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Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes
Publie le mardi 9 octobre 2007 par Open-Publishing6 commentaires
DE L ’INFLUENCE PREGNANTE DE L’ INTERPRETATION REACTIONNAIRE- PATRIARCALE SUR LES RAPPORTS HOMMES/FEMMES ou
UN OUBLI DANS LE DEBAT DU "VOILAGE / DEVOILAGE".
Voici deux textes sur les rapports hommes/femmes en lien avec l’interprétation réactionnaire des religions, historiquement dominante de part le monde. Concernant le voile, il s’agit d’un certain islam, mais l’histoire accuse d’autres religions instrumentalisées par le patriarcat, par le pouvoir des hommes. Mais par ailleurs il est important de voir - malgré les critiques ci-dessous - l’islam comme varié, comme divers .
Dans le même registre du réel divers mais du côté des individus croyant et non de la religion diffusée, il existe et c’est heureux des musulman(e)s qui se sont dégagées du fatras idéologique décrit ci après . Le fait de pouvoir rencontrer des musulmanes croyantes (arabes ou non) qui étaient aussi laiques (au sens ici de sobre d’apparence sur les signes religieux) et même parfois marxistes (à l’instar de la théologie chrétienne de libération) et surtout libres par rapport aux coutumes religieuses-patriarcales est une chance pour la lutte contre les préjugés.
Au total, la certitude de la diversité de l’islam et la présence de ces femmes admirables constituent deux obstacles qui discréditent une islamophobie globale et sans nuance... mais ces deux faits n’empêche pas la critique des courants réactionnaires comme tendance lourde historique. Bien au contraire !
Il s’agit d’une version courte d’un texte plus long qui citent les auteurs et reproduit les passages en cause. Ce texte trop long n’était pas lu . Il figure en réponse à Pascal Hilout qui a publié une diatribe sévère sur son site intitulé : LE MRAP ATTAC
– Pudeur et concupiscence ou égalité et réciprocité
– Corps à soi, corps pour soi ou corps à cacher pour les uns, à dénuder pour les autres.
VOILE 1 : PUDEUR ET CONCUPICENCE ou EGALITE ET RECIPROCITE
Les "modernes" interprétes de l’islam (qui dégage le sens au-dela du texte ) semblent bien plus hypocrite encore que les "classiques" (ceux qui s’en tiennent à la lettre du texte) : le voile islamique peut être enlevé disent-ils... mais il faut pouvoir conserver d’une autre manière sa signification profonde (pudeur, contre la concupiscence, etc...).
Avec de telles théologies, qui aboutissent à entériner dans la fatalité l’agression sexuelle et sexiste de certains hommes, l’égalité hommes-femmes n’est pas pour demain. Le désir et la séduction vont donc rester de l’ordre du mal et les mauvais comportements masculins incorrigibles . Les femmes se voient assigner au devoir de non provocation et au respect de la sobriété vestimentaire de pudeur maximale . En cas de non respect de la sobriété, c’est la violence masculine qui survient fatalement .La violence masculine est incoercible. Donc c’est le défaut de sobriété vestimentaire, le défaut de voilage en tout genre qui empêche la "paix entre les sexes". La charge de la responsabilité (et de culpabilité le cas échéant) est renversé et ce faisant le changement est impossible. La manifestation du désir, le droit à la séduction est interdit pour les femmes et les hommes vivent dans la frustration et la culpabilité leur désir à l’égard des femmes car l’idée d’égalité et de réciprocité est exclu.
