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Appel international pour la vérité sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl

Publie le dimanche 8 octobre 2006 par Open-Publishing

CRIIRAD
Commission de Recherche et d’Information

Indépendantes sur la Radioactivité

Tel. : 04 75 41 82 50 / Fax : 04 75 81 26 48

E-mail : contact@criirad.org / Internet : http://www.criirad.org

En association avec le Dr Galina Bandazhevskaya et le Pr Youri Bandazhevsky (Bélarus), avec le soutien du Dr Rosalie Bertell (États-unis) et de Bella Belbéoch (France), le président de la CRIIRAD, Roland Desbordes, a lancé ce jour, à Paris, un appel international aux États membres de l’ONU et à son secrétaire général, Kofi ANNAN pour :

1. la constitution d’une commission d’enquête sur la manière dont les agences onusiennes ont géré le dossier Tchernobyl. L’audit doit tout particulièrement concerner les interventions de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA), de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le comité spécialisé sur les effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR).

En fonction des résultats des travaux de la commission, les signataires de l’appel décideront de saisir, ou non, le tribunal pénal international.

2. la révision des statuts de l’AIEA : tant que cette agence a pour mission fondamentale de promouvoir le nucléaire civil partout dans le monde, il est impératif de lui confisquer tout pouvoir en matière d’évaluation des risques et d’élaboration des normes de protection.

3. l’abrogation de l’accord de 1959 qui oblige l’OMS à se concerter avec l’AIEA pour régler tout différent « d’un commun accord ».

Ces aberrations statutaires sont responsables de la subordination des intérêts sanitaires de l’ensemble de la population mondiale aux intérêts particuliers du lobby nucléaire.

La CRIIRAD appelle :

1/ chaque citoyen à se mobiliser et à signer la pétition internationale pour la vérité sur Tchernobyl, qui sera traduite dans le maximum de langues et devra réunir 1 million de signatures pour appuyer la demande de constitution d’une commission d’enquête indépendante.

2/ tous les responsables politiques et associatifs, toutes les personnalités des milieux scientifiques, médicaux... à signer l’appel qui va être adressé au secrétaire général de l’ONU.

PETITION

(projet en cours d’élaboration)

1. Je me déclare reconnaissant envers les membres des équipes d’intervention et les centaines de milliers de liquidateurs qui ont risqué leur santé et leur vie pour empêcher que le bilan de la catastrophe de Tchernobyl ne soit considérablement plus lourd pour l’ensemble des populations : pour stopper les rejets radioactifs, empêcher une seconde explosion, refroidir le réacteur, construire le sarcophage, nettoyer les milliers de kilomètres carrés les plus gravement contaminés, etc.

2. Je me déclare solidaire des victimes de la catastrophe, de tous ceux qui ont été exposés à la radioactivité en travaillant dans les zones à risque aux travaux de confinement et de décontamination, des quelques 200 000 personnes évacuées, des dizaines de millions de personnes exposées aux rejets radioactifs et dont beaucoup continuent de vivre 20 ans après dans un environnement contaminé et de consommer des aliments radioactifs.

3. Je me déclare scandalisé par le bilan que les agences de l’ONU ont publié pour la célébration du 20ème anniversaire de la catastrophe, bilan qui vile le b. a. ba de toute démarche scientifique afin de minorer au maximum l’impact sanitaire et environnemental de l’explosion.

4. Je refuse que toutes ces personnes qui ont souffert, souffrent, ou souffriront, des conséquences de la catastrophe soient , en outre, victimes du cynisme d’organismes officiels qui refusent de reconnaître leur existence. Je ne veux pas que mon silence me rende complice d’une telle indignité.

5. Je demande qu’un bilan le plus exact possible soit établi et qu’il serve à redéfinir les modalités de protection des populations en cas de nouvelle contamination :

Bilan officiel : les effets sanitaires de l’exposition à la radioactivité sont mineurs. En revanche, on constate de graves traumatismes causés par les évacuations. Utilisation de ce bilan biaisé pour gérer à moindre coûts les prochaines contaminations (attentat, accident, uranium appauvri...) : maintien des populations dans les zones contaminées, sans indemnités ni prise en charge.

C’est pourquoi je demande à Monsieur Kofi ANNAN, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies :

la constitution d’une commission d’enquête internationale, pluraliste et indépendante chargée de contre expertiser le bilan officiel publié par l’ONU (censé apporter des « réponses définitives » sur « l’ampleur réelle de l’accident ») .

l’inscription à l’ordre du jour des travaux de l’ONU de :

la révision des statuts de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) : tant que cette agence a en charge le développement des applications civiles de l’énergie nucléaire, elle ne doit plus intervenir sur les recherches relatives aux conséquences sanitaires des expositions à la radioactivité.

l’abrogation de l’accord qui lie depuis 1959 l’OMS à l’AIEA et oblige les 2 agences à régler d’un commun accord les différents qui les opposent.

Missions de la commission d’enquête indépendante

Elle sera chargée d’auditer le travail effectué par l’AIEA et l’OMS au cours des 20 dernières années. L’audit portera notamment sur les conditions d’élaboration et de diffusion du communiqué conjoint publié par l’AIEA, l’OMS et le PNUD « Tchernobyl : l’ampleur réelle d’une catastrophe ». Les auteurs affirment notamment que le bilan de mortalité s’élève aujourd’hui à 60 décès : 9 enfants décédés des suites d’un cancer de la thyroïde radioinduit ; 51 parmi les intervenants qui ont reçu de très fortes doses de rayonnement (personnel de la centrale et des équipes de secours). Selon les 3 agences onusiennes, le bilan de mortalité s’élèvera, au maximum, à 4 000 décès.

Ces conclusions sont présentées comme la manifestation d’un consensus scientifique et médical international. Elles servent désormais de justification à la reprise d’une vie « normale » dans les territoires contaminés (repeuplement, développement économique et diminution des apports en aliments non contaminés, des séjours en sanatorium, etc).

La commission d’enquête devra notamment vérifier la comptabilisation officielle des décès imputables à Tchernobyl. Devront notamment être contrôlés les protocoles et critères retenus par l’AIEA, l’UNSCEAR et l’OMS pour exclure de la liste des victimes les liquidateurs décédés. En liaison avec les associations de familles de liquidateurs (qui revendiquent des dizaines de milliers de décès imputables à l’exposition à la radioactivité libérée par l’explosion de 1986), un nombre suffisant de dossiers devra être sélectionné et les membres de la commission d’enquête devront vérifier si les experts de l’ONU disposaient d’arguments scientifiques et médicaux suffisants pour affirmer que l’exposition à la radioactivité n’a joué aucun rôle dans leur décès et pour les rayer de la liste des victimes de Tchernobyl.

Sous réserve du respect de l’anonymat des victimes, le travail de la commission, ses méthodes, ses moyens d’action et ses résultats devront être pleinement accessibles et prévoir des débats contradictoires avec les différentes parties et notamment les familles et leurs conseils et représentants.

http://www.criirad.org