26 nov. Film et debat"Un monde absent" de Ronnie Ramirez

"Un monde absent"

La projection aura lieu le Vendredi 26 novembre a 19h30 au Centre Culturel Sub Terra avec la presence du realisateur Ronnie Ramirez.

56 min • Couleur • 16/9 • 35mm • V.O., S-T Fr • Ó 2004

Ronnie Ramirez

16 Rue Floris ­ 1030 Bruxelles, Belgique

tél : + 32 2 2151888 & mobil : +32 476594655

miam@tiscali.be & http://bilongo.be

Synopsis

Au bout du monde, en Patagonie, se trouve une petite ville Puerto Aysén (sud du Chili). Dans cette région où la nature a été longtemps protégée, des investisseurs étrangers ouvrent des chantiers pour un nouvel eldorado industriel, l’élevage à grande échelle du saumon et l’implantation prochaine d’une immense usine d’aluminium.

Partagés entre la résignation et la lutte, les Patagons nous livrent leurs visions.

Le réalisateur

Né en 1971 à Santiago du Chili, émigre en Belgique à l’âge de quatre ans.
Il étudie le cinéma, en section image, à l’Insas (école de cinéma à Bruxelles).
Opérateur puis chef opérateur pour des courts et longs-métrages, et des documentaires.
« Les fantômes de Victoria », tourné au nord du Chili, est son premier film, récompensé à huit reprises dans des festivals internationaux. « Palestine, ceux qui gardent la clef » est son deuxième film, réalisé en marge d’une délégation artistique de solidarité avec la Palestine pour lequel il reçoit deux prix. Ensuite il réalise encore deux autres films, « Place publique » à Anvers et « un monde absent » en Patagonie Chilienne.

Contact distribution

Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles (CBA)

19 F avenue des Arts ­ 1000 Brussels - Belgium

tél : +32 2 227 22 30 - fax : +32 2 227 22 39

email : cba@skynet.be ­ www.cinergie.be

Note d’intention

Au Chili, les gouvernements de transition vers la démocratie se succèdent depuis 1989. Le Chili semble aller « bien », la croissance économique va bon train, la stabilité du pays le rend crédible et attire de nombreux investisseurs étrangers...

La « concertation » est la coallition au pouvoir depuis l’arrivée de la « démocratie ». Elle est composée d’une dizaine de partis politiques, qui, après avoir combattu le modèle économique de Pinochet, en sont devenus les défenseurs. La main d’œuvre est bon marché, et les lois environnementales sont permissives : le Chili est devenu un lieu idéal pour faire du business. Malgré un président socialiste, le pays s’est confirmé dans la voie néolibérale, tout est privatisé : la santé, l’éducation, les minerais, etc.

Le business se poursuit, il s’est lancé dans la conquête de nouveaux territoires pour y explorer de nouveaux marchés. La Patagonie connaît aujourd’hui un véritable assaut des transnationales. Noranda, une multinationale canadienne du secteur métallurgique acheta sous la dictature une énorme partie de la région d’Aysén, ainsi que le droit des eaux au nom de sa filiale chilienne, le mégaprojet ALUMYSA. Les ressources hydrauliques de la région fournissent gratuitement l’énergie nécessaire à l’obtention de l’aluminium. C’est une des activités industrielles les plus polluantes au monde qui s’installe dans une région encore intacte. Le littoral subit déjà l’élevage intensif du saumon. Le Chili en est devenu le troisième exportateur mondial de saumon et veut devenir le premier au plus tard dans cinq ans.

La Patagonie a longtemps été synonyme de voyage, d’aventure et d’éxotisme. Mais, le Patagon tel quel on le connaît encore aujourd’hui, le berger solitaire, le pêcheur sur sa barque en bois, est condamné à disparaître. Les champs de culture sont désertés, le Patagon deviend un ouvrier et adopte un mode de vie qui s’exporte maintenant partout dans le monde. L’industrialisation et la présence des investisseurs étrangers au coin le plus reculé de la planète indiquent que la Patagonie est en danger. Un Monde absent est un film sur la mondialisation et les conséquences de sa libéralisation commerciale, qui prend en otage ceux qu’elle prétend libérer du sous-développement.

La région d’Aysén est inmense en superficie avec une population de 90.000 habitants concentrés dans les villes. Puerto Aysén compte 27.000 habitants dont 65% de ses habitants travaillent dans les usines de saumon. Grâce au monopole de la main d’œuvre, les salaires sont au plus bas pour des journées de plus de 10 heures. Les horaires abrutissants ont entraîné un abandon du noyau familial, entraînant la désertion scolaire chez les jeunes, l’alcool, la délinquance et les adolescentes enceintes sont en croissance constante. L’économique prime sur le social.

Ces cinq dernières années, à Puerto Aysén, une douzaine de jeunes se sont fait assassiner : des agents de l’Etat, déjà connus pour leurs crimes sous la dictature, y sont impliqués. Selon les rumeurs, une mafia de narcotrafiquants opèrerait dans la région. Elle serait liée aux militaires, aux saumoniers, aux autorités locales et à d’autres civils ayant fait fortune sous la dictature militaire. Au Chili, la justice peine à fonctionner, ce n’est pas un secret : le cas Pinochet illustre cette impunité règnante. A l’heure d’un tout nouveau contrat de libre-échange avec l’Europe, des d’exportations et des investisseurs étrangers, les autorités ont tout intérêt à cacher ce véritable Far-West gênant. Ainsi, on cache la misère, la pollution et la délinquance derrière un décor de publicité touristique. La région d’Aysén est loin de Santiago, loin des préocupations des Chiliens, loin des caméras. Je souhaite que ce film révèle un aspect méconnu de la Patagonie. C’est la Patagonie tragique et
rebelle, celle qui ne figure pas sur les cartes postales, mais bien celle qui résonne dans les livres d’Augusto Bayer, de José María Borrero, de Patricio Manns, de Luis Sepulveda ou de Francisco Coloane.

Ronnie Ramirez

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