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Bruxelles s’engage pour l’ingérence en Syrie

par Pierre Lévy

Publie le mercredi 30 novembre 2011 par Pierre Lévy - Open-Publishing
2 commentaires

Le Conseil des ministres européen vient d’adopter un septième paquet de sanctions contre le régime de Bachar al-Assad. Bruxelles se félicite également de la décision de la Ligue arabe de suspendre de ses rangs la Syrie. Pour Pierre Lévy, les Européens alliés des Américains se complaisent du soutien de pays voisins de la Syrie - pourtant pas des modèles en matière de droits de l’Homme... - pour faire tomber al-Assad puis faire basculer l’Iran. Cette ingérence dans la poudrière qu’est le Moyen Orient est très risquée.

Les braves gens ! Ces messieurs-dames du Conseil des ministres européen sont très émus par la situation en Syrie. Le 14 novembre, ils ont adopté un nouveau paquet de sanctions contre Damas. Le septième. Et ont accueilli avec enthousiasme la décision prise par la Ligue arabe de suspendre de ses rangs la Syrie. Un « tournant diplomatique » majeur, a souligné Bruxelles. Car cela va sans dire : dès lors qu’elles proviennent de pays voisins ou coreligionnaires, toutes les intrusions et ingérences en deviennent ipso facto légitimes. A ce titre, n’est-il pas par ailleurs tout à fait naturel que les Européens prennent directement les commandes de la Grèce ?

La Ligue arabe constitue en tout cas une référence incontestable en matière de droits de l’Homme. L’Arabie saoudite, l’un des piliers de l’institution, est par exemple un havre renommé de démocratie et de tolérance, au point qu’on se demande bien pourquoi l’actuel roi Abdallah n’a pas encore reçu le Nobel de la paix. Peut-être les Sages d’Oslo le réservent-ils aux émirs du Golfe, dont les pays sont des pionniers incontestés de la démocratie participative ? Parmi eux, le roi du Bahreïn – qui est venu à bout de son propre « printemps » grâce aux troupes saoudiennes, et en embastillant jusqu’aux médecins qui avaient essayé de porter secours aux centaines de victimes – est lui aussi horrifié en pensant au sort réservé aux opposants syriens. Quant aux généraux égyptiens, qui viennent de montrer leur humanisme à balles réelles sur la place Tahrir du Caire, ils ont également fait chorus pour exprimer leur colère face au sort des habitants de Homs ou de Hama.

La Turquie, quant à elle, a lancé l’idée d’une intervention armée en Syrie pour ménager une « zone de sécurité » où trouveraient refuge les civils. Les Kurdes aussi, M. Erdogan ? On sait en effet avec quel amour et doigté ces derniers ont toujours été traités par Ankara. Le pouvoir turc vient du reste de donner une autre éclatante manifestation de son engagement exemplaire pour les droits de l’Homme : le 22 novembre a débuté le procès de onze journalistes (en détention préventive) qui pourraient rejoindre leurs cinquante-neuf confrères déjà derrière les barreaux, certains ayant été condamnés pour avoir simplement consulté un site de « propagande kurde » (Bruxelles vient poliment d’exprimer son désaccord, tout en renforçant ses consultations avec Ankara en vue de la liberté en Syrie). Enfin, tout cela ne se fait pas sans la paternelle tutelle des Etats-Unis, dont l’histoire se confond littéralement avec la promotion des droits de l’Homme et la protection des civils (Hiroshima, My Lai, Abou Ghraïb, Falloujah…).

Faire basculer l’Iran
Bruxelles s’engage pour l’ingérence en Syrie
Cette hypocrisie et cette arrogance donnent la nausée. D’autant qu’elles s’appuient sur un traitement médiatique outrageusement tronqué. Il serait ridicule de prétendre que Bachar al-Assad fait l’unanimité du peuple syrien ; mais est-il plus honnête de taire – ou de réduire à quelques images fugaces – les immenses manifestations de soutien qui se succèdent, fortes de plusieurs centaines de milliers de participants (plusieurs millions, selon la presse nationale) ? Certes, les victimes civiles sont nombreuses ; mais pourquoi faire silence sur les centaines de soldats et d’officiers tués, si ce n’est pour étayer la fable de manifestants désarmés et pacifiques, alors que les insurgés se servent désormais d’armes lourdes ?

En réalité, jusqu’au dernier garçon d’étage du Quai d’Orsay (dont le chef vient de proposer la mise en place de corridors sécurisés, autrement dit une intervention militaire directe), tout le monde le sait : en cherchant à « faire tomber » le président syrien (un objectif que n’auraient pas renié les pires faucons du temps de George Bush, et qui est maintenant ouvertement assumé tant à Washington qu’à Bruxelles), le véritable but est de déstabiliser puis de faire basculer l’Iran.

Or nul n’ignore que le Moyen-Orient est une véritable poudrière. Jusqu’à quel point les actuels docteurs Folamour joueront-ils impunément avec les allumettes ?

http://www.marianne2.fr/Bruxelles-s-engage-pour-l-ingerence-en-Syrie_a213028.html

Messages

  • Les Kurdes aussi, M. Erdogan ?
    la Syrie isolée la pauvre elle n’a que la Russie , la chine le brésil le Venezuela , cuba bref 2 milliards d’habitants au moins avec elle sans oublier l’Iran etc...

  • Et...! Pour quand l’ingérance sur Israël qui poursuit allègrement son génocide des Palestiniens, entr’autres en Palestine : détournement des eaux du Jourdain , blocus économique, vols et pillage des territoires , pas de droit à un Etat , crimes et assassinats , etc...! Excusez-moi du peu j’en oublie sans doute et pas des moindres Alors les coupables directs et complicités des Etats impérialistes maîtres du FMI à leur tête les Etats-Unis, ça des acteurs humanitaires ? C’est scandaleux, honteux, de nous sortir d’odieux mensonges prenant les citoyens que nous sommes pour des analphabètes et des illettrés !!! Entr’autres vérités c’est que ne plaisent pas aux seigneurs de la mondialisation les Etats quelques soient leurs tords et que les autres n’ont rien à leur envier d’ailleurs si ce n’est pire , c’est qu’ils font preuve de trop d’indépendance et pas suffisamment serviles aux exigences de pillage économique de plus en plus gourmandes des pays industrialisés sur le Tiers-Monde !!!