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ATTAC mouvement anti/altermondialiste donc mouvement d’émancipation !

Publie le vendredi 14 octobre 2005 par Open-Publishing

de Christian Delarue ATTAC Rennes à titre personnel

Lier mouvement anti/altermondialiste et mouvement d’émancipation revient à pousser à l’extrême limite le champ de compétence d’ATTAC conçu comme une large organisation de masse et non comme une secte. Ce n’est pas la difficulté des questions qui gêne mais le fait que des générations de militants se soient divisés sur ces questions.

D’abord pensons le lien ALTER / Emancipation

ATTAC mouvement militant pour "un autre monde possible" ne peut qu’étendre son champ d’intervention en convergence avec les multiples mouvements sectoriels qui le soutiennent de type syndical ou associatif (antiracisme, antisexiste, de solidarité internationale, etc...) .

Autrement dit ce mouvement composite, avec ATTAC en pièce maitresse et ses organisations proches, se doit de riposter aux offensives néolibérales qui génèrent la barbarie dans tous les domaines tant sociaux qu’écologiques et ce en vu d’un alterdéveloppement solidaire, démocratique et pacifique. Il articule le "contre" et le "pour" dans la critique et dans l’action.

Si face à l’exploitation, l’aliénation et le fétichisme généralisé, l’on pense librement, sans entrave aucune, que l’émancipation doit être complète, universelle et intégrale (H Maller) alors ATTAC se doit aussi de reposer la question de l’appropriation sociale c’est-à- dire l’appropriation collective des principaux moyens de production et d’échange comme vecteur d’émancipation . Au passage cela le rapproche bien en France d’une certaine gauche, une gauche d’alternative plus que d’alternance.

Contre la double séparation...

Ce faisant il poursuit l’idée de Marx qui critique la double séparation ou s’inscrivent la domination et l’exploitation : la séparation de la société civile et de l’Etat ; la séparation entre les travailleurs et les moyens de production.

La séparation de la société civile et de l’Etat est en même temps la séparation entre l’individu concrètement socialisé et le citoyen abstrait. La « vraie démocratie » suppose de surmonter cette séparation.

Mais la séparation de la société civile et de l’Etat est toute relative car elle s’enracine dans l’antagonisme des classes : d’une part l’Etat n’est pas neutre : posant le droit il intervient dans de multiples rapports sociaux : travailleurs / propriétaires des moyens de production, locataires / propriétaires de logements, etc... d’autre part la société civile n’est pas homogène mais clivée par les rapports sociaux (antagonisme entre le travail et le capital) redoublé par les rapports de genre . La séparation de la société civile et de l’Etat s’enracine donc dans la seconde : la séparation entre les travailleurs et les moyens de production .

La séparation entre les travailleurs et les moyens de production est synonyme d’appropriation privée des moyens de production, privée c’est-à-dire exclusive . Dans l’appropriation privée par le capital les producteurs y sont exclus . Les travailleurs n’exercent en effet aucun pouvoir sur la finalité de la production, sur la répartition des produits, sur l’organisation de la production.

Voilà pourquoi appropriation privée-exclusive et exploitation sont synonymes. L’exploitation capitalisme ne se résume pas à l’extorsion de la plus-value (relative, absolue...) autrement dit : l’intensification du travail, les baisses de salaires, l’allongement de la durée effective de travail, etc...

... et pour l’émancipation totale !

L’émancipation totale passe par l’abolition de la propriété privée des moyens de production et l’instauration d’une appropriation collective, non exclusive, des moyens de production placés directement sous le contrôle des producteurs.

Tel est la perspective postcapitaliste du mouvement. Au-delà d’ATTAC, car tout mouvement de masse a un champ d’action limité, il revient aux théoriciens d’obédiences diverses de continuer d’alimenter le débat et d’approfondir les conditions de possibilité réellement émancipatrice d’une telle société que d’aucuns continuent d’appeler socialiste.