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Des précisions sur les États généraux de la presse...

Publie le vendredi 25 juillet 2008 par Open-Publishing

Des précisions sur les États généraux de la presse : Le chef de l’État plaide pour la constitution de grands groupes français.

http://www.lefigaro.fr 22/07/08

Nicolas Sarkozy a précisé dans une interview au quotidien Le Monde daté du 17 juillet, ses intentions pour les États généraux de la presse qui devraient se tenir à l’automne. « La presse est une industrie stratégique qui mérite d’être développée. Je veux changer la donne pour que ces groupes puissent vivre. Si vous ne pouvez être viable économiquement, c’est la démocratie qui en pâtira », a-t-il affirmé.

Ces États généraux de la presse devraient être conduits par Emmanuelle Mignon, la directrice de cabinet du président. Selon Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, ils seraient organisés en différents groupes de travail sur les thèmes de la diffusion et de la distribution de la presse ; des droits d’auteurs des journalistes ; de la sous-capitalisation de la presse ; du numérique et, enfin, de la création de groupes multimédias. Christine Albanel a récemment fait savoir qu’elle envisageait leur déroulement fin octobre, début novembre . Tous ces thèmes ont été développés par le président de la République dans son entretien.

« Les journaux les moins bien diffusés du monde »

Sur celui de la distribution, Nicolas Sarkozy a déclaré : « Nous avons les journaux les moins bien diffusés du monde. Si ce n’est pas un problème, dites-le-moi ! » Sur le sujet de la constitution de grands groupes médias français, le chef de l’État a affirmé qu’il en va de « la responsabilité du président de la République que d’essayer de construire un modèle économique qui permettra à des grands groupes français d’être indépendants ». « Le grand groupe de communication français Lagardère n’a pas de télévision et le grand groupe de télévision français Bouygues n’a pas de presse. Quant au groupe de télévision Canal +, il n’est présent qu’en France » , a souligné Nicolas Sarkozy, rappelant qu’il fallait faire face « à Murdoch et des géants de cette nature » et qualifiant la situation de « problème pour la France » .

« Nomination à France Télévisions »

Interrogé sur son interventionnisme dans la réorganisation du paysage médias français, le chef de l’état a répondu : « C’est faux. »

Le chef de l’État est revenu longuement sur sa proposition, rendue publique lors de la remise du rapport de la commission Copé sur la réforme de la télévision publique, de nommer lui-même le président de France Télévisions. « Il n’est pas anormal que le président de la République nomme le président d’une entreprise propriété de l’État à 100 %. Avec deux verrous : un avis conforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel et celui des commissions du Parlement. Où est le trouble ? ». Il a souligné qu’en 20 ans il y a eu sept présidents pour le groupe audiovisuel public. « Le système ne devait pas marcher si bien. »


Le SNJ-CGT à propos de Nicolas Sarkozy : la messe est dite

communiqué SNJ CGT 21-07-2008

Nicolas Sarkozy souffre d’un tropisme : en matière de médias (comme dans d’autres domaines) il n’a d’yeux que pour les Etats-Unis et notamment Murdoch. Il est parti en croisade pour doter la France de groupes de communication (et non d’information) pouvant lutter d’égal à égal avec celui du magnat australo-américain. En toute modestie. Et tant pis pour le pluralisme ! En répondant à quatre questions des journalistes du Monde, Nicolas Sarkozy a annoncé par avance le scénario de restructuration du paysage médiatique français.

Pour le président de la République, il est absurde que le groupe Lagardère n’ait pas de télévision et que Bouygues n’ait pas de groupe de presse écrite.

Cette affirmation est fausse et choquante : le groupe Lagardère possède quand même quelques chaînes de télévision de la TNT ; il est aussi l’un des principaux producteurs audiovisuels. Il est également le premier groupe mondial de presse magazine. Il est l’actionnaire majoritaire des NMPP et le propriétaire des Relay. Il a racheté des sites Internet et a engagé sa mutation vers le multimédia. En revanche, il n’a pas de grande chaîne hertzienne.

Le président de la République va sans doute remédier à ce qu’il estime être une anomalie !

La constitution de grands groupes français tourne à l’obsession. Les états généraux de la presse à l’automne se pencheront sur cette « industrie stratégique qui mérite d’être développée » avec la volonté de « favoriser l’émergence de groupes de communication forts », selon les mots mêmes employés par le président de la République.

Il n’est en aucun cas question de réfléchir à rétablir une offre pluraliste là où les quotidiens régionaux sont en situation de monopole, ni d’aider les quotidiens nationaux en difficulté, mais bien de réviser les seuils actuels de concentration.

Bref, les états généraux de la presse seront comme la commission Copé, une parenthèse pour amuser la galerie et faire semblant de consulter, avant d’annoncer de manière péremptoire les décisions dictées par les Lagardère, Bouygues, Bolloré et autres Dassault.

La messe est dite, avant même l’automne.

François Kou