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CNT-EDUCATION : pour le service public, pour nos salaires, contre la loi d’orientation scolaire...

Publie le lundi 17 janvier 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

En Grève le 20 janvier !

La CNT-FTE a décidé d’appeler à la journée de grève prévue le 20 janvier prochain dans l’Education nationale. Cette journée s’inscrit dans la continuité de la grève du 7 décembre dernier contre le nouveau projet de loi d’orientation scolaire (loi dite « Fillon » du nom du ministre) mais aussi dans un élargissement à l’ensemble de la fonction publique en pointant l’austérité budgétaire et en dénonçant les logiques de casse des services publics.

La dénonciation des choix budgétaires de l’Etat sous diktat du patronat doit bien être au centre de notre mobilisation tant ils révèlent des choix et des logiques sociales d’inspiration libérale désastreux pour les personnels comme pour la population dans son ensemble.

Austérité sur les salaires

Une des conséquences des logiques d’austérité budgétaire sur les services publics est celle que nous voyons tous les mois sur notre fiche de paye. Depuis le « gel des salaires » de la fonction publique, nous voyons notre pouvoir d’achat diminuer peu à peu (5% en quelques années sans prendre en compte l’inflation indirecte des prix liée au passage à l’euro). Le ministre nous propose une augmentation de 0,5% pour cette année comme pour la prochaine ! C’est presque nous proposer de nous faire l’aumône ! Reprenons ce que l’Etat nous vole !

Austérité pour le service public

La principale conséquence de l’austérité budgétaire reste la baisse des moyens attribués aux services publics et donc la lente dégradation de la qualité du service rendu. Dans ce cas, c’est toute la population qui est concernée et plus particulièrement les classes populaires tant nous savons que l’accès à des services publics de qualité, c’est à dire des services non marchands répondant à des besoins fondamentaux, est pour elles primordial. Entre les non-renouvellements de postes, la baisse des recrutements, le développement de la précarité, les lois de décentralisation ou encore les lois de « réforme » ou « d’orientation » c’est toute une logique d’exclusion sociale et de casse des services publics qui est à l’œuvre où tous les secteurs sont tour à tour touchés.

Loi Fillon : casse du service public d’Education

Dans le cas de l’Education nationale cette casse passe aussi par le projet de nouvelle loi d’orientation scolaire. Dans la lignée des projets européens d’adaptation de l’Ecole à la société capitaliste et d’offensives libérales sans précédent (LOLF, décentralisation, loi Borloo.), le projet de loi Fillon prétend remédier aux difficultés du système scolaire français. En réalité les mesures annoncées sont alarmantes : elles vont dans le sens d’une accélération de la sélection et de la ségrégation scolaires, d’un renoncement à une Ecole pour tous, d’un retour de l’autorité et du conformisme social, et d’une diminution du coût du service pub lic d’éducation. Celle-ci va permettre de flexibiliser et de précariser un peu plus les personnels tout en augmentant pour la population les inégalités scolaires, sociales et territoriales.

Tous et toutes ensembles !

De la loi d’orientation scolaire au plan « Hôpital 2007 », c’est tous les services publics qui sont concernés par ces « réformes » qui en organisent la casse. Voilà pourquoi, la CNT ne peut que soutenir une mobilisation de l’ensemble des services publics tant les attaques, les combats à mener et les revendications sont communs.

Nous pouvons par contre regretter que les services publics soient appelés à se mettre en grève sur trois jours (les 18, 19 et 20 janvier) . Une grève unitaire, tous ensemble, aurait eu plus de poids et de sens. Articuler une double lutte, celle pour la défense des services publics dans leur ensemble et leur place dans la société et celle contre les réformes spécifiques à chacun de nos secteurs, est bien l’enjeu des mois à venir. Nous devons être capables de mener cette double lutte ensemble au-delà du corporatisme et des intérêts bureaucratiques et politiciens. Pour gagner cette mobilisation, il nous faudra aussi renouer avec la pratique de la grève reconductible. La grève du 20 janvier peut être une étape pour la construire.

