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Accident du travail : interdit de gérer, il tue à nouveau un ouvrier aux Milles

Publie le jeudi 29 juillet 2010 par Open-Publishing

Justice. Interdit de gérer, il tue à nouveau un ouvrier aux Milles

Un an ferme pour un mort sur un chantier Un entrepreneur du bâtiment déjà condamné pour un accident mortel sur un chantier a été à nouveau reconnu coupable d’homicide involontaire. M. R. , 42 ans, écope de 3 ans de prison dont 2 avec sursis.

Sous le coup d’une interdiction de gérer, il avait d’abord nié sa présence sur les lieux du drame pour concéder n’être que simple conducteur de travaux. Il a décidé de faire appel.Laurent Jardin, charpentier, était tombé de sa nacelle le 24 novembre 2004 aux Milles.Inspecteurs du travail, gendarmes, experts et trois juges d’instruction avaient vite vu des invraisemblances dans les circonstances de cet accident déclaré sans témoin où tout laissait penser à un maquillage des lieux.

Si Eric Gibillaro, 42 ans, est reconnu coupable de faux et condamné à 1500 euros d’amende - il avait faxé après le drame à l’Urssaf une déclaration d’embauche pour M. R. au sein de la société CCM qui sous-traitait la charpenterie - mais Gibillaro est très significativement relaxé pour travail dissimulé, ce qui par ricochet met en relief le rôle éminent de M. R. dans la direction du chantier. Un ouvrier avait fini par dire aux enquêteurs que ce jour-là M. R. était aux commandes du chariot élévateur et avait heurté la nacelle, entraînant Laurent Jardin, son ami d’enfance, dans une chute mortelle de 9 mètres.

En fin d’instruction, l’accusation d’obstacle à la manifestation de la vérité par modification de l’état des lieux était écartée. Tout démontrait pourtant qu’avant l’arrivée des pompiers, on avait voulu faire croire que la victime portait un casque et un harnais de sécurité. "Vous êtes patron de rien mais vous vous occupé de tout !", avait lancé la présidente Véronique Imbert à M. R. , lui rappelant qu’il était sous le coup d’une interdiction de gérer pendant 15 ans suite à une condamnation en 2004 à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire en 2000. "Il est le véritable chef de chantier pour ne pas dire le véritable patron de Techniverrier", accusait Me Thierry Mudry, partie civile. "Tous ces montages pour faire croire qu’on n’y était pas, pour dire de son ami d’enfance qu’il avait un harnais de sécurité, c’est très désagréable", avait noté le ministère public dont les réquisition de 3 ans de prison dont 6mois ferme ont été aggravées. "Il n’a pas fui, il était accablé. Le déguisement de la scène du drame, ce n’est pas lui mais d’autres", avait plaidé Me Yann Le Dantec.

Dirigée par une gérante de paille proche de M. R. , la société Techniverrier qui sous-traitait la construction du hangar est condamné à 15.000 euros d’amende. La société Miami Milles, propriétaire du terrain écope de 5.000 euros d’amende pour n’avoir pas désigné de coordinateur de travaux comme la loi l’exige pour ce chantier à nombreux sous-traitants.

David Coquille

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