Or pour les hommes et les femmes en recherche de rapports d’égalité et de réciprocité, l’enfermement des femmes contraintes durablement à se cacher des hommes non seulement "concupiscents" (sic) mais potentiellement violeurs est inadmissible . Le combat à mener n’est pas contre la "concupiscence" (et pour la pudeur) mais contre le viol et pour des relations sexuelles librement consenties. Et mêmes pour des relations ou les femmes peuvent être offensive pour manifester leur désir (cf voile 2)
Cette théologie pudibonde, qui n’est pas le propre de l’islam, a d’autres inconvénients : le garçon n’a pas de question à se poser . Si la séduction féminine est de l’ordre du réel et si ce réel n’est pas en soi condamnable alors quelle signification donner à la séduction (pour moi ou pour elle), quel comportement quand telle femme m’attire (question du regard) , quel comportement avec celles que je juge moins attirante ? ect. Il n’y a pas une réponse unique à donner à ces questions ni même des réponses dogmatiques à fournir mais il s’agit d’avoir un cadre égalitaire qui permet de se les poser, de poser les questions sur le rapport du regard des hommes sur les femmes, et de prendre ainsi ses responsabilités.
Des personnes de mentalité laïque peuvent aussi partager cette idéologie de la sobriété vestimentaire pudique du corps des femmes mais ce n’est en général pas systématisé comme dans les doctrines religieuses qui sont de façon dominante beaucoup plus rigides. Ce qui ouvre à des souplesses de comportements en fonction des situations. Ce qui permet des évolutions.
VOILE 2 : CORPS A SOI / CORPS POUR SOI ou CORPS A CACHER (pour les uns) / CORPS A DENUDER (pour les autres)
Je discute ici de la troisième position qui défend le corps à soi des femmes comme s’opposant à la fois à ceux qui veulent voiler les femmes et ceux qui veulent les dénuder (disons les dévoiler).
"Comme le remarquait Samira Bellil quelques mois avant de mourir, l’obsession des uns de nous voiler n’a d’équivalent que l’obsession des autres de nous déshabiller. Or ces deux obsessions sont deux formes en miroir de négation des femmes : l’une veut que les femmes attisent ce désir tout le temps, tandis que l’autre leur enjoint de ne pas le provoquer. Mais dans les deux cas le référent par rapport auquel les femmes doivent penser leur corps reste le désir masculin. Ce que le foulard dévoile, c’est que le corps des femmes n’est pas un corps à soi - un corps pour soi." (cf. Samira Bellil citée par Christine Delphy)
Position qui parait juste mais abstraite car oublieuse du contexte et de l’histoire.
Notons d’abord le saut qui est opérer entre dévoiler la tête et déshabiller le corps. Opération qui permet de créer une troisième position en forçant le trait. Mais peu importe ici car il faut admettre qu’il y a effectivement une pression contradictoire des hommes sur les femmes . Mais il faut ajouter que la balance des pressions n’est pas égale . Le patriarcat pèse de tout son poids historique. Un patriarcat qui a investit le religieux contre le plaisir, le désir et surtout contre les femmes.
Les sociétés à forte dominante religieuse se sont accommodés des sexualités violentes (le viol banalisé au quotidien). Cela découle à mon sens d’une contradiction forte bien entretenue pendant des siècles : les hommes désirent les femmes d’un côté et pas qu’en pensée et de l’autre ils "théorisent" via la religion le refus de leur désir légitime. Le drame est que ce n’est pas les uns qui veulent cacher le corps et les autres qui veulent le dénuder ce sont les mêmes hommes qui n’ont pas su longtemps ce qu’ils voulaient. La contradiction était trop dure à vivre. La religion patriarcale ne permettait pas d’intégrer le désir dans l’économie psychique des hommes sauf par la transgression et la violence.
Les choses de ce point de vue ne sont pas améliorées partout, même si des progrès se sont relativement stabilisé ici ou là. De fait, "la paix entre les sexes" n’est pas possible en continuant ainsi. Et cette contradiction perdure depuis des siècles ! La solution ne peut advenir que si, à l’échelle d’une société entière, des individus ont en commun la reconnaissance du désir sexuel mutuel et de la rencontre dans le consentement réciproque. Les deux ensemble : pas de « coincées » d’un côté mais aussi pas d’irrespect de l’autre.
Du coup, mettre en parallèle et à égalité les deux "obsessions masculines" évoquées par Samira Bellil c’est oublier que les "injonctions" sont forts différentes en poids scial et historique : l’une est obligatoire - se couvrir - alors que l’autre n’est qu’une pression toute relative à la fois circonscrite et récente de la publicité et des moeurs contemporaines.
