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Choisir entre le racisme et l’égalité des êtres humains

Publie le jeudi 4 mars 2004 par Open-Publishing

Quand le gouvernement abandonne sciemment les exilés au froid

En poussant une fois de plus, le 24 février 2004, son cri rituel d’alerte à
l’annonce d’une vague de froid, Dominique Versini, secrétaire d’Etat à la
lutte contre la précarité et l’exclusion, a omis d’annoncer publiquement que
son administration avait, en même temps, décidé de laisser les Afghans, les
Kurdes d’Irak, les Iraniens et les autres geler devant l’église
Saint-Laurent (Paris 10e). Alors que tous les autres lieux de rassemblement
des SDF à Paris bénéficient du passage d’un autobus supplémentaire de la
RATP chaque soir de façon à pouvoir conduire tous ceux qui le souhaitent
dans les lieux d’accueil, l’église Saint-Laurent (Paris 10) en a été privée.
De sources bien informées, nous savons qu’il s’agit d’une décision réfléchie
destinée à pénaliser des nationalités jugées indésirables.

A l’abandon des exilés à la belle étoile, s’ajoute désormais un traitement
discriminatoire.

Cette orientation illustre une nouvelle fois la doctrine inavouée selon
laquelle plus les étrangers ont besoin de protection en raison de la
situation dans leur pays, plus ils sont indésirables. Dans les années 90,
les Algériens avaient déjà été victimes de cette trahison : plus les
terrorismes faisaient de victimes, moins il y avait de visas.

Allons-nous supporter longtemps cette tragique dérive qui tire un trait sur
tous les engagements internationaux pris par l’humanité au lendemain de la
Deuxième Guerre mondiale ? Au point que, le 29 janvier dernier, le
secrétaire général des Nations unies, Kofy Annan, a accusé l’Union
européenne d’« annihiler le régime de l’asile ».
Pour notre part, nous tenons aux valeurs et aux principes, parmi lesquels
les éléments qui, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de
1948), affirme très simplement que :
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les
autres dans un esprit de fraternité" (article 1).
Et de ce fait :
"Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence
à l’intérieur d’un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y
compris le sien, et de revenir dans son pays" (article 13).

C’est notamment pour défendre l’application de cet engagement des Etats que,
depuis près d’un an, la poignée de citoyen(nes) que nous sommes s’est
mobilisée sur la question de l’errance et du non-accueil des exilés que les
pouvoirs publics laissent dormir par terre sur nos trottoirs pour les
empêcher de rester en France et pour en dissuader d’autres de venir. Notre
obstination a fait tâche d’huile : une trentaine d’organisations et de
paroisses ont hébergé les exilés en signe de solidarité et de protestation.

Non seulement le gouvernement fait la sourde oreille, mais le voilà
désormais engagé dans la discrimination. Dans ce contexte, revient de plus
en plus souvent la terrible question des exilés : « Comment demander l’asile
à des pays qui nous traitent comme des chiens ? ».

A l’heure d’élections régionales et bientôt européennes, nous appelons les
Français et les Européens à choisir entre le racisme et le respect de
l’égalité entre les êtres humains.