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Devenu petit et portable le telephone cree de la dependance

Publie le mardi 1er août 2006 par Open-Publishing
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Signe des temps : les études sur la dépendance au téléphone portable (ou cellulaire comme disent justement les Québécois) s’accumulent. Ainsi, le journal californien Sacramento Bee, relayé par le site d’information canadien Canoë, évoque-t-il le témoignage du Pr Sergio Chaparro qui, dans le cadre d’un cours sur les technologies de l’information à l’université Rutgers, dans le New Jersey, a demandé à ses élèves de délaisser leur téléphone portable pendant trois jours. Résultat : seuls 3 étudiants sur 220 ont réussi à aller jusqu’au bout de l’expérience.

"Ils avaient réellement peur, déclare le Pr Chaparro, ils s’attendaient à vivre une expérience douloureuse, et ils n’avaient pas tout à fait tort." Pour cet enseignant d’information et de communication, la réaction de panique des étudiants confirme "l’existence d’un phénomène à grande échelle de dépendance psychologique aux téléphones portables". Au demeurant, "il est crucial de comprendre l’importance de cette dépendance et de fournir aux individus qui en souffrent les outils pour s’en débarrasser", ajoute-t-il.

Sacramento Bee cite une étude sud-coréenne récente qui indique "la présence de signes de cette dépendance chez près d’un tiers des élèves de secondaire, ceux-ci allant jusqu’à montrer des symptômes d’une attitude paranoïaque lorsqu’ils sont privés de leur appareil, constamment inquiets de manquer un message lorsque leur téléphone est désactivé".

Au Royaume-Uni, des chercheurs ont conclu que "les gens deviennent si intimement attachés à leur portable que celui-ci est perçu comme un objet essentiel à leur existence, voire une extension de leur personne", relève le portail d’information Canoë. Ce commentaire est du reste étayé par des chercheurs du groupe britannique Intersperience ayant effectué une étude sur 210 utilisateurs de portables. "Aucun autre moyen de communication n’a réussi à infiltrer la société de façon si étendue et à une vitesse aussi fulgurante", et "aucun appareil portatif n’est utilisé aussi fréquemment", concluent-ils.

Aux Etats-Unis, Joseph Tecce, professeur de psychologie au Boston College, pense également que l’utilisation excessive du téléphone portable peut engendrer des problèmes personnels. "Si vous essayez d’exercer un contrôle sur l’utilisation de votre portable et n’y parvenez pas, vous en êtes dépendant", explique ce spécialiste de la psychobiologie des comportements. "Les personnes qui utilisent leur portable chaque fois qu’elles se sentent mal à l’aise ou anxieuses face à un problème dépendent trop de leur appareil. Un tel comportement réduit éventuellement l’autonomie et l’estime de soi, poursuit le chercheur. Comme c’est le cas pour la plupart des expériences gratifiantes, la dépendance lourde au téléphone portable pour obtenir soutien, conseils ou réconfort réduit certes à court terme le niveau d’anxiété, mais peut s’avérer nuisible à long terme."

Dans ces cas, l’utilisation quasi compulsive du portable peut mener à une négation de son propre comportement "et le place entre les mains d’autrui", estime le Pr Joseph Tecce. "Après tout, un problème peut surgir quand un portable n’est pas accessible... C’est à ce moment que transparaît éventuellement la vulnérabilité de la personne." En outre, un temps excessif passé à discuter au téléphone peut entraîner un "état constant de distraction", qui supprime une composante clé du bonheur, à savoir "le plaisir que procure la capacité de s’abandonner complètement à une activité en excluant tout le reste", souligne le Pr Tecce.

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