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A Dieppe, les communistes rêvent du grand retour

Publie le lundi 25 février 2008 par Open-Publishing
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de MATTHIEU ÉCOIFFIER

A Dieppe, beaucoup le surnomment « ma couille » ou plus affectueusement « coucouille ». C’est peu dire que Jean Bazin, 34 ans, le candidat UMP aux municipales a fait un tabac avec son petit livre Servir Dieppe. Il y raconte sa virée Dieppe-Jérusalem à vélo avec Marie-Cécile, son épouse. Et ses années comme adjoint aux finances d’Edouard Leveau, le maire UMP qui a « tourné la page de trente ans de communisme à Dieppe » en 2001 en battant Christian Cuvilliez, plombé par une affaire d’emplois municipaux fictifs occupés par des camarades de la CGT et du parti. Jeune membre du conseil national de l’UMP, Bazin narre aussi son admiration pour ses mentors Nicolas Sarkozy et Antoine Rufenacht, le maire UMP du Havre. Et sa démission de l’exécutif municipal en janvier 2007 pour se démarquer du bilan et « des bisbilles du père Leveau qui n’en fait qu’à sa tête », comme le résume Marie-Thérèse, une retraitée en ballade sur le port.

Mais le passage qui a retenu l’attention des Dieppois est celui où Jean Bazin relate une raclée reçue au collège Delvincourt : « Un plus grand passe près de moi, me réconforte : "C’est pas grave, faut pas pleurer, ma couille." »

Trentenaires. Leveau ayant décidé de passer la main, voilà Bazin investi par l’UMP. Et, selon la presse locale, en position de « challenger » face à son rival, Sébastien Jumel, 36 ans, vice-président PCF du conseil général et du syndicat du Port. Baraqué et sûr de lui, le communiste ironise sur « la qualité littéraire » du bouquin de son adversaire. Et s’emporte pompeusement contre cette nouvelle illustration de « la pipolisation de la vie politique ».

A la tête d’une liste d’union avec le PS et les Verts, Jumel pourrait faire rebasculer à gauche cette ville port de 34 000 habitants. La semaine dernière, Marie-George Buffet, la secrétaire nationale du PCF, a évoqué Dieppe parmi les « quelques belles villes qui vont de nouveau se donner un maire communiste ». Le journal Paris-Normandie ne perd pas une miette de ce duel entre trentenaires, l’expert-comptable à lunettes contre le juriste apparatchik du PCF. Tous deux amènes, bien implantés et désireux de présenter une vitrine rénovée de leurs écuries : Sébastien Jumel se définit comme « un communiste du quotidien », non par idéologie mais par souci « du bonheur partagé », mais reste bien dans la ligne du Colonel Fabien. Jean Bazin revendique, lui, le bon sens sarkozyste : « Il a essayé de débaucher tous les socialistes, même moi », raconte Thierry Levasseur, le patron de la section PS. Les logos du PCF et de l’UMP n’apparaissent pas sur les murs de leurs locaux. Et les photos de Bazin avec le président de la République ont disparu avec sa chute dans les sondages. « Ils disent que je cache Sarkozy. Mais est-ce que Jumel met des affiches de Buffet ? Sanctionner Sarko et Carla, qu’est-ce que ça changera pour les problèmes des Dieppois ? Rien », plaide Bazin. La législative de juin a aussi rendu le candidat communiste optimiste. Elle s’est soldée par la nette victoire de la candidate socialiste Sabine Hurel, face à Bazin. « Mais un coco qui fait 20 % au premier tour des législatives sans être député sortant ou maire, vous en connaissez beaucoup ? » fanfaronne Jumel. « A Dieppe, la gauche gagne quand elle est rassemblée, quand les forces anarcho-syndicalistes et l’action catholique ouvrière sont mobilisées. Et les Dieppois ont envie d’adresser un carton rouge au gouvernement Sarkozy », assure-t-il.

Gage de modernité. En ces terres fabiusiennes - on est à une heure de TER de Rouen - les socialistes ont accepté de laisser la tête de liste au PCF en échange de bons procédés aux conseil général et régional qu’ils contrôlent. Mais le retour de Cuvilliez en numéro 3 sur la liste leur fait dresser les cheveux sur la tête : « Les Dieppois n’acceptent pas le retour au passé. Cuvilliez devait avoir une place symbolique et il est troisième. Mais il ne sera pas adjoint, mais simple conseiller municipal », explique Levasseur, numéro 5 sur la liste. En cas de victoire, chaque adjoint au maire PCF aura un conseiller délégué PS. Et vice-versa. Un gage de modernité ou de blocage ? « On a fusionné nos projets », assure le socialiste.

Beaux jours. Celui de Bazin, assez concret, prévoit deux nouveaux quartiers. Celui de Jumel une relance du port sur un trafic de niches comme le commerce équitable. Contre Le Havre et ses conteneurs, Dieppe ne fait pas le poids avec ses bananes. Et les beaux jours de la liaison transmanche vers New Haven sont derrière. Pour enrayer le déclin, la droite a réalisé sur les pelouses de la grande plage un « centre ludique de balnéothérapie » avec une piscine d’eau de mer chauffée en plein air. Mais aucun des deux candidats ne veut faire de Dieppe « un petit Deauville ».

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Messages

  • Bonjour Matthieu,
    Je suis moi même Dieppois et je jubile à la lecture de cette description acide de la victoire de la gauche dieppoise. Il est de très loin préférable de voir le staliniste dernier cru (sic) Sébastien Jumel à la tête de la Mairie que le sarkozyste amateur Jean Bazin. Merci pour cette analyse qui se révèle très juste à la lumière du scrutin. En tout cas tu semble bien connaitre Dieppe.
    Nous souhaitons organiser avec notre collectif dieppois une soirée concert débat à Dieppe au mois de septembre autour des médias alternatifs et l’information/presse en général. Serais-tu intéressé pour y apporter ta contribution, en nous aidant à animer un débat avec d’autres participants et l’assistance ?
    merci de me répondre à mathieu_defrance@yahoo.fr
    salutations militantes
    Mathieu