoup d’autres (qu’on a trouvé derrière Bové), tout se passait comme si il fallait reconstruire un pôle à gauche du PS, puissant électoralement, afin de recommencer l’alliance avec le PS, afin de définir un bloc majoritaire dans le pays.

    Là, avec le père noël Mélenchon et l’appareil du PCF râvi, nous avons à nouveau la même démarche qui pointe son nez. Et cette démarche est mal définie .

    Car elle reste au niveau politicien, prenant mal en compte la bataille du concret, la bataille sociale, qui doit être au cœur et raison d’être de la bataille politique , et non un supplément d’âme, un effet de catalogue .

    Ce qui manque en France , ce n’est pas seulement un mouvement de gauche puissant, c’est surtout la (re)construction d’une classe ouvrière , dans ses organisations, contrôlée par la base et seule apte, par son tour de taille plantureux, à remettre à l’endroit les rapports de force avec la classe bourgeoise en face.

    Dans la situation, la travail de mobilisation de ce qui compte, passe par l’utilisation des élections pour renforcer la mobilisation sociale et écologique.

    Nous avons besoin d’un camp puissant.

    Pas d’une campagne qui n’aurait d’autre objectif que de piquer quelques voix au PS et obtenir des députés.

    Dans cette bataille des uns et des autres, une unité exige de se rendre compte qu’il y a des forces incontournables, le NPA et LO en font partie.

    Si le Parti de Gauche comme le PCF veulent s’allier avec eux il faudra bien qu’ils fassent des concessions réelles et pas se planquer derrière un discours unitariste de façade. On ne peut vouloir tout et son contraire.

    L’alliance avec ces partis ne peut se faire qu’en cessant les ambigüités avec le PS, en cassant les majorités de gauche locales, départementales et régionales, quand elles mènent des politiques de droite.

    Les alliances doivent être reconsidérées et cesser d’être sur des pratiques de droite.

    Ce n’est pas la révolution mais des minimas.

    La clameur que j’entends poindre c’est l’unité, mais surtout sans parler de ce qui sent pas bon.

    Comment faire une campagne qui touche réellement le camp populaire et l’aide à s’organiser ?
    En étant crédible. Et pour l’être il faut bien cesser d’apparaitre comme si rien n’avait changé et il faut lever les ambigüités qui peuvent faire penser qu’on refait ce qui a déjà été fait .

  • Mais au final, le Front populaire a échoué parce qu’il ne remettait pas en cause la capitalisme et tentait, provisoirement, d’en atténuer les effets.

    Reste à définir les objectif du FP, révolution sociale ou blocage de l’extrème droite ?

  • "Je tire, à l’inverse de beaucoup d’autres, des leçons différentes de cet échec. Et je ne veux pas revivre le scénario de 2006 qui n’a laissé, à gauche, qu’un champ de ruines. Et d’immenses déceptions."

    Non faut arrêter là ! "Echec", "champ de ruine", "déceptions".

    Je ne vois rien de tout cela !!!

    J’ai juste constaté des Peuples qui ont dit non, des élites qui font ce qu’elles veulent et des politiques sous pressions et menaces.

    Et des citoyens désinformés.

    Nous avons justement évité l’échec, le champ de ruine et les grandes déceptions !

    Cela aurait pu être pire ! Et peut l’être encore !

    Ce discours négatif est vraiment caractéristique d’une génération proche de la retraite.

    • Ce n’est pas un hasard si MRJ a rejoint le NPA avec tant d’autres, avant même son premier congrès.

      C’est un premier pas vers la seule unité qui vaille : celle avec un contenu révolutionnaire à la mesure de la crise du capitalisme, celle de la lutte des classes, pas des places.

      Cela implique de mettre les élections au service des luttes et pas l’inverse ;

      Cela implique surtout de se battre pour mettre à bas le capitalisme, pour un pouvoir des travailleurs mettant l’économie au service des besoins durables, cad ceux qui respectent l’environnement ;

  • "Un échec dont la responsabilité première revient au Parti Communiste Français qui, une semaine après le référendum du 29 mai 2005, annonçait la candidature de MG Buffet, ce qui a conditionné l’attitude de la LCR et toute la suite"

    Un echec dont la responsabilité première revient a ceux qui ont inventé la règle dite du double consensus et qui l’ont maintenus jusqu’au bout permettant a quelques individus de bloquer la volonté de dizaine de milliers de militants.

    A ce petit jeu des responsabilités et des coupables, je pense que OUI le PCF a une part dans l’echec de la candidature, mais vraiment pas plus que RMJ ou que touS les autres membres de la coordination nationale des collectifs unitaires..

    Alors on arrete les lecons, les querrelles stériles et on fais des propositions pour arriver a construire en partant de chacune des parties en est.

    Si pas de possibilités de faire des pas les uns vers les autres = pas d’unité

    si on continue de se caricaturer (les uns ne cherchent que des élus pour la lutte des places, les autres ne seraient que des contestataires sans cerveaux) = pas d’unité

    Pendant ce temps la, Sarko a fais un gros cadeau de noel en avance aux banques et nous fais déjà payer sa crise..