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Colombie endolorie et amère

Publie le lundi 31 août 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

de Collectif de Réfugiés Colombiens dans les Asturies "Luciano Romero Molina"

Traduit par Thierry Pignolet. Édité par Fausto Giudice

Le gouvernement d’Álvaro Uribe Vélez nous laisse, en son septième anniversaire, un goût amer, un pays baigné dans le sang et la douleur de la population civile, un état mafieux pénétré par les narco-paramilitaires, et une impunité qui dénie l’existence, en Colombie, d’un État social de droit.

Sous les gouvernements de ses prédécesseurs, il y a aussi eu, en Colombie, des violations des droits humains. Mais l’actuel gouvernement – qui a forcé par deux fois la Constitution politique pour se faire réélire- est en train de violer de manière grave, massive et systématique nos droits fondamentaux, comme l’ont constaté le bureau de la Haute Commissaire des Nations Unies en Colombie et les missions annuelles de vérification du gouvernement asturien dirigées par le directeur de son Agence de Coopération au Développement.

Depuis notre refuge temporaire dans les Asturies, nous rappelons, horrifiés, que sous ce gouvernement ont été commises plus de 1 200 exécutions extrajudiciaires de civils, gens du commun qui ont été retenus, torturés, dépourvus de pièces d’identité, assassinés en toute tranquillité, revêtus de tenues de combat après avoir été tués, et faits disparaître ou présentés par l’armée colombienne comme « guérilleros abattus au combat ».

Les troupes et leurs alliés des groupes paramilitaires appliquent à travers tout le pays un même modèle de conduite pour commettre ces meurtres ; c’est pourquoi nous affirmons - même si cela doit nous coûter la vie ou davantage de persécutions - que ces crimes ne sont pas des faits isolés, qu’ils sont le produit d’un manuel de terreur prétendant nous faire taire, nous autres défenseurs des droits humains, syndicalistes, peuples indigènes, Afro-Colombiens, étudiants et personnes qui refusons de vivre dans la peur et la pauvreté - quand les grands propriétaires créoles s’enrichissent et que les sociétés multinationales pillent à loisir.

Ce sont, par leur gravité et persistance, des crimes contre l’humanité, des crimes d’État qui mettraient tout gouvernement en difficultés. Mais Uribe paraît immunisé contre tout. Le tiers de ses alliés politiques au Congrès sont emprisonnés pour leurs liens avec des paramilitaires et des narcotrafiquants ; le haut commandement militaire est accusé -preuves à l’appui- de milliers de crimes de guerre ; les services secrets colombiens -contrôlés depuis le bureau du Président- collectent par des méthodes illégales des informations sur les opposants et remettent celles-ci aux bandes de tueurs à gages ; les deux jeunes fils du président Uribe se sont convertis en moins d’un an en multimillionnaires par deux opérations de spéculation immobilière, preuves d’une corruption effrénée. Et pendant ce temps-là, le monde regarde de l’autre côté... Pourquoi ?

Nous sommes persuadés que le gouvernement d’Obama connaît les atrocités commises par Uribe, mais qu’il les tolère en échange de pouvoir installer immédiatement sept bases militaires de l’armée US sur le territoire de la Colombie, menaçant la paix, les démocraties et la stabilité militaire d’une Amérique du Sud lasse de néocolonialisme.

Mais… et l’Europe et l’Espagne ? Pourquoi gardent-elles le silence face à tant de crimes ? Nous ne voulons pas penser que c’est par intérêt économique. Nous ne trouvons toutefois pas d’autre explication à tant d’affection et collaboration politique, policière et militaire de l’Espagne avec la satrapie colombienne.

La solidarité reçue de la mairie de Gijón, de l’Agence Asturienne de Coopération et des organisations sociales asturiennes nous touche, et nous leur en sommes publiquement reconnaissants. Mais la politique de collaboration espagnole avec un gouvernement qui sera traduit sous peu devant la Cour Pénale Internationale nous préoccupe, nous laisse un goût amer et de nombreuses questions et fait planer des ombres inquiétantes, en cette fin d’été, sur notre futur.

Bibian, Manuel, Nelcy, Rigoberto, Ramiro, Maria Pastora, Emiro, Luz Mery, Osvaldo, Javier O.


Source : Rebelión - Colombia dolorida y amarga

Article original publié le 18/8/2009

Sur l’auteur

Thierry Pignolet et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8474&lg=fr

Messages

  • Ce trés interressant article peut il ètre relayé auprés de "soeur" Ingrid Bettencourt que l’on n’entend plus guère ?

  • Je trouve le titre très doux par rapport à la réalité dont il témoigne !

    Pour moi il est évident que les actuels gouvernements de ces pays couverts et renforcés par le pire des empire du mal de la planète, le complexe miltaro-industriel financier américain, range les nazi au rang d’amateurs débutants...

    Mais il ne faut pas oublier non plus que historiquement, les conquistadors espagnols, une grande partie de l’église qui leur donnait une légitimité et l’aristocratie qui s’exportait, a fondé une tradition de cruauté sans limite à l’égard des classes sociales et raciales qu’elle définissait comme non respectable, exploitable... avec une idéologie du cynisme et du sadisme évidente !

    Le monde de ces dominateurs sadiques s’effondre sur son propre effet d’auto-dévoration concurrentielle. Ils sont d’abord en concurrence avec eux-mêmes et rivalisent de convoitise et de destruction... détruisant leur propres ressources de victimes comme de matière premières, de marchers et d’outils de production.

    Il s’en suit je pense, une sourde crainte de la fin, du dernier combat et une frénésie dans la recherche de l’ultime vainqueur, autant qu’une réaction des peuples qui leur fait aussi peur, de part sa compréhension que la voie des armes n’est pas la bonne, que les solutions de réorganisation parallèle du système économiques sont plus fruictueuses, laissant les maîtres sadiques sans masochiste : d’où aussi un renforcement de la violence sadique mondialisée de tous les gouvernements récupérant tout, y compris les tentatives de constructions d’alternatives parallèles...

    Cette faculté de récupération par crainte qu’un pouvoir leur échappe m’effraie tout autant que me fait horreur la violence sadique de ces criminels qui ne méritent aucun proces, aucune justice, aucune histoire, aucun avenir même à leurs familles complices (cf les fils Sarkozy comme les fils Uribue etc... éduquer dans la malfaisance ambitieuse)