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Appel à soutien au peuple Rrom

Publie le jeudi 29 janvier 2004 par Open-Publishing

Le 8 mars prochain, une maman de la communauté Rrom de
Montreuil est convoquée au TGI de Paris ; pour avoir
fait la manche avec ses enfants, accusée de
maltraitance, elle risque jusqu’à 7 ans
d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende…

Depuis des décennies les Roms sont victimes de
discriminations et de politiques racistes en Roumanie
 : on leur refuse l’accès aux soins, à l’enseignement,
au logement et au travail.
La chute du régime de Ceausescu n’a fait qu’accentuer
cette exclusion et les a contraints à s’exiler dans
toute l’Europe et notamment en France, où ils se
retrouvent sans ressources ni défense en terre
hostile. En l’absence de toute politique d’accueil de
ces demandeurs d’asile, des dizaines de familles ont
été contraintes de s’installer dans des immeubles
vacants ou des terrains recréant ainsi des bidonvilles
que l’on croyait disparus depuis longtemps.

La seule réponse du gouvernement actuel à l’arrivée de
ces exilés (moins de 4000 personnes) est la
stigmatisation et la répression. C’est ainsi que toute
la communauté Rom se retrouve dans la ligne de mire du
ministre de l’intérieur et fait l’objet de pressions
policières croissantes, d’expulsions répétées de leurs
lieux d’habitation et de renvois forcés en Roumanie
sans considération de leurs conditions de vie dans ce
pays et sans considération de leurs attaches en France
(c’est ainsi que des familles se retrouvent déchirées,
avec selon les scenarii le père expulsé et la mère et
les enfants en France ou inversement le père ici et le
reste de la famille dans l’avion)

Face à cette offensive du gouvernement contre la
communauté Rom, des collectifs de soutien se sont
constitués dans les différentes communes où se sont
installées ces familles. Les objectifs de ces comités
sont entre autres : la scolarisation des enfants et la
formation professionnelle pour les adultes, l’accès
aux soins, la régularisation avec une autorisation de
travail, l’accès à un logement décent.

Pourtant, malgré quelques résultats concrets (à
Fontenay en 4 ans, 15 familles ont été régularisées et
relogées) le gouvernement entrave systématiquement le
travail des collectifs et des associations :
Après les expulsions rafles ( Choisy-le-Roi en
décembre 2002, Achères en mars 2003, Montreuil en
avril 2003 ) dont le but d’expulser massivement les
Rroms n’a pas été atteint, le gouvernement fait preuve
d’un acharnement législatif de manière à légitimer ses
pratiques discriminatoires en criminalisant un peu
plus cette communauté.
En effet depuis plusieurs semaines, tombant sous le
coup des lois Sarkozy, des femmes se sont faites
interpeller alors qu’elles faisaient la manche avec
leurs enfants (garde à vue pour les mamans et hospice
pour les petits).

Art227-15 du Code Pénal (18 mars 2003) : Le fait,
par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou toute
autre personne exerçant à son égard l’autorité
parentale ou ayant autorité sur un mineur de quinze
ans, de priver celui-ci d’aliments ou de soins au
point de compromettre sa santé est puni de sept ans
d’emprisonnement et de 100000 euros d’amende.
Constitue notamment une privation de soins le fait
de maintenir un enfant de moins de six ans sur la voie
publique ou dans un espace affecté au transport
collectif de voyageurs, dans le but de solliciter la
générosité des passants.

Nous sommes tous très inquiets des dérives
ultra-répressives du gouvernement qui visent à « 
nettoyer » nos rues de ses pauvres, et à repousser ces
familles sur la route de l’exil.
De plus, il est inconcevable de s’acharner de la sorte
sur des citoyens roumains qui deviendront en 2007, des
citoyens européens .

Nous exigeons :

 la liberté de circulation et d’installation pour ces
familles
 l’accès aux droits fondamentaux (soins, logement,
enseignement)
 la régularisation avec autorisation de travail
 une prise en charge sociale des familles
 la restitution des passeports confisqués par les
autorités roumaines lors des expulsions
 l’abrogation de la loi sur la mendicité aggravée

nous vous convions à une réunion le jeudi 29 janvier à
19h à la Bourse du travail de Montreuil, pour
envisager ensemble des actions à mener pour que
l’injustice de cette loi soit rendue publique et que
la criminalisation de la pauvreté ne franchisse pas un
nouvel échelon.