Accueil > La Réunion : Que va faire le PCR ?

La Réunion : Que va faire le PCR ?

Publie le samedi 25 novembre 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

Maurice Gironcel en correctionnelle

Maurice Gironcel devra comparaître le 15 décembre prochain devant les juges du tribunal correctionnel pour les affaires dites de 2001 mais qui remontent en fait à 1998, 1999 et 2000. Son premier adjoint Sylvain Mounigan a quant à lui bénéficié d’un non-lieu. Est-ce le début de la fin politique du premier magistrat communiste de Sainte-Suzanne, qui voulait tant se présenter dans la 5e circonscription aux prochaines législatives ?

Le père Noël est une ordure, doit penser Maurice Gironcel. Se retrouver à la barre d’un tribunal à dix jours de Noël, le maire de Sainte-Suzanne aurait préféré s’en passer. Il se souviendra sûrement longtemps de ce “cadeau” pas comme les autres. Pendant que ses collègues élus de l’île vont entamer les préparatifs festifs pour célébrer la naissance de l’enfant Jésus ainsi que cette fin d’année 2006, lui va devoir se préparer pour le grand “oral” devant les hommes en robe noire. Il a pris connaissance, lundi dernier, de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel signée le 16 novembre. Maurice Gironcel se trouvait à ce moment-là au congrès des maires à Paris.

Inutile de dire que cette nouvelle provenant de la Réunion a quelque peu cassé l’ambiance parisienne et que le retour vers son île, même en classe affaires, a été sans doute assez tristounet. Son renvoi en correctionnelle est l’aboutissement d’une longue enquête préliminaire menée par les gendarmes de la brigade de recherches de Saint-Denis sous la houlette, entre autres, du juge Julien Simon, du tribunal de grande instance, suite aux courriers adressés par Alix Périanin, élu de l’opposition municipale. Rappelons que Maurice Gironcel avait été mis en examen le 6 juillet 2001 des chefs de favoritisme, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, tentative de corruption passive et faux et usage de faux en écritures publiques. Le même jour, Sylvain Mounigan, son premier adjoint, était lui aussi mis en examen pour détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux en écritures publiques. Si Sylvain Mounigan, au terme de toute cette procédure, a fait l’objet d’une ordonnance de non-lieu, Maurice Gironcel, lui, a eu moins de chance.

Des travaux jamais livrés

La justice lui reproche plusieurs faits : tout d’abord d’avoir, courant 2000, détourné des fonds publics en acquittant une facture de 1 200 000 F TTC au profit de la Sarl RTR pour des travaux d’aménagement d’un marché forain, d’une aire de jeu bouliste et d’un kiosque attenant alors que l’aire de jeu ni le kisoque n’étaient pas réalisés ni livrés par les entreprises Alamélou ou Taïllamée. Par ailleurs, il avait ordonné le règlement de la somme de 296 096,50 F TTC pour le terrain de boules et de 179 372 F TTC pour le kiosque du club de boules commandés dans le cadre des marchés sur factures alors que ces travaux avaient déjà été commandés et acquittés dans le cadre d’un marché négocié.

La justice reproche également à Maurice Gironcel, toujours courant 2000, d’avoir procuré à autrui des avantages injustifiés, contrairement aux dispositions législatives et réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public. En clair, favoriser des entreprises pour l’obtention des marchés communaux sans passer par la procédure d’appel d’offres. Il s’agit toujours de la Sarl RTR pour les travaux de construction d’un marché forain, d’un terrain de boules... Autre dossier dans le collimateur judiciaire : la fourniture de dix kiosques à usage de pique-nique d’une valeur de 617 472,51 francs TTC, commandée, courant 2000, par Maurice Gironcel dans le cadre d’une procédure de marché négocié (sans appel d’offres) avec un allotissement en sept lots distincts. Maurice Gironcel devra par ailleurs apporter des explications sur les “privilèges” accordés à l’entreprise de Fabien Horace Siou en décembre 1998.

Des voyages à l’île Maurice

Il est notamment question de l’attribution à cette entreprise de quatre des sept lots d’un marché par allotissement pour un montant de 462 414 F auxquels s’ajoutaient 22 995 F résultant d’un avenant pour travaux complémentaires. Ces marchés concernaient l’aménagement des locaux de l’OMS/OMCTL. En contrepartie de ses “largesses” alimentées par les deniers publics, Fabien Horace Siou payait des voyages à l’île Maurice à Maurice Gironcel et à son premier adjoint. Enfin, dernier dossier sur lequel sera interrogé le premier magistrat de Sainte-Suzanne : l’attribution en décembre 1998 à la société Sotres et à Christophe Chamand - entreprise individuelle domiciliée à la même adresse et employant les mêmes moyens techniques et dirigée de fait et de droit par la même personne - la commande de la réfection d’une piste d’athlétisme pour un montant de 678 207,96 F et de la clôture de cette piste pour un montant de 299 602,95 F alors qu’il s’agissait d’une unité fonctionnelle interdisant le recours à deux marchés selon la procédure du marché négocié. La procédure d’appel d’offres était obligatoire. Mais manifestement, Maurice Gironcel a pris des libertés avec les règles élémentaires en la matière. A 59 ans, Maurice Gironcel, ancien employé à France Télécom, militant syndical et au PCR, maire de Sainte-Suzanne depuis 1993 - après la mort de Lucet Langenier dont il était le 1er adjoint depuis 1983 -, également conseiller général et président de la Cinor, va se retrouver pour la première fois devant un tribunal. Il espère ne pas connaître le même sort que Willy Caderby, conseiller général de Saint-Pierre, et Hugues Salvan, maire et conseiller général de Saint-Philippe. Quelle sera la réaction son parti ? Aura-t-il, comme Pierre Vergès en son temps, droit au même soutien actif de la part du PCR ? A suivre !

Yves Mont-Rouge

http://www.clicanoo.com/article.php...

Messages