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Échos de Dijon

Publie le samedi 17 mai 2003 par Open-Publishing

Congrès du Parti socialiste
Échos de Dijon
Samedi 17 Mai 2003

"Arc-en-ciel"
A l’aube des élections de 2004, les socialistes ont brossé samedi le tableau d’une nouvelle coalition "arc-en-ciel" pour succéder à la défunte "gauche plurielle", en présence de leaders du Parti communiste français et des Verts. Seul point de frictions : les contours de cette nouvelle alliance.
Chargé des relations extérieures au Parti socialiste, Daniel Vaillant a proposé "une nouvelle démarche pratique" de rassemblement, dont le principe et le calendrier seraient soumis à des "référendums militants". Dès la rentrée, des "forums décentralisés de la gauche citoyenne" seraient organisés pour rédiger un "contrat de gouvernement". Puis, une "délégation permanente des partis de gauche" serait mise en place pour "élaborer une stratégie commune" et "préparer les accords électoraux pour aboutir à des candidatures communes" dès les régionales et européennes de 2004.
Pas question, donc, de faire du neuf avec du vieux. La petite soeur de la "gauche plurielle" reposerait sur un projet et non sur des alliances électorales éphémères, et serait conçue par la base du parti et non par la hiérarchie.

"La méthode de 1997 est aujourd’hui dépassée, elle a montré ses limites et ses faiblesses le 21 avril" 2002, a reconnu l’ancien ministre de l’Intérieur.

"Ceux qui veulent ensemble réformer et transformer la société construiront ainsi un rassemblement pluraliste riche de sa diversité, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel", a-t-il lancé, lyrique. Objectif : aboutir à terme à "l’union de toute la gauche".

Concepteur de la "gauche plurielle", Jean-Christophe Cambadélis a également plaidé pour la construction d’une "confédération" par les militants. "Si la gauche plurielle était une construction par le haut rendue nécessaire par le désastre de 1993, la gauche unie se construira par la base", a-t-il plaidé. "Il ne s’agit pas de construire la cathédrale de l’union, mais de la rendre praticable".

Or, Verts et communistes rechignent encore. Dirigés par une nouvelle majorité très critique sur la participation au gouvernement Jospin, les Verts préféreraient présenter des listes autonomes au premier tour. Les communistes, eux, reconnaissent que l’alliance électorale est un moyen "incontournable", mais ont vu leurs suffrages fondre comme neige au soleil.

La secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet et son homologue Vert Gilles Lemaire devaient rendre leur verdict lors du Congrès de Dijon. Mais leurs craintes d’être phagocytés par le PS risquent d’augmenter face aux velléités de François Hollande de constituer un "grand PS" capable de se stabiliser autour d’un étiage électoral de 30%. Satellisé de longue date, le président des radicaux de gauche Jean-Michel Baylet a reconnu que le PS serait la "force pivot" du rassemblement, qu’il suggère de baptiser "La Gauche".

Surtout, cette nouvelle coalition bute encore sur une pierre d’achoppement : faut-il ou non intégrer les formations d’extrême gauche qui se revendiquent d’une doctrine révolutionnaire ? Assurément, répond "Nouveau monde" à l’aile gauche du PS. "Il faut tendre la main de tous côtés, sans exclusive", a estimé son cofondateur, Jean-Luc Mélenchon. Et d’ironiser : "alors maintenant on va se faire peur avec la bicyclette de Besancenot ?".

Négatif, réplique Dominique Strauss-Kahn, qui ne veut ouvrir la porte qu’aux partis "réformistes", c’est-à-dire prêts à gouverner. Partisan de François Hollande, il a discrètement rappelé à l’aile gauche qu’elle ne constituait que la minorité du parti. C’est un Congrès où nous avons fait majoritairement le choix du réformisme", a-t-il martelé.

Amers, certains observaient que le PS ferait mieux de se pencher sur son propre rassemblement, avant songer à celui de la gauche. Samedi soir, les porteurs des cinq motions socialistes devaient se retrouver à cet effet pour une "commission des résolutions" de la dernière chance. DIJON (AP)

SOS-Racisme
En faisant entrer le président de SOS Racisme, Malek Boutih, dans les instances dirigeantes du Parti socialiste, François Hollande entend marquer sa volonté d’ouvrir le parti à toute la société française.
Le président de SOS Racisme, membre du PS depuis 1986, proche de Julien Dray et de Harlem Désir, avec qui il a lancé l’association antiraciste, siègera au lendemain du congrès de Dijon au Conseil national, le Parlement du PS. Il pourrait également postuler au secrétariat national.
"Malek Boutih est un homme, qui, issu des quartiers, des milieux ouvriers, représente la diversité de notre société", a souligné samedi matin François Hollande.
Le premier secrétaire du PS salue son apport aux réflexions sur les questions de laïcité, revenues au premier plan depuis les sifflets ayant accueilli les propos du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, devant le congrès de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), le mois dernier.
François Hollande insiste également sur les "comportements républicains" que le président de SOS-Racisme a toujours manifestés.
Son entrée dans les instances du parti représente "à la fois une visibilité - montrer que nous représentons toute la société française -, mais c’est aussi un élargissement", poursuit le premier secrétaire du PS.
"Nous avons besoin d’être reconnus comme représentatifs de toute la société, d’avoir des hommes et des femmes qui représentent toutes les catégories sociales, tous les quartiers, tous les milieux", reconnaît-il.
L’échec de Lionel Jospin le 21 avril a démontré l’étroitesse du socle électoral du PS, et des critiques ont fleuri sur l’échec de la politique d’intégration menée par les différents gouvernements de gauche qui se sont succédé depuis 1981.
La droite, elle, a fait entrer des personnalités d’origine maghrébine au gouvernement, avec les nominations de Tokia Saïfi au secrétariat d’Etat au Développement durable et de Hamlaoui Mekachera aux Anciens combattants.
Aussi le fabiusien Claude Bartolone voit-il dans l’arrivée du président de SOS-Racisme un message des socialistes, qui, dit-il, "enrageaient de voir que la droite nous devançaient et veulent rattraper le retard que nous avons pris dans ce domaine".
"L’entrée de Malek Boutih est d’autant plus une bonne chose que son arrivée n’est pas un cache-misère. Il entre au Conseil national en même temps qu’un grand nombre de jeunes hommes et de jeunes femmes issus de l’immigration", ajoute-t-il, s’efforçant d’éviter un possible "effet d’affichage".
"Malek Boutih est un homme d’action, pas une affiche", surenchérit Jack Lang.
Pour Benoît Hamon, du courant minoritaire Nouveau Parti socialiste, le renouvellement des générations, l’ouverture du PS ne doivent pas s’arrêter là.
"Malek Boutih est sans doute un des meilleurs leaders du monde associatif mais le congrès de Dijon ne peut pas se limiter à son arrivée", espère-t-il.
Au-delà du seul président de SOS-Racisme, qui a valeur de symbole du fait de sa médiatisation, François Hollande entend "renouveler une grande partie des membres du conseil national", le "rajeunir" et y intégrer "davantage d’hommes et de femmes qui représentent tous les quartiers, toutes les villes, tous les territoires et aussi toutes les couleurs".
"On ne peut pas se prétendre, nous socialistes, comme le parti de toute la société française sans avoir en notre sein, mais surtout à notre tête tous les représentants de la société française", conclut-il. DIJON (Côte d’Or) (Reuters)