Accueil > Berlusconi menace de frapper la presse italienne au portefeuille

Berlusconi menace de frapper la presse italienne au portefeuille

Publie le vendredi 26 juin 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

SCANDALES SEXUELS | Empêtré dans plusieurs affaires relayées par la presse concernant ses frasques, le Cavaliere dénonce un complot. Et conseille aux annonceurs des journaux qui « le calomnient »… de ne plus prendre de pub
Dominique Dunglas | 26.06.2009 | 00:00

« En me calomniant, La Repubblica a un comportement subversif. Les entrepreneurs ne devraient pas faire de campagnes de pub dans les journaux qui attaquent le gouvernement et ne parlent que de la crise, ne faisant que l’aggraver. » Silvio Berlusconi a déclaré la guerre à la presse en menaçant de la frapper au portefeuille.

Il s’en est pris plus particulièrement au groupe L’Espresso- Repubblica, coupable d’avoir raconté les détails de sa relation avec la jeune Noemie. La menace est à prendre au sérieux. Mais le grand quotidien romain n’a pas l’intention de se laisser faire. Sa direction a ainsi porté plainte contre ce président du conseil, peu enclin à respecter la liberté de la presse.

« Rufians, maquereaux, courtisans et prostituées »

La querelle entamée par Silvio Berlusconi tend à accréditer l’existence d’un complot ourdi contre lui par un groupe éditorial manipulé par l’opposition. Pourtant, ce n’est pas La Repubblica mais le Corriere della Sera, quotidien milanais de l’establishment économique, qui a dévoilé la présence de prostituées lors de fiestas organisées dans les résidences du président du conseil.

La magistrature de Bari, qui a ouvert une enquête, a établi comment l’homme d’affaires Gianpaolo Tarantini avait ainsi utilisé des escort girls pour appâter le Cavaliere. Un plan réussi car « Gianpi » est devenu en quelques mois un habitué des palais de Berlusconi, de sa loge au stade et des bureaux des dignitaires du PDL. Une proximité dont il espérait bénéficier dans ses affaires.

Ce comportement n’est pas seulement stigmatisé par la presse de gauche. Ainsi, dans les colonnes de Libero, journal progouvernemental, l’éditorialiste Marcello Veneziani somme le président du conseil de se libérer « des rufians, des courtisans, maquereaux et prostituées » gravitant autour de lui.

Ces révélations n’ont toutefois pas sérieusement ébranlé la popularité de Berlusconi. Sans doute parce que l’opinion publique n’a pas pris la mesure du scandale. Les lecteurs de la presse écrite sont minoritaires et le Cavaliere peut compter sur les trois chaînes Mediaset à sa botte et sur la complicité de deux des trois chaînes publiques. Ainsi, Rai 1, dont le journal est la grand-messe de l’info dans la Péninsule, n’a toujours pas évoqué l’affaire des prostituées. D’autre part, un Berlusconi coureur n’est pas pour déplaire à une partie de la population volontiers machiste. Et les entorses à la légalité soulèvent peu d’indignation en Italie.

C’est finalement l’Eglise qui a réagi le plus fermement. Ce n’est pas un hasard si Benoît XVI a loué dimanche dernier les mérites d’Alcide de Gasperi, le premier président du conseil d’après-guerre, passé à la postérité pour sa rigueur morale et la sobriété de sa vie privée.


Le bras de fer avec de Benedetti

L’hebdo L’Espresso, fondé en 1957, et le quotidien La Repubblica , fondé en 1976, sont les deux vaisseaux amiraux d’un groupe de presse qui compte aussi 15 quotidiens locaux, 8 mensuels, 3 radios et 2 télés sur Internet. A la fin des années 80, Carlo de Benedetti en prend le contrôle (50,8% des actions). La ligne éditoriale s’oppose alors à Bettino Craxi. De Benedetti veut fondre son empire avec la maison d’édition Mondadori. Ami de Craxi, Berlusconi va s’y opposer. La bataille financière durera une dizaine d’années et se soldera par un compromis : Mondadori à Berlusconi et la presse à De Benedetti. Dans le cadre de cette affaire, Berlusconi sera inculpé de corruption de magistrats, mais les faits furent prescrits.
DD

http://www.tdg.ch/actu/monde/berlusconi-menace-frapper-presse-italienne-portefeuille-2009-06-25

Messages