Accueil > 2010 doit être l’année de la lutte contre le stress en entreprise !
2010 doit être l’année de la lutte contre le stress en entreprise !
Publie le vendredi 9 juillet 2010 par Open-PublishingLes Français se sentent de plus en plus stressés. Mais les entreprises ne négocient pas ni ne tentent d’améliorer les conditions de vie des salariés. A l’exception de quelques pionniers, exemples bien trop rares dans un océan d’indifférence.
La mascarade du site de la honte n’aura eu qu’un temps. À grand fracas, le ministère du Travail devait lancer un site où les entreprises de plus de 1000 salariés seraient classées dans les catégories vertes – les « bonnes » boites, celles qui, au 1er février 2010, ont engagé des négociations autour du stress – orange – celles qui ont réalisé quelques efforts – et rouges – celles qui ne veulent pas entendre parler de la protection de la santé mentale de leurs salariés. Ce site conçu à grands frais devait ouvrir le 15 février pour jeter l’opprobre sur les patrons stresseurs et leur passer autour du cou une corde de chanvre médiatique. Et on allait voir ce que l’on allait voir.
Las, sous la pression du Medef, le ministère a évidemment fait marche arrière. Et le site http://www.travailler-mieux.gouv.fr/ ne recense plus qu’une longue litanie d’entreprises « vertes ». À croire que tout va pour le mieux dans la meilleure des économies. Ce n’est évidemment pas le cas. La souffrance mentale se répand dans les usines et les bureaux, la vague de suicides chez France télécom se poursuit, chaque semaine apporte un nouveau drame – le changement de patron n’a évidemment servi à rien pour les « Oranges pressés ». L’année 2010 doit être l’année de la prévention des risques psychosociaux. Il en va de la santé et de l’intégrité des salariés. Car les Français se sentent mal dans leur peau et de plus en plus : 66% d’entre eux se sentent de plus en plus stressés au travail, selon un sondage Apave/TNS Sofres.
Les explications sont évidentes. Pression de l’actionnaire, souci extrême porté à la rentabilité, changement permanent des organisations, mobilité accrue, les salariés sont sur les nerfs depuis 10 ans. D’autant plus que le travail est devenu moins physique – ce ne sont plus les muscles et les os qui sont agressés par le travail – et plus cognitif – c’est le cerveau et les nerfs qui sont mis à rude épreuve. Les salariés doivent s’adapter à des situations mouvantes, les organisations complexes laissent le champ libre à des salariés rendus plus autonomes qui doivent donc être engagés, impliqués dans leur travail pour que l’entreprise reste performante.
Pendant que le travail change, qu’ont fait les entreprises pour aider les salariés à s’adapter à cette nouvelle donne ? Rien. Sans remonter à 1998 et au livre fondateur de Marie-France Hirigoyen « Le Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien », la lutte contre le stress s’est organisée avec une sage lenteur. En 2001, le code du travail intègre cette notion. En 2008, un Accord national interprofessionnel est signé entre patronat et syndicats pour que les entreprises s’approprient la lutte contre les risques psychosociaux en mettant en place des mesures de prévention, en formant les acteurs de l’entreprise, en revoyant l’organisation du travail et en prenant en compte l’équilibre vie privée vie professionnelle des salariés.
C’était donc aux entreprises de prendre la suite. Elles ont largement échoué. Deux seuls groupes ont négocié et signé un accord sur le stress. C’est d’abord PSA Peugeot Citroën et ce sont ensuite les Caisses d’épargne.
A côté rares sont les patrons qui, sans signer des accords, ce qui est reconnaissons-le, parfois très lourd, tentent de mettre en place des solutions anti-stress. C’est notamment le cas d’Eric Jacquemet, patron de TNT Express, filiale française d’un groupe de messagerie hollandais. Dans ce secteur où les salariés sont fréquemment pressurés, Eric Jacquemet tente de limiter les dégâts. Il recrute dans les "quartiers" et pour aider des salariés fragiles, a mis en place, depuis 3 ans, avec les représentants du personnel, des coordinateurs sociaux chargé d’identifier les difficultés rencontrées par les salariés et trouver des solutions de logement et de transport pour aller vers les zones industrielles toujours difficiles d’accès. Or, les déplacements en transports en commun, inconfortables et incertains, ont un impact sur la santé physique et mentale des salariés, estime le cabinet Technologia, spécialiste de la lutte contre le stress dans une étude publiée le 8 février 2010. C’est là tout simplement le fait d’un management humain.
Les autres patrons feraient bien mieux de s’inspirer des réalisations de ces précurseurs plutôt que de ratiociner dans des colloques !