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Azouz Begag, retour en force

Publie le samedi 1er avril 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

Lire, ou relire, dans Libération d’hier, cet édifiant papier narrant comment vendredi dernier, à Lyon, le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances (1) a tombé le masque, fendu l’armure ou pété un plomb. Interpellé lors d’une réunion publique par Mansour Benaouda, 27 ans double bachelier + 5 (et plus trois encore à chercher un emploi), "le gentil ministre écrivain sociologue issu des quartiers difficiles et de l’immigration" se révéla enfin membre d’un gouvernement qui regarde un Arabe porteur d’une caméra comme un berger allemand renifle un taulard évadé. Oublieux soudain de ses postures qui passent si bien à la télé, de sa gouaille volontariste et de son connivent franc-parler, Azouz Begag eut ce réflexe d’assiégé consistant à regarder a priori, dans un jeune un peu bronzé, l’agent terroriste et provocateur d’une cinquième colonne bolchevique infiltré sous les lambris des palais de la République à seule fin de le piéger, lui, Azouz « liberté-égalité-fraternité » Begag, enfant naturel et prodige de la laïcité.

Les lèvres pincées, l’index accusateur tendu vers l’objectif d’une caméra forcément importune, le tutoiement brutal des jours de flics à Clichy, tout, chez le ministre du ripolinage des cages d’escalier, exsuda soudain la paranoïa réflexe du vigile de supermarché. Effet de dédoublement garanti : aux antipodes de ce qu’à l’automne, il affichait d’indépendance prétendue vis-à-vis de son collègue de l’Intérieur, Begag semblait en être devenu le petit rapporteur. Ces façons lui valent son fromage, sans doute, mais à l’heure où les citoyens des banlieues énervées semblent faire peu de cas de ce CPE jeté comme un pavé de plus dans la mare de leurs discriminations, il conviendrait, je crois, de promouvoir M. Azouz Begag. Afin de faire, entre MM. de Villepin et Sarkozy, un trait d’union.

(1) Ce sont les termes officiels et décidément extravagants qui habillent sa fonction de potiche ministérielle.


Azouz Begag : message reçu

par Olivier BERTRAND Libération, 1° Avril

Jeudi, Libération racontait comment Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, avait malmené un jeune demandeur d’emploi. Des responsables associatifs ont alors reçu ce courriel d’un directeur d’association de la région : « Le ministre m’a demandé de le soutenir en écrivant à Libération. Passe le message pour qu’il y ait un maximum de témoignages. » Le responsable d’une institution culturelle stéphanoise s’est exécuté et lui a renvoyé une lettre, avec ce mot : « J’ai concocté une réponse qui, j’espère, te conviendra, ainsi qu’à Azouz Begag. » Hélas, son interlocuteur s’est pris les doigts dans le clavier. En transmettant la lettre à Libération, il a joint les mails précédents, par lesquels il passait commande. Contacté, il assure qu’il a agi de sa propre initiative, qu’il n’a « aucune relation de près ou de loin avec ce ministère ».


Interpellé à Lyon par un jeune chômeur, le ministre met en doute son honnêteté.

Azouz Begag en flagrant délit d’inégalité des chances

par Olivier BERTRAND - Libération, 30 avril

Sans les images, la scène serait difficile à croire. Vendredi, alors qu’il participait à un colloque à la préfecture du Rhône, Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, s’est livré à un curieux dérapage sur un jeune demandeur d’emploi, membre d’une association. Le garçon l’avait interpellé devant des journalistes. Alors, une fois les médias repartis, le ministre l’a soumis à la question, et la caméra de l’association a tout enregistré. Au départ, le ministre répondait à des journalistes après une rencontre sur l’égalité des chances. Il défendait le CPE, disait que « les étudiants qui investissent la Sorbonne devraient se souvenir des émeutes » de l’automne dernier (lire aussi pages 2 à 7). Le chômage, ajoutait-il, « atteint 50, 60 % chez les jeunes des quartiers qui se sont manifestés violemment ». Il promettait de « défoncer les cloisons, les plafonds de verre de cette société », lorsqu’un jeune homme l’a interrompu.