Messages

  • D’accord sur la totalité du texte de la CNT.
    Sauf sur un point : celui du "retour de l’autorité".

    Les violences scolaires ont augmenté de 13 % en un an.

    La semaine qui vient de s’écouler a vu une multiplication des intrusions de bandes délinquantes à l’intérieur d’ établissements qualifiés de "difficiles", comme si c’étaient les structures en béton et en métal posaient problème.

    Par rapport à cela, s’il est exact que ce qui a été qualifié de "retour de la punition collective" ne résout rien, et le barnum villepiniste des descentes de poulets encore moins, les mesures qui consistent à faire passer le nombre d’enseignants en Conseil de discipline de 2 à 4, ou celles qui en apparence revalorisent l’avis du Conseil de classe sont INSUFFISANTES.

    Il serait nécessaire de ne pas confondre "retour de l’autorité" avec des mesures, hélas très partielles, qui pourraient aider les enseignants à exercer leur métier...dans un autre contexte.

    • Globalement d’accord avec le texte de la CNT, mais un point important reste, effectivement, à préciser :

      Dans un contexte culturel global où les élèves ont du plus en plus de difficultés de concentration et d’écoute vis-à-vis du professeur et entre eux mêmes, la question de l’autorité ne se pose plus dans les mêmes termes que dans les années 70. L’enfant des années 2000 a hélas un statut de consommateur que n’avait pas l’enfant des années 70.

      L’autorité du professeur sur les élèves est indispensable pour tout enseignement, elle est même la seule voie vers l’émancipation, car les élèves ne sont pas des adultes.
      L’autorité du "Chef d’établissement" sur les professeurs est un immense danger pour les missions éducatives des professeurs, car les professeurs sont des adultes.

    • Plusieurs choses à distinguer ou préciser sur les 2 dernières interventions : le mot "autorité " par exemple. Les enfants et les ados ont bien sûr besoin d’un cadre structurant (de lois) mais quid ??? de leur élaboration (enseignant démiurge ou enseignant garant d’un cadre démocratique) Les avancées démocratiques sont irréversibles et nos établissements scolaires ne peuvent continuer à le nier (place des élèves dans le vivre ensemble, dans l’élaboration des régles de vie ) voir par ex. les travaux de Gerard Mendel

      L’adulte a un rôle indispensable : le respect des institutions démocratiques et des décisions collectivement adoptées

      Une utopie scolaire et toujours d’actualité

    • Toujours aussi palpitants les débats pédagogo :

      le "vivre-ensemble", les "règles de vie", etc ... sont des concepts flous.

      Les professeurs doivent instruire pour émanciper. Les concepts précités, sont utilisés par les Chefs d’établissements, l’inspection, et les asssociations de parents d’élèves CONTRE l’émancipation des élèves.

      A partir d’une bonne intention des militants de la CNT éducation qui est, nul n’en doute, l’émancipation des élèves, des manipulateurs type Allègre peuvent retourner le concept et aggraver leur oppression en favorisant leur inculture et leur incompréhension totale de ce qui est important pour eux.

  • L’autorité des professeurs représente l’importance de la culture dans la société de consommation.

    La société, quel que soit la nature de l’ ordre économique et social, n’a jamais intérêt à ce que les enseignants soient un groupe social déclassé.
    C’est aujourd’hui le cas : L’autorité sur les élèves est très faible, sinon inexistante.
    Pourtant, l’école représente toujours, même si c’est de plus en plus difficile, un des derniers lieux de résistance face aux valeurs individualistes et marchandes qui imprègnent tout.
    Des élèves qui n’écoutent jamais en classe, qui perturbent les autres élèves ou qui présentent un comportement agressif ou dangereux tout au long de l’année, au nom de leur mal-etre victimisé n’ont pas leur place dans une classe, et les professeurs ont le droit de le dire.
    La solution à ces problèmes n’est plus du ressort d’un établissement scolaire classique, car ces comportement traduisent un mépris absolu de leur propre perspective d’émancipation, et également de celles des autres, qu’ils souhaitent voir échouer avec eux.