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Attentat de Karachi : le parquet fait obstacle à l’enquête sur Karachi.

Publie le jeudi 7 octobre 2010 par Open-Publishing
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Le parquet de Paris s’est opposé jeudi à l’ouverture d’une enquête par un juge indépendant sur des soupçons de corruption lors d’une vente de sous-marins au Pakistan en 1994, un dossier susceptible d’inquiéter Nicolas Sarkozy.

Peu après la signature par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke d’une ordonnance lançant des investigations pour "corruption et abus de biens sociaux", le procureur Jean-Claude Marin, lié hiérarchiquement au pouvoir, a annoncé qu’il faisait appel en invoquant des problèmes de "procédure".

L’enquête est suspendue au moins six mois, le temps que la cour d’appel tranche.

Ce litige intervient alors qu’apparaissent de nouveaux éléments sur l’apport de deux millions d’euros en espèces d’origine suspecte à la campagne présidentielle en 1995 d’Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy, secrétaire d’Etat au Budget (1993-1995), fut le porte-parole.

L’affaire est liée à un attentat-suicide à Karachi le 8 mai 2002 dans lequel furent tuées 15 personnes, dont 11 ingénieurs et techniciens français de la Direction des constructions navales (DCN), travaillant à la construction des sous-marins.

La piste islamiste évoquée initialement a été abandonnée, les suspects ayant été blanchis au Pakistan. Divers renseignements, mais aucune preuve, laissent penser que l’armée pakistanaise aurait commandité l’attentat en représailles du non-versement d’un reliquat des "commissions" dues par la France.

L’enquête a montré que le versement de 84 millions d’euros, soit 10,25 % du contrat, destinés à des officiels pakistanais, avait été convenu lors de la signature du contrat signé par le gouvernement Balladur en 1994. Les paiements ont été stoppés après l’élection de Jacques Chirac à l’Elysée en 1995.

Les policiers français, qui ont enquêté dans un cadre préliminaire, pensent qu’une partie de cet argent pourrait être revenue en France en 1994-1995 afin de financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.

LE NOM DE SARKOZY APPARU AU LUXEMBOURG.

Des pièces saisies par la police au Conseil constitutionnel montrent que ses rapporteurs ont demandé en vain en 1995 le rejet des comptes de campagne d’Edouard Balladur, en raison de versements en espèces non justifiés de plus de 13 millions de francs (deux millions d’euros) dans sa caisse, lit-on dans l’ordonnance du juge Van Ruymbeke, que Reuters a consultée.

Edouard Balladur a expliqué au Conseil constitutionnel que cet argent provenait de la "vente de gadgets et de T-shirts", peut-on lire.

Cette explication a été jugée peu crédible par les rapporteurs, qui relevaient l’absence de justificatifs et les 22 dépôts en espèces en mars et avril 1995, dont un de plus de 10 millions de francs le 26 avril 1995.

Ces éléments n’ont jamais figuré dans la validation des comptes Balladur, finalement publiée au Journal officiel.

Il s’agit d’un "scandale et d’un mensonge d’Etat", a dit lors d’une conférence de presse Maître Olivier Morice, avocat des familles de victimes de Karachi.

"Nous accusons le président Sarkozy et Edouard Balladur d’être au coeur d’un système de corruption. Nous souhaitons que le juge Van Ruymbeke puisse enquêter, la justice doit être la même pour les pauvres et ceux qui sont au pouvoir", a-t-il dit.

Une mission d’information parlementaire a confirmé en mai que sur les 84 millions d’euros de commissions, 33 ont été demandés au dernier moment par un intermédiaire libanais, Ziad Takieddine, envoyé par le ministre de la Défense de l’époque, François Léotard.

La trace de l’argent se perd dans les circuits off-shore à l’Ile de Man, au Liechtenstein, en Suisse et dans les Caraïbes, écrit le juge Van Ruymbeke dans son ordonnance.

Le magistrat conclut que l’enquête préliminaire "tend à confirmer l’existence d’une corruption au Pakistan", avec comme possible bénéficiaire, selon lui, Ali Zardari, actuel président du Pakistan.

D’après des documents saisis par la police du Luxembourg, transmis à Paris, Nicolas Sarkozy est comme ministre du Budget à l’origine de la création de deux sociétés mises en place pour recevoir initialement les commissions, Heine et Eurolux.

Le président français a contesté toute implication dans l’affaire et a parlé publiquement de "fable".

Edouard Balladur a déclaré publiquement ne rien savoir de cette affaire.

http://www.lexpress.fr/actualites/2/le-parquet-fait-obstacle-a-l-enquete-sur-karachi_925939.html

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