« Votre CV ». Mansour, 27 ans, chômeur, prépare pour une association, Camérage, un documentaire sur les « parcours de vie » d’habitants de barres qui seront détruites. Il pensait au départ interroger le ministre sur le sujet, mais les propos d’Azouz Begag le faisant réagir, il le coupe : « J’ai deux bacs + 5, je m’appelle Mansour Benaouda et je cherche du travail depuis trois ans. Qu’est-ce que vous avez à me dire ? » Azouz Begag prend alors les journalistes à témoins. « J’adore. Filmez-le ! Moi, je ne parle pas dans le vide. » Comme le ministre répète le nom de famille de Mansour en le prononçant à l’arabe, le jeune homme lui dit : « On peut le dire en français. » Puis il détaille ses diplômes, passés à l’Ecole normale supérieure et à Lyon-II. Azouz Begag lui explique que le gouvernement va s’engager dans un plan de retour à l’emploi « pour 6 000 jeunes des quartiers ».
Mais Mansour rétorque qu’il n’habite pas un « quartier », et qu’il veut devenir « concepteur-rédacteur dans la publicité ou la communication ». Azouz Begag lui dit : « Nous sommes là pour vous aider. Donnez-moi votre CV. » Mansour répond : « Ça s’appelle du piston. » Alors, le ministre rétorque : « Ça s’appelle réinscrire sur le marché du travail des jeunes qui ont des compétences. Pourquoi je vous pistonnerais ? Vous n’êtes pas mon frère. » La conférence de presse est alors écourtée, et le ministre rejoint le cocktail dans un salon de la préfecture.

Les journalistes s’en vont, mais Mansour continue de filmer. Soudain, Azouz Begag l’avise et vient vers lui, suivi de plusieurs personnes. « Alors, est-ce que vous pouvez nous dire qui vous êtes, jeune homme, finalement ? » Mansour commence à répondre, mais le ministre le coupe. « Attendez, nous aussi on va vous filmer. » Il s’adresse à un homme qui le suit : « Prends la caméra, filme. » L’homme s’exécute, prend la caméra des mains de Mansour. « Allez, dites-nous qui vous êtes. On va essayer de dérouler ce qui se passe », reprend le ministre, pendant que Cécile, membre de Camérage, tente de reprendre la caméra. Begag, autoritaire, s’interpose : « Non, non. S’il vous plaît ! Vous laissez. C’est lui qui va filmer. »

Subventionnés. Mansour ne s’énerve pas, répond aux questions, puis l’homme qui filme lui demande, en le tutoyant d’emblée : « Et tu travailles ou pas ? » Il répond qu’il cherche de travail. Alors l’homme lui jette : « T’as une belle caméra pour quelqu’un qui ne travaille pas. » Et le ministre Azouz Begag, en souriant, reprend la phrase : « Vous avez une belle caméra. C’est votre caméra ça ? » Mansour explique que l’appareil appartient à l’association, qu’ils sont subventionnés. Azouz Begag demande alors à Mansour le nom de son association, et celui qui filme ajoute : « De gauche ou de droite ? » Mansour répond : « Mais c’est ça le piège. Vous faites une division des êtres humains par des idées de droite et de gauche. Ça ne veut plus rien dire. Monsieur Georges Frêche, par exemple, a l’étiquette du Parti socialiste. On ne peut pas dire qu’il soit vraiment de gauche. » Begag le coupe : « Répondez à la question, c’est tout. »

