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Chirac rapatrie le "Clemenceau"

Publie le jeudi 16 février 2006 par Open-Publishing
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Jacques Chirac tente de mettre un point final au feuilleton du "Clemenceau". Appliquant immédiatement une décision du Conseil d’Etat annulant le transfert en Inde de l’ancien porte-avions, le président français a décidé mercredi de rapatrier sur Brest l’ancien fleuron de la Marine nationale.

La France va maintenant devoir trouver une solution pour le désamiantage du navire.

Jacques Chirac n’a pas traîné à prendre une décision pour régler un dossier bien embarrassant pour le gouvernement dans lequel la France se ridiculisait chaque jour davantage, et qui risquait d’empoisonner son voyage en Inde, où il est attendu dimanche.

En début d’après-midi, le Conseil d’Etat a infligé une nouvelle claque au gouvernement en ordonnant la suspension du transfert de l’ancien porte-avions vers le chantier indien d’Alang, où il devait être désamianté.

Sans surprise, la haute juridiction administrative, saisie en référé par quatre associations de défense de l’environnement, a suivi l’avis du commissaire du gouvernement. Ce dernier avait estimé lundi que la coque du "Clem" constituait un "déchet dangereux" et non un "matériel de guerre". Les conventions internationales interdisent le transfert de déchets dangereux dans un pays extérieur à l’OCDE.

Au vu des conclusions du Conseil d’Etat, Jacques Chirac a donc décidé de rapatrier le navire en France, annonçait quelques minutes plus tard l’Elysée. Le chef de l’Etat a ordonné le rapatriement de l’ancien porte-avions sans attendre la décision de la Cour suprême indienne et du tribunal administratif de Paris, saisi sur le fond.

Le navire, actuellement dans l’océan Indien, va donc faire demi-tour "dans les prochaines heures ou les prochains jours", a précisé la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie lors d’une conférence de presse. Il mettra "environ trois mois" pour regagner la France en passant par le cap de Bonne-Espérance.

Contrairement à son voyage aller, il n’empruntera donc pas le canal de Suez, dont l’Egypte lui avait dans un premier temps refusé le passage.

Le coût du rapatriement, pris en charge par l’Etat français, devrait s’élever à 1 million d’euros, a précisé la ministre de la Défense.

Le "Clem" ira dans le port militaire de Brest, où il attendra qu’une solution définitive soit trouvée pour son démantèlement.

A son retour en France, une expertise sera par ailleurs effectuée sur le navire pour "établir de manière incontestable les quantités d’amiante" et d’autres substances dangereuses encore présentes à bord, selon l’Elysée. Une décision prise pour mettre fin à la polémique sur le tonnage exact d’amiante que contient encore le bâtiment.

La décision prise par Jacques Chirac laisse entière la question du démantèlement de l’ancien porte-avions, et plus largement de l’ensemble des navires civils et militaires en fin de vie. Plus de 700 navires de commerce sont détruits par an dans le monde, et ce chiffre devrait doubler d’ici 2008, selon le ministère de la Défense. Aucun chantier européen n’a la capacité de démanteler les navires du tonnage du "Clemenceau".

Jacques Chirac a souhaité que cette question soit abordée au niveau européen. De son côté, Dominique de Villepin a annoncé la création d’une mission interministérielle sur le sort des navires en fin de vie.

En attendant, la décision présidentielle a été saluée par les écologistes. Greenpeace s’est réjouie de cette "victoire" pour les travailleurs indiens et pour la protection de l’environnement. L’organisation souhaite que le cas du "Clemenceau" fasse jurisprudence" et que la France "développe une filière de dépollution de ses navires en fin de vie".

La gauche, qui réclamait depuis mardi la solution retenue par Jacques Chirac, mettait en cause la responsabilité du gouvernement dans cette "affaire d’Etat".
Cette décision "sanctionne le comportement de la ministre de la Défense sur la gestion de ce dossier depuis plusieurs mois" et "met en cause la responsabilité du Premier ministre qui n’a pas porté à ce douloureux feuilleton la vigilance indispensable", accusé le Premier secrétaire du PS François Hollande, demandant "une enquête complète" afin que soit connues "les responsabilités à l’origine de ce fiasco".

Sur la défensive, Michèle Alliot-Marie a répliqué que le "Clemenceau", retiré du service actif en 1997, était un "héritage" du gouvernement Jospin, qui n’a pris "aucune décision" sur son sort entre 1997 et 2002. AP

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