Accueil > "Démocrates" et bushistes vont détruire de concert le squelettique (...)

"Démocrates" et bushistes vont détruire de concert le squelettique système de retraires

Publie le mercredi 16 février 2005 par Open-Publishing

Manifestement George Bush veut profiter de sa récente réélection pour faire passer en force la « réforme » du système de retraite de base (Social security). Il a en tout cas consacré une grande partie de son discours annuel sur l’état de l’Union à son projet. La « réforme » en question, c’est le démantèlement du système par répartition, géré par l’État fédéral, qui verse, en échange d’une cotisation, une pension de retraite d’un montant garanti pour le restant de ses jours.

George Bush veut privatiser le système, en laissant à chacun le soin de consacrer une partie au moins de ses cotisations à se payer une assurance retraite individuelle. Un de ses conseillers a expliqué aux élus républicains : « Pour la première fois depuis six décennies, nous avons l’opportunité de gagner la bataille sur les retraites. »

Voilà effectivement des années que les politiciens prétendent que le système de retraite court à la faillite et qu’il faut faire des sacrifices pour le sauver. Mais jusqu’à présent ils ont dû se contenter d’augmenter les cotisations, de rogner sur les pensions, de reculer l’âge de la retraite, mais ils n’ont pas réussi à privatiser le système. Pourtant, à force de répéter les mêmes arguments mensongers, on espère en faire des vérités auprès de l’opinion publique. D’ailleurs les syndicats eux-mêmes ont participé à cette mise en condition : voilà déjà des années qu’ils affirment que le système est effectivement en danger et qu’il faut le réformer en permettant à la Bourse de participer à ses performances.

C’est un mensonge grossier que de prétendre que le système de retraite va mal. Non seulement il est toujours bénéficiaire, mais il le sera encore pour plus de dix ans. Il faut dire que la cotisation totale (payée pour moitié par l’employeur et pour moitié par le salarié) a régulièrement et considérablement augmenté. Elle est passée de 1,5% du salaire en 1950 à 5,85% en 1977 et à 12,4% aujourd’hui. Quant à la pension moyenne, elle est minime, de l’ordre de 8000 euros par an. Si bien que le système encaisse plus qu’il ne verse et ce sont des dizaines de milliards de dollars d’excédents qu’il dégage ainsi chaque année. D’autre part, il possède du coup des réserves gigantesques qui vont finir par atteindre quelques milliers de milliards de dollars, au point que les experts ne prédisent la faillite du système que dans une quarantaine d’années.

D’ailleurs les dirigeants politiques, et Bush en particulier, le savent d’autant mieux que ces excédents dégagés par le système de retraite viennent systématiquement en déduction du déficit du budget fédéral. C’est grâce au surplus des retraites que le déficit apparaît toujours moins important sur le papier qu’il ne l’est en réalité. En outre, ce surplus est systématiquement placé en bons du Trésor américains, ce qui évite à l’État fédéral de trop emprunter sur les marchés financiers. C’est dire que ce surplus (68 milliards de dollars en 2004) constitue un ballon d’oxygène pour le budget fédéral qu’aucun gouvernant ne peut ignorer.

Mais Wall Street et les marchés financiers lorgnent depuis longtemps déjà sur cette manne. La privatisation au moins partielle du système voulue par Bush vise à les satisfaire. Il propose en effet qu’un tiers de la cotisation soit désormais versé à un plan de retraite personnel.

S’il parvenait à ses fins, ce serait un coup terrible pour les travailleurs. Actuellement 70 millions de travailleurs en activité sont dépourvus d’une retraite complémentaire et ce nombre va croissant. Par conséquent, de plus en plus nombreux seront les travailleurs qui dépendront pour leurs vieux jours uniquement de la retraite fédérale, déjà fort maigre.

Le projet de Bush ne permet même pas de garantir ce minimum, puisqu’il veut que le montant global de la pension dépende en partie du plan de retraite personnel de chacun. Il a affirmé dans son discours que le système ne changera pas pour ceux qui ont 55 ans et plus. C’est bien qu’il changera pour tous les autres. L’argent des travailleurs servira à gonfler les profits des assurances privées, avec encore moins de garanties sur ce qui leur sera versé.

Bush, qui triomphe après sa réélection, veut en profiter pour faire passer ses projets. Il ne dispose pas d’une majorité suffisante d’élus républicains pour empêcher les démocrates de bloquer le projet, s’ils le voulaient. Mais manifestement il ne s’inquiète pas trop de la détermination des démocrates, qui n’ont jamais bloqué aucun de ses projets alors qu’ils en avaient tout le loisir au cours des quatre années écoulées. Mais, malgré ses dires et la propagande médiatique, sa réélection est bien loin d’avoir été triomphale : seulement un quart des électeurs inscrits ont voté pour lui, et aujourd’hui les sondages montrent qu’une très grande majorité de la population est opposée à la privatisation du système de retraite. C’est surtout sur sa mobilisation qu’il faudra compter pour faire échec aux projets de Bush.