Un proche du ministre demande ensuite à Mansour s’il joue la comédie. Alors, le jeune homme répond, effaré : « Mais vous vous rendez compte ? Vous êtes en train de prendre une situation réelle, une situation de crise pour moi, pour une comédie ? » L’homme qui le filme dit : « Moi, je veux juste te poser une question. Tout à l’heure, tu as dit que tu cherchais du boulot. En fait, tu t’en fous d’avoir du boulot. Tu voulais juste tester s’il tient parole, le ministre ? » Mansour lui répond : « Je ne m’en fous pas d’avoir un boulot. J’ai envie d’être comme tout le monde. » Quelqu’un lui lance : « Tu devrais passer un CAP son et lumière. » Et Azouz Begag conclut, en le tutoyant, cette fois : « T’as pas l’air très clair, hein ? » La caméra s’abaisse et l’image s’arrête.

Manipulation. Cinq jours après les faits, le cabinet se montre embarrassé. Azouz Begag indique qu’il a réagi ainsi car il pensait à une manipulation. Il affirme qu’il ne connaissait pas l’homme qui a filmé à sa demande, même s’il le tutoyait. « Ma première démarche, insiste-t-il, a été de sortir de la galère le garçon qui m’interpellait. Je suis sympa, je lui demande de m’envoyer un CV pour le transmettre aux entreprises, et je le retrouve dix minutes plus tard en train de me filmer, de me voler des images en douce. J’ai senti une manipulation profonde. Puis on s’est rendu compte avec la préfecture que c’était une association financée. »

Vendredi, l’attachée de presse du ministre, un conseiller technique puis le chef de cabinet ont appelé à tour de rôle l’association pour expliquer qu’il s’agissait d’une méprise, et s’excuser. Mais les membres de Camérage ont quand même décidé de raconter ce qui leur est arrivé. Mansour a même envoyé un CV au ministère, hier matin. « Ce n’est pas une solution, dit-il, mais je ne voulais pas qu’ils disent que je me fous du travail. » En attendant d’en trouver, il a décidé, avec les membres de l’association, de réaliser un petit documentaire sur leur rencontre avec le ministre


Messages

  • SVP laissez le en paix, il est le pantin de service et il est le seul à ne pas le savoir

  • ce mec me donne envi de gerber, si cela est une chance pour la france, je m’en tamponne le coquillard.

  • Mais laissez azouz tranquille , il voulait etre ministre , il l’est , il est heureux , il ne demande rien de plus , rester ministre encore un peu !

    • Ce mec qui nous l’a joué gosse de cité qui a réussi grâce à l’ ecole !
      mes mômes ont leur a fait lire ses bouquins en classe primaire
      nous on le trouvait un ecrivain interessant à la maison
      et puis un beau jour
      voilà qu’il est ministre d’un gouvernement de droite
      et là on a compris
      que ce genre de mec ça pense que à sa réussite !
      alors la suite on connait
      on le voit aux cotés de sarko ça veut tout dire
      mais le mec explique que il fait son boulot de ministre
      un C.O.N. vous dis je
      un vendu un pourri
      la preuve ce qui est ecrit plus haut
      la honte sur nous avec ce gars là
      au début je le croyait naif
      mais c’est pas possible d’ être naif si on analyse correctement
      la politique donc c’est un vendu un collabo
      et je ne veux plus jamais entendre parler de lui
      deception une de plus ! et il aura sa retraite de ministre
      donc finie la précarité pour lui !
      Djo

    • Ce type est un exemple flamboyant de discrimination positive.
      Je l’ai entendu déclarer dans une émission télévisée : " il faut bien qu’il y ait des riches pour aider les pauvres".
      Logique : plus ils seront riches et plus ils pourront aider les pauvres !
      C’est très exactement la vision ultra-libérale de la justice sociale. Navrant et révoltant tout à la fois.

    • Il y’a aussi lieu de se poser la question si le journal libé ne s’est pas un peu réjoui de la gaffe de begag pour faire un peu plaisir a Sarko le copain intime de serge july

  • AZOUZ...

    Dessine moi un mouton...
    Non, pas un mâton...
    Un mou-ton !

    NOSE