Pour les effets de la misère produite, jJe cite Isabelle FILLIOZAT : "Sous-informées, culpabilisées et convaincues qu’ils est normale pour une femme d’avoir peu d’envie, la plupart ne recherche même pas l’éveil de leur potentiel. D’autant que c’est bien connu, une femme qui éprouve trop de plaisir est une salope." (L’intelligence du coeur p 233). Je dirais pour le rapporte au sujet qu’une femme qui manifeste ouvertement son désir est vue comme une salope .
– Une fraction des hommes aiment les salopes au sens non seulement de femmes libres mais plus encore de femmes ouvertement offensives sexuellement et sans tabou, qui ce faisant sortent de la contrainte historique et sociale qui pèse sur elles pour manifester leur désir de relations sexuelles libres avec les hommes mais aussi avec d’autres femmes (la religion n’aime pas l’homosexualité) .
– Une autre fraction très importantes des hommes continuent dans la ligne des pesenteurs religieuses historiques de stigmatiser les femmes trop séductrices, pas assez voilées, ouvertement offensives sexuellement sous le terme de salopes ou de putes ou autres termes de ce genre . C’est d’ailleurs pour cela que souvent la première catégorie d’hommes n’emploie plus publiquement le terme de salope (au profit d’autres comme coquine par exemple) ou avec une autre intonation de voix.
Mais il reste une différence liée au poids énorme de la pudibonderie religieuse et patriarcale. Un homme qui veut séduire, un homme qui désire n’est pas conçu comme un salop ou une pute. Il désire. Il affirme sa sexualité. C’est normal. Ce que les femmes lui demandent c’est de tenir compte du consentement et du désir des femmes.
Ainsi la plupart des hommes réels ne prennent que rarement leurs "désirs de déshabillage" des femmes - qui n’est pas un fantasme répréhensible en soi, ni d’ailleurs propre qu’aux hommes - pour la réalité . Autrement dit, ils ne passent pas à l’acte sans consentement de l’autre. D’autre part la plupart des femmes s’habillent presque comme elles veulent . Presque car contrairement à ce qui est dit c’est l’exagération du désahabillé qui est réprimé par les forces sociales pudibondes dont le patriarcat et la religion sont les vecteurs historiques lourds.
Christian DELARUE
La "mère" et la "putain"
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=29304
POUR L’EROTISME ET MAI 68 !
Messages
1. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 10 octobre 2007, 01:47
Se voiler, c’est entrer dans le camp des mamans, parce que sinon vous êtes forcément une putain. Le tout montre, s’il en était encore besoin, l’indigence du système machiste. Maman ou putain, c’est encore ne pas avoir d’autre choix que celui de la société patriarcale, c’est encore se soumettre à son esprit tristement binaire.
http://www.chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=271
cd
1. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 10 octobre 2007, 19:53
Un classique depuis 2003 :
Chahdortt Djavann : Bas les voiles !
– http://foulards.free.fr/
Dans sa prime jeunesse en Iran, cette femme passionnée et croyante a connu les affres de la condition féminine et la lugubre mascarade qu’est le tchador, symbole d’une perverse phallocratie, d’un mépris impie de la femme qui n’est vue que comme objet sexuel. Chahdortt a tout dit. son témoignage donne froid dans le dos : dire que ces choses essaient de s’introduire chez nous !
Tout ce déploiement d’énergie satanique vient d’une conception malsaine de la femme qui serait foncièrement impure, qui ne serait que corps, à la fois objet de mépris et de convoitise. L’homme n’est que sujet, acteur, tout lui appartient.
Ce n’est pas une bourde facétieuse quand Chahdortt demande pourquoi les hommes ne sont pas voilés : elle demande par là si l’homme n’est pas érotique, s’il ne peut être beau et séduisant, être objet du désir ? Car dans la réalité, l’homme est séduit par le charme de la femme, il la désire et il la choisit ; à son tour, la femme est séduite par le charme de l’homme, elle le désire, elle le choisit.
