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Dossier sensible

Publie le vendredi 1er juillet 2005 par Open-Publishing

« Dossier sensible