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AFGHANISTAN : L’Italie paie-t-elle les taliban pour maintenir la sécurité ?

Publie le jeudi 15 octobre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Le quotidien britannique The Times affirme que les services secrets italiens ont rétribué des taliban en Afghanistan pour assurer la sécurité dans une région dont ils avaient la responsabilité. Rome et Paris estiment ces informations "infondées". L’Otan n’était "pas au courant".

Selon The Times, les services secrets italiens auraient versé des dizaines de milliers de dollars aux commandants taliban et aux seigneurs de guerre locaux pour maintenir en paix dans la région afghane de Saroubi. Puis, au moment de transmettre le contrôle de la région aux soldats français, auraient omis cette information. Omission à l’origine, toujours selon le quotidien britannique, de la mort de dix d’entre eux, en août 2008

Le gouvernement italien a qualifié ces allégations de "totalement infondées". "Le gouvernement Berlusconi n’a jamais autorisé ni consenti aucune forme de paiement d’argent aux membres de l’insurrection talibane en Afghanistan, et n’a pas connaissance d’initiatives de ce type du gouvernement précédent", indique un communiqué de la présidence du Conseil italien.

Un porte-parole de l’Otan a par ailleurs déclaré jeudi n’être "pas au courant". "Ce n’est pas une pratique de contre-insurrection. (...) Mais le gouvernement afghan peut parfois faire des arrangements locaux. Si c’est pratiqué, c’est plus par le gouvernement afghan que par les forces internationales", a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan en Afghanistan, le général Eric Tremblay.

Des porte-parole des armées française et italienne basés à Kaboul n’ont pas souhaité faire de commentaires sur le sujet.

"Les Français ne donnent pas d’argent aux insurgés en Kapisa et Surobi", région proche de Kaboul où ils sont stationnés, mais "font du développement pour accompagner l’action de la force" militaire, a simplement dit le porte-parole français, le lieutenant-colonel Jackie Fouquereau.

La défense française a qualifié jeudi de "non fondées" ces informations. Le porte-parole de l’état-major des armées à Paris, l’amiral Christophe Prazuck, a affirmé "ne disposer d’aucun élément permettant de confirmer ces informations". "Ce sont des rumeurs et ce n’est pas la première fois que nous les entendons", a ajouté l’amiral.

Financer des milices locales pour assurer la sécurité d’opérations de développement est "un risque qui existe et dont on doit tenir compte pour éviter qu’il ne se transforme en réalité, c’est une de nos préoccupations", a-t-il cependant observé.

Plusieurs sources militaires ayant requis l’anonymat avaient déjà évoqué ce genre de pratiques, notamment chez les soldats canadiens stationnés dans la province de Kandahar (sud) mais aussi dans d’autres régions et par des militaires d’autres pays.

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/l-italie-paie-t-elle-les-taliban-pour-maintenir-la-securite_794712.html

Messages

  • Comment les 10 soldats français furent tués en Afghanistan en août 2008

    15/10/2009 - Bloc-Notes

    Quatorze mois après, le Times de Londres donne l’explication de l’embuscade qui coûta la vie à dix soldats français en Afghanistan (le 18 août 2008), dans un article présenté comme exclusif ce 15 octobre 2009.

    L’attaque avait été une surprise puisque la zone où elle eut lieu était restée calme ; mais elle l’était, calme, parce que les services de renseignement italiens (les Italiens occupaient cette zone précédemment) payaient les “seigneurs de guerre” locaux pour maintenir le calme.

    Les Italiens ayant quitté la zone, le paiement avait été interrompu. Les Français, qui prirent la zone sous leur contrôle un mois avant l’incident, ignoraient cette situation du temps des Italiens et le changement intervenu.

    « What [the French] did not know was that in the months before the French soldiers arrived in mid-2008, the Italian secret service had been paying tens of thousands of dollars to Taleban commanders and local warlords to keep the area quiet, The Times has learnt. The clandestine payments, whose existence was hidden from the incoming French forces, were disclosed by Western military officials.