Normal.
Christian
2. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 11 octobre 2007, 13:03
c’est sûr qu’avec la libération sexuelle, chez nous, la femme n’est pas de plus en plus vue comme un objet sexuel...sans vouloir faire l’apologie de bobonne au foyer (qui peut qd même avoir un rôle décisionnel très important - le travail n’étant important que pour ceux - une minorité - qui ont un travail intéressant), faut reconnaître que l’image de la femme de 45 ans célibataire sans enfant liftée et en string qui refuse de vieillir est un sacré repoussoir pour les femmes venues de société plus traditionnelles...
3. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 13 octobre 2007, 11:20
LES SEINS NUS SUR LA PLAGE, LA JOURNEE DE LA JUPE et LE VOILE ISLAMIQUE :
EVOLUTION DU RESPECT DANS LES RAPPORTS HOMMES/ FEMMES !
Ayant déjà écrit sur le port constant du voile comme mépris des hommes concupiscents et des femmes occidentales dépravées j’y renvoie avant de passer à d’autres situations, l’une concerne la sociologie de Kaufmann sur les seins nus sur les plages, l’autre sur la journée de la jupe dans les collèges et lycées.
I - SEINS NUS SUR LA PLAGE : RESPECT
Commençons par le comportement des femmes et des hommes sur les plages ou le sein nu est pratiqué :
Les seins nus ne seront possibles à la plage que parce qu’on ne se touche pas, qu’on ne se parle pas, parce que l’échange entre celle qui se donne à voir et celui qui regarde en reste strictement à ce stade, dans l’anonymat complet.
La pudeur non pudibonde sera de deux sortes :
– d’une part cette capacité du regardant à voir sans voir, à banaliser ce qui est vu, de telle sorte que le sein se trouve privé de particularités ;
– d’autre part la capacité de la femme à sentir si ses seins correspondent aux normes de la plage.
Ici l’homme n’est pas renvoyé à l’enfer de sa biologie prédatrice et la femme à une nécessaire abstinence de séduction à une obligation de sobriété vestimentaire pudique afin de maintenir l paix dans les rapports hommes/femmes.
On peut penser que la banalisation masculine est toute relative, on peut aussi critiquer ce retour d’une « norme corporelle » sur la plage et/ou penser que toutes les femmes ne la respectent pas, reste qu’un respect se créé entre hommes et les femmes sur la plage.
II - MINI JUPES OU STRINGS APPARENTS AU LYCEE : UN TRAVAIL CIVILISATIONNEL EN COURS
Ce respect disparaît au collège ou au lycée dans la mesure ou les jeunes filles ont quasiment cessé de porter des jupes pour ne pas encourir les propos sexistes des jeunes hommes mais aussi des filles. Les filles et les femmes font preuve d’une sévérité étonnante et inadmissible – « tu fais la pute ! » contre les jeunes femmes qui s’habillent de façon séduisante, qui portent des jupes courtes ou des strings apparents.
Une réaction salutaire a été organisée dans un établissement d’Ille et vilaine : la « journée de la jupe » qui se répète chaque année qui vise à sensibiliser les jeunes garçons et les jeunes filles au droit à s’habiller librement sans subir d’injures. S’habiller réellement librement se comprend avec le droit de non respect d’une norme historique religieuse et patriacale de pudeur extrême interdisant d’être séduisante, « affriolante ».
Christian DELARUE
4. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 2 novembre 2007, 09:40
Version développée :
PANTALON ET VOILE / SEINS NUS ET JUPE : LE REGARD ET LE RESPECT.
http://www.bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=54400
CD
5. Pesanteurs socio-historiques sur les rapports entre hommes et femmes, 2 novembre 2007, 09:45
Cf. aussi PANTALON ET VOILE / SEINS NUS ET JUPE : LE REGARD ET LE RESPECT.
http://www.bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=54400