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De la vertu et de l’honnéteté en politique selon M. Robespierre

Publie le dimanche 5 juillet 2009 par Open-Publishing

Pour prolonger le débat amorcé derrière l’appel : « L’union n’est jamais facile », voici quelques réflexions - et surtout - des extraits d’une analyse de la vertu en politique décrite par Robespierre, par Dominique Rondelot, président de "l’Association Maximilien Robespierre pour l’Idéal Démocratique"

Concernant, l’union des forces populaires en France aujourd’hui donc, pour plusieurs intervenants de ce site, le problème viendrait encore et toujours de la CGT et du PCF qui défendent au fond l’idée suivante : il faut créer les conditions d’une large union populaire - salariés, chômeurs, électeurs de gauche - même si tous ne militent pas (pour l’instant) pour la rupture avec le système capitaliste et l’avènement du socialisme.

Mais selon leurs détracteurs, ces dirigeants seraient en fait plus intéressés par leur place, leur parti ou leur syndicat que guidés par l’intérêt du peuple... Ils auraient même comme dessein d’étouffer la colère populaire...

Faut-il donc en conclure qu’une prise de pouvoir par une avant-garde révolutionnaire, faisant l’impasse sur le travail de politisation/conscientisation des victimes de la crise en commençant par les accompagner dans leurs justes combats pour une vie meilleure, soit préférable à l’union la plus large ? Ou qu’un discours plus radical du type : « En avant le peuple, pour le socialisme ! » serait plus efficace en terme de mobilisation ?

Permettez-moi d’en douter. Les personnes qui critiquent la stratégie mis en oeuvre par ces syndicalistes et politiques semblent pourtant éclairées. Mais ce qui manque parfois aux personnes éclairées c’est de raison garder.

Car au lieu de répéter toujours les mêmes procès d’intention, essayons de voir, en relisant Robespierre, ce qu’est la vertu en politique et qui peut s’en revendiquer ou pas. Car finalement, disait-il en substance, il n’y a de vrais révolutionnaires que vertueux...

Pour le grand révolutionnaire français, la vertu - l’honneteté -, qualité révolutionnaire s’il en est (ainsi que la raison et la patience) vient du peuple et de lui seul. Les représentants du peuple sont corruptibles, nous en sommes d’accord (ce qui ne signifie pas qu’ils soient tous corrompus, hein ?).

La vertu selon Robespierre.

Qui la possède naturellement ?

La réponse est sans équivoque, c’est le peuple, laborieux, souvent méprisé, en proie à des difficultés quotidiennes grandissantes (problèmes de ravi-taillement, dépréciation de l’assignat, détresse morale…). « Les vertus sont simples, modestes, pauvres et souvent ignorantes, quelquefois grossières ; elles sont l’apanage des malheureux et le patrimoine du peuple ».

La reconnaissance d’une vertu innée chez le peuple apparaît comme une revanche sur sa condition sociale et s’apparente alors à une sorte de titre honorifique. « Si je daignais répondre à des préjugés absurdes et barbares, j’observerais que ce sont le pouvoir et l’opulence qui enfantent l’orgueil et tous les vices ; que c’est (…) la pauvreté qui est la gardienne de la vertu ».

C’est en quelques mots, la réhabilitation du petit, du faible. D’ailleurs, Maximilien qui n’a jamais caché sa préférence pour les humbles, le proclame à maintes reprises au cours de ses interventions à l’assemblée. Toutes sont émaillées de formules qui sont autant d’éloges. « … Pour aimer la justice et l’égalité, le peuple n’a pas besoin d’une grande vertu ; il lui suffit de s’aimer lui-même », « Heureusement, la vertu est naturelle au peuple, en dépit des préjugés aristocratiques »,

Il (Robespierre) manifeste au peuple un respect et un attachement indéfectibles. Il lui fait confiance car lui seul est vertueux. « Posez d’abord cette maxime incontestable : que le peuple est bon, et que ses délégués sont corruptibles ; que c’est dans la vertu et dans la souveraineté du peuple qu’il faut chercher un préservatif contre les vices et le despotisme du gouvernement ». « Ce peuple sensible et fier est vraiment né pour la gloire et pour la vertu ».

Et plus loin :

Comment l’acquérir et la conserver ? (la vertu)

Avec de la vigilance et de la rigueur. Maximilien conseille ses collègues représentants du peuple. « … La première règle de votre conduite politique doit être de rapporter toutes vos opérations au maintien de l’égalité et au développement de la vertu. Ainsi, tout ce qui tend à exciter l’amour de la patrie, à purifier les mœurs, à élever les âmes, à diriger les passions du coeur humain vers l’intérêt public, doit être adopté ou établi par vous ».

Car, « dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire ».

La question que j’ai donc envie de poser est la suivante : les dirigeants dont vous parlez et que vous soupçonnez d’être plus intéressés par leur place ou l’intérêt de leur parti que par l’intérêt du peuple sont-ils vertueux ou corrompus ?

Car les procès d’intention qui ne se basent sur aucun fait concret, aucune preuve, cela devient lassant et surtout stérile.

L’important étant que le peuple (c’est à dire la majorité) soit informé, éclairé et qu’il soit de ce fait à même de faire le tri entre ceux qui oeuvrent pour son bien et les autres.

C’est encore ce que proposait Robespierre il y a plus de deux cents ans quand il appelait de ses voeux la tenue d’assemblées poulaires (de 12.000 places) où le peuple puisse prendre publiquement connaissance et juger des actes de leurs représentants :

"Dans cet ordre d’idée, comme « la démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut pas faire lui-même », Robespierre souhaite que le peuple puisse assister en masse de façon « parfaitement libre » aux assemblées publiques dans « un édifice fastueux et majestueux ouvert à douze mille spectateurs » et plus encore, « que l’on délibère à haute voix. Cette méthode forme les citoyens et les vertus républicaines ».

« Ainsi, précise t’il, vous aurez résolu le problème encore indécis de l’économie populaire : de placer dans la vertu du peuple et dans l’autorité du souverain (sa représentation à l’assemblée), le contrepoids nécessaire des passions du magistrat et de la tendance du gouvernement à la tyrannie ».

En participant aux réunions, les citoyens sont informés directement et peuvent ainsi apprécier à leur juste mesure les décisions adoptées. « … C’est à l’opinion publique de juger les hommes qui gouvernent, et non à ceux-ci de maîtriser et de créer l’opinion publique »

Ce souci de franchise sous entend qu’il ne faut pas craindre la publicité qui est « l’appui de la vertu, la sauvegarde de la vérité, la terreur du crime, le fléau de l’intrigue » car « la nation entière a le droit de connaître la conduite de ses mandataires ». Ces derniers se doivent donc de faire preuve de transparence en rendant publics les « comptes exacts et circonstanciés de leur gestion », c’est à dire leurs actes."

Source des citations :

http://www.rondelot.com/spip.php?ar...