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Domota... plus diplômé que Sarko ! Un portrait ds le temps (suisse)

Publie le mercredi 11 mars 2009 par Open-Publishing
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Elie Domota, meneur créole
Caroline Stevan

Figure de proue du mouvement social qui a paralysé l’île, le syndicaliste ne fait pas l’unanimité. Les patrons lui reprochent d’être raciste

Un « messie » pour certains, un « Khmer rouge » pour d’autres. Elie Domota, révélation de la crise guadeloupéenne, divise le public. A 46 ans, le syndicaliste est devenu l’incarnation du mouvement social antillais. Il est, surtout, celui qui a fait plier la métropole. Meneur du collectif LKP, « Liyannaji kon pwofitasyon » (« Ensemble contre les profiteurs »), Elie Domota a conduit les manifestations et la grève générale ayant paralysé l’île un mois et demi durant. Il a signé, mercredi passé, un accord avec une partie du salariat, prévoyant notamment une prime aux bas salaires. L’homme, encore, est sous le coup d’une enquête pour incitation à la haine raciale. Portrait.

Fils d’un charpentier – tout un symbole pour ceux de ses compatriotes qui le comparent au « sauveur » – et d’une femme de ménage, Elie Domota se frotte très tôt aux inégalités sociales et au militantisme. Habitant un quartier populaire de Basse-Terre, il s’engage à 14 ans dans les Jeunesses ouvrières chrétiennes. A 20 ans, il débarque à Limoges, où il obtient un diplôme universitaire de gestion, une maîtrise d’administration économique et sociale ainsi qu’un troisième cycle d’urbanisme.

Bardé de ces titres, il rentre au « pays » et s’ajoute à la longue liste des bénéficiaires locaux de l’ANPE, dont il finira par devenir directeur adjoint. Depuis 2008, il est également secrétaire général de l’UGTC, le syndicat majoritaire en Guadeloupe. Les derniers événements le font connaître de ses concitoyens, insulaires ou non.

Petits salaires, chômeurs, militants de gauche et autres descendants d’esclaves lui savent gré d’avoir « rendu leur fierté aux Guadeloupéens ». Les patrons lui reprochent d’avancer masqué et de mettre le feu aux poudres. Tous s’accordent à dire que l’homme est brillant.

« C’est un redoutable dialecticien, mais il œuvre malheureusement au service d’une cause peu recommandable, regrette Christophe Louis, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de Guadeloupe. Il essaie de faire avancer ses idées indépendantistes à la faveur du mouvement social. C’est un manipulateur qui veut instaurer une société égalitaire et totalitaire sur notre île. Les Khmers rouges tentent de prendre la Guadeloupe. » Le représentant des compagnies locales dénonce encore les méthodes musclées utilisées par le LKP pour contraindre les commerçants à la grève et les propos racistes régulièrement lâchés par Elie Domota.

Le syndicaliste est visé par une enquête depuis samedi pour provocation à la haine raciale. Evoquant les patrons ayant refusé d’augmenter les bas salaires, le meneur a déclaré en créole sur Télé-Guadeloupe que les entrepreneurs n’avaient qu’à « quitter l’île » et qu’il « ne laisserait pas une bande de békés rétablir l’esclavage ». Le préambule de l’accord signé la semaine passée évoque en outre une « économie de plantation ». L’expression ne cesse de faire des remous dans l’Hexagone.

« Le mouvement actuel n’est pas sécessionniste, il est intégrationniste. Tout ce que demande le LKP, c’est une égalité de traitement avec les métropolitains, tempère Michel Giraud, sociologue au Centre national de la recherche scientifique, basé à Pointe-à-Pitre. Domota n’a jamais caché ses intentions indépendantistes, mais il les a reléguées à plus tard. Quant à sa sortie sur les békés, elle montre que le syndicaliste, comme de nombreux Guadeloupéens, n’a pas totalement clarifié la distinction classes-races et peine à sortir de ce schéma. Si les inégalités persistent, on n’en est cependant plus à l’esclavage. » « Domota n’est pas raciste, il est marxiste », abonde Jacky Dahomay, écrivain guadeloupéen. Les deux considérations, aux Antilles, sont de facto étroitement mêlées.

Le défi, maintenant que le calme est revenu sur l’île, sera pour Elie Domota de capitaliser sur sa nouvelle notoriété. « C’est une position difficile car les Guadeloupéens le soutiennent dans son combat social mais ne veulent pas d’un changement de statut par rapport à la métropole. Il aura du mal à transformer le récent élan en mouvement politique », note encore Jacky Dahomay.
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