zpajol] info Rapport Oujda/Attac Maroc

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Rapport Oujda :

J’avais plus ou moins conscience avant de me rendre à Oujda de la gravité de la situation des exilés subsahariens, mais une fois sur place, la réalité et le quotidien de ces citoyens de notre continent m’a été un véritable choc. Je souhaiterais partager avec vous à travers ce rapport la situation telle que je l’ai vu, telle que je l’ai vécu :

400 personnes à peu près squattent un terrain en plein air dans une ville où les températures nocturnes sont souvent inférieures à zéro. Vêtu d’un blouson et muni de deux couvertures, chacun se réuni avec son groupe autour d’un petit feu, pour essayer d’adoucir ces nuits glaciales. Femmes et enfants sont logés dans le presbytère de l’église catholique de Oujda. Ils sont aujourd’hui trop nombreux, et tout nouvel
arrivage (si une alternative de logement n’est pas trouvée) risquerait de se
trouver dans le terrain du campus.

Le nombre réduit de militants présents sur le terrain m’a scandalisée. Quand j’y étais, du 1er au 2 janvier, ils étaient 7 personnes.

6 membres de l’ABCDS et un représentant du Forum des Réfugiés, seul contact de l’UNHCR (structure officiellement interdite d’être à Oujda). Ils ont, plus tard, été rejoints par un médecin de MSF, Médecins du Monde et Caritas (ces deux dernières s’apprêtent à revenir à Rabat). Le nombre de militants sur le terrain n’est pas suffisant pour une crise d’une telle envergure.

L’état psychologique des exilés et des militants eux même se fragilise de
plus en plus face à la réalité impasse dans laquelle les autorités
marocaines les abandonnent (en fidèle chien de garde de l’Union Européenne).

Fait nouveau : un nouveau bus est en route vers Oujda. Nous sommes
le 8 janvier 2006. Il arrive de Laâyoune. A son bord, se trouvent 90
personnes (20 femmes et 4 enfants, dont un petit malade âgé de un an et
demi).

Le plus paradoxale et provocateur est que le Maroc en
signant la convention de Genève, en approuvant la Charte Internationale des
Droits de l’Homme, s’est engagé à être une terre d’asile, respectueuse du
statut de réfugié et de demandeur d’asile. Au lieu de cela, il permet à ses
forces de l’ordre de traiter des exilés avec violence physique et
psychologique (allant jusqu’au viols pour certaines femmes). Ces uniformes
de brutalité, pour intimider et compliquer une situation suffisamment
complexe, déchirent les papiers de l’UNHCR de ces damnés de la Terre, seules
preuves de leur statut de réfugiés ou de leur demande d’asile. Je tiens à
préciser que pour ces exilés, ce papier représente la vie, l’espoir, l’issue
après tant de maux et de souffrance.

Face à ces déportations (terme utilisé par les exilés eux
même), face à ces délits de faciès, face au silence de l’opinion publique
car mal informée, face à l’immobilité des médias et des structures
internationales afin de dénoncer ces crimes d’Etats contre l’être, il est
important de ne pas se perdre dans la paperasse et le cercle vicieux des
réunions qui à chaque fois n’aboutissent qu’avec des tentatives d’actions
timides et soucieuses de ne pas trop brusquer les autorités nationales et
européennes, pendant que la gangrène de la politique de répression
machiavélique et la guerre déclarée aux migrants continuent à s’étendre et
pourrir les cerveaux en normalisant les cruelles agissements des forces de
l’ordre et l’humiliation quotidienne que subissent sur ce territoire des
êtres humains en quête d’un meilleur avenir. Les conséquences de cette
guerre sont désastreuses sur le plan humain et ceci ne fera qu’empirer si
l’opinion publique et les associations réellement engagés à servir l’être et
non l’idée, ne se lèvent pas comme un seul Homme, et demandent à ce que
justice soit faite pour ces migrants qui ne font que perpétuer un phénomène
vieux comme le Monde, se déplacer là où l’herbe semble plus verte par
instinct de survie.

Avant que de graves maladies ne sévissent dans le campus,
avant que la colère des exilés (réaction naturelle à l’humiliation) ne
l’emporte sur la patience et l’humilité dont la majorité fait preuve face au
cours des évènements, avant que morts ne s’en suivent, il est imminent de
réagir humainement, matériellement et politiquement à cette crise.

Est-il si impensable de mobiliser des militants et des
citoyens à marcher pacifiquement en protestation à l’humiliation et à la
violation des droits fondamentaux dont est censé jouir chacun et chacune de
nous- droit à la libre circulation, droit à la dignité, droit au respect de
la vie humaine ? Si la réponse est oui, alors assumons le rôle de complices
des bourreaux que nous nous incomberons par notre silence, au plus grand
plaisir de nos chers dirigeants, toutes nationalités confondues.

ZPAJOL liste sur les mouvements de sans papiers