DIEU EST UNE MARCHANDISE

Le tourisme grec se tourne vers le dieu unique pour doper son tourisme

Service international : Avec Athéna ou Poséidon, le polythéisme antique a déjà beaucoup donné au tourisme grec. C’est désormais vers le dieu unique que se tourne le secteur, avec la bénédiction de l’Eglise orthodoxe nationale, pour attirer de nouveaux visiteurs.
Selon le rapport de l’agence iranienne de presse coranique (IQNA) citant ’’AFP’’,au ministère du Tourisme, l’ambition est de rééditer des "success-story" comme celle de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, en exploitant l’important patrimoine hérité de l’empire chrétien de Byzance et des premières années de l’évangélisation en Méditerranée.

"Il n’y à qu’à voir le succès des monastères tibétains" pour comprendre qu’il y a un marché à prendre, relève le conseiller spécial du ministère sur ce dossier, Polycarpe Eustathiou.

Dans l’immédiat, le pays estime tenir son produit-phare, un itinéraire "Sur les pas de l’apôtre Paul" qu’il veut inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et qui a d’ailleurs inspiré les derniers voyages du pape Jean-Paul II.

Inspiré des tournées missionnaires de saint Paul dans l’Orient héllénisé, entre l’an 49 et 56, ce parcours démarre au nord de la Grèce pour se conclure en Crète, via Athènes et Corinthe.

Engagée pour sa part depuis 2001 dans une campagne de promotion du pèlerinage, et réputée pour défendre farouchement ses prérogatives, la puissante Eglise grecque, non-séparée de l’Etat est partie prenante de cette offensive touristique.

"Nous apportons des idées, suggérons les monuments à exploiter, et l’Etat nous aide à garantir une exploitation respectueuse des sites religieux et à assurer leur réfection et entretien", via des fonds européens, explique le père Spyridon, responsable de ces activités au saint-synode.

Les deux parties, engagées dans une commission mixte ad hoc, notamment chargée de préparer pour mars un projet de loi sur le tourisme religieux, planchent aussi sur de nouveaux concepts.

Le père Spyridon cite le culte à la Vierge, auquel sont liés pléthore de monastères, icônes réputées miraculeuses et pèlerinages à travers le pays, notamment à Tinos, la "Lourdes de l’Orient". Au ministère, on songe aussi à tirer profit des nombreuses fêtes populaires locales préservées par le maintien en Grèce, pays orthodoxe à 98%, d’une forte religiosité.

Les clientèles visées sont avant tout les coreligionnaires de l’ex-bloc de l’est, surtout les visiteurs russes, dont la Grèce s’est fixée pour objectif de quadrupler le nombre, actuellement autour de 150.000 par an, ainsi que les prospères diasporas grecques des Etats-Unis ou d’Australie.

Mais tous les touristes, chrétiens ou non, sont bienvenus, souligne le père Spyridon. M. Eustathiou cite pour sa part un "programme-pilote" lancé via le métropolite (évêque) d’Allemagne pour attirer des visiteurs protestants et catholiques.

Les professionnels de leur côté se félicitent de cette coopération, comptant sur un "marketing ecclésiastique" pour doper le marché, qui ne concerne actuellement qu’environ 50.000 visiteurs par an, relève le voyagiste Iannis Evangélou, actif depuis des années dans le secteur.

"Ce n’est évidemment pas une activité de masse, mais nous pouvons travailler toute l’année, et dans des régions encore en friche, comme la Grèce du nord", relève-t-il.

Tout en déplorant, comme d’autres professionnels, que le fleuron grec en matière de sites religieux, le Mont-Athos, qui reçoit régulièrement des invités de marque comme le Prince Charles ou récemment le président russe Vladimir Poutine, reste lui fermé aux marchands du temple.

En dépit des généreux subsides européens reçus ces dernières années pour l’entretien de ses monastères, la direction collégiale de cette "république monastique" semi-autonome continue en effet de camper sur le monopole qu’elle exerce sur l’accès aux lieux, d’ailleurs interdit aux femmes.

Source : http://iqna.ir/NewsBodyDesc_ar.asp?lang=ar&ProdID=37156