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témoignage d’étudiants de lille

Publie le vendredi 14 décembre 2007 par Open-Publishing

Pour résumer les choses de façon succinte : en sortant à 16h30 de la bibliothèque de l’UFR d’allemand où nous avions passé l’après-midi à travailler, nous sommes tombées au sein de plusieurs sections de CRS, armées de matraques, de flash ball... et d’une détermination d’acier. Dans le hall du bâtiment A, ils démontaient le blocage sous les yeux médusés des étudiants et le sourire figé du président de l’université. Il n’y a pas eu d’altercations, au plus, des discussions entre le président et les élèves, nous étions plus ou moins encerclés, la majorité des bloqueurs était semble-t-il à la manifestation, il s’agissait donc majoritairement de personnes ayant réussi à rentrer dans l’établissement. Les caméras étaient au rendez-vous, il y a eu interviews.

Les CRS nous prenaient également en photo. Après une petite demie-heure, ils nous firent sortir en nous poussant sans ménagement, prétextant que nous pourrions re-rentrer ensuite. S’en suivirent dehors, de quelques slogans criés ("Dupas, démission") et des coups rythmés frappés à la porte vitrée (loin d’être assez forts pr la faire voler en éclats !) alors que beaucoup attendaient simplement de voir le dénouement, avant que les CRS brusquement ne décadenassent la porte et nous chargent.

Cela se reproduisit plusieurs fois, certains se réfugièrent dans la BU dans la panique générale (elle fût évacuée, au grand damn de ceux qui y travaillaient), un professeur se fit matraquer dans la mêlée ainsi qu’une élève. Je tiens à préciser que, aux "première loges" (et neutre) durant tous les évènements, je n’ai rien vu être casser de la main des étudiants, ni des CRS. Nous nous sommes retrouvés au niveau du R.U. où les CRS nous barraient le passage vers l’université, nous laissant pour seule alternative de quitter les lieux. Toujours en marchant vers la passerelle, nous nous risquâmes à quelques slogans (cependant pas insultants) avant d’entendre deux sommations extrêmement rapprochées, alors même que nous battions en retraite, et une nouvelle charge.

Nous regagnâmes avec mon amie la station de métro, où la situation stagna plus d’une heure. Nous discutâmes avec les CRS, longuement. Ils étaient en très grand nombre (les photos des voitures présentes en témoigneront) et ne cessaient de repartir au pas de course par petits groupes en direction de l’université (en passant par le côté "laverie"). Il y aurait eu plus de 10 interpellations. Des bribes de phrases lancées par les CRS :

"On peut discuter comme ça maintenant avec vous, ça ne nous empêchera pas si on se retrouve face à face demain de vous charger et vous matraquer." On est prévenus...

"On saura faire la différence entre ceux qui veulent entrer pour bloquer, et ceux qui veulent entrer pour travailler. Ca se voit." Ca a déclenché les huées.

"Depuis 30 ans, c’est les mêmes slogans que vous nous sortez. CRS=SS etc." Un CRS moqueur.

"Vous n’êtes rien, vous êtes inexistants, on ne vous entend pas, on ne parle pas de vous aux infos." Un CRS que sa matraque semblait démanger.

À une étudiante au bord des larmes, dénonçant la violence de l’action : "Vous voulez un kleenex ?" Lui et ses collègues ont trouvé ça très drôle.

À une étudiante en master qui devait assister à une conférence, et alors que les charges étaient finies et les étudiants dispersés sur le site : "Non, par principe on ne vous laissera pas passer." Un CRS rigolard, j’insiste sur ce terme. Ce à quoi elle répliqua qu’au moins, les bloqueurs laissaient passer les masters...