     »US intelligence officials were flabbergasted when they found out through intercepted telephone conversations that the Italians had also been buying off militants, notably in Herat province in the far west. In June 2008, several weeks before the ambush, the US Ambassador in Rome made a démarche, or diplomatic protest, to the Berlusconi Government over allegations concerning the tactic.

     »However, a number of high-ranking officers in Nato have told The Times that payments were subsequently discovered to have been made in the Sarobi area as well. Western officials say that because the French knew nothing of the payments they made a catastrophically incorrect threat assessment. “One cannot be too doctrinaire about these things,” a senior Nato officer in Kabul said. “It might well make sense to buy off local groups and use non-violence to keep violence down. But it is madness to do so and not inform your allies.” »

    On trouve dans ces circonstances, rapportées par le Times, toutes les circonstances de ce type de guerre dont le sens est impossible à saisir parce qu’il n’existe pas, où les pratiques mercantiles remplacent bien souvent les opérations normales de guerre pour la “pacification” ou la “sécurisation”, où l’absence de coordination, la méfiance, l’absence de solidarité ou l’indifférence marquent les rapports entre alliés. (Les Italiens n’ont pas averti les Français. Les Américains espionnent tout le monde, donc les Italiens dans ce cas, et étaient intervenus dans cette circonstance contre cette pratique italienne alors qu’ils l’utilisent eux-mêmes dans nombre de circonstances.)

    Il est difficile de trouver mieux résumés, dans une circonstance tragiques dont les conditions sont révélées par le Times, les attendus d’une condamnation plus complète d’une guerre dont personne ne comprend le sens, entre la narrative officielle et la réalité évidente. Chacun affirme sa solidarité et proclame les buts humanitaires du conflit, ou sa nécessité stratégique. Mais tout le monde s’y trouve pour des raisons médiocres d’opportunité politique ou de situation intérieure de communication. La plupart des alliés sont en Afghanistan parce que les Américains le leur demandent et que leur politique de servilité à cet égard leur interdit de refuser, mais leur engagement est minimal et l’objet de tous les arrangements possibles. Les Américains s’y trouvent parce qu’ils suivent une voie (la “politique de l’idéologie et de l’instinct”) dont ils ne peuvent sortir, par crainte d’être accusés de couardise par leur public et leur opposition, et parce que la machine de guerre US se refusent à abandonner ce qu’elle croit tenir ferme. Personne, parmi ceux qui connaissent les conditions réelles du conflit, ne croit fondamentalement à tout ce que débite la narrative officielle et tout le monde joue pour son compte sans se préoccuper de l’allié, ni l’informer de ses réelles conditions d’engagement. Dans ces conditions, payer les potentats locaux a évidemment un sens et, comme dit l’officiel cité, « One cannot be too doctrinaire about these things ».

    Toutes les conditions de la profondeur du gouffre séparant la présentation virtualiste de la chose (la narrative) et la réalité sont réunies. L’un des effets de la chose est que les hommes et des femmes meurent pour cette étrange “cause” qui est celle de la plus complète perversion qu’on puisse imaginer pour un système politique. Peut-être l’affaire va-t-elle trouver quelque prolongement dans des protestations des familles touchées, déclenchant peut-être des protestations entre les alliés impliqués – ou peut-être pas tant les circonstances sont peu glorieuses, et on fera comme si rien n’avait été publié. Rien, absolument rien ne sera dit sur l’essentiel, qui est de faire, on ne peut rêver plus mal et plus stupidement, une guerre sans but ni sens, que tout le monde juge au fond de soi inutile, coûteuse et sans perspective, et qui est inutilement cruelle pour des soldats qui comprennent si peu de choses au sens d’un combat qui n’a guère de sens.

    Mis en ligne le 15 octobre 2009à 06H38

    http://www.dedefensa.org/article-comment_les_10_soldats_francais_furent_tues_en_afghanistan_en_aout_2008_15_10_2009.html

  • critique , moquerie...facile

    bien sur le mieux aurait été qu ’ils n’ y mettent pas les pieds.Mais en attendant , je ne trouve ça pas si con ...la preuve les 10 tués sont Français , pas Italiens.

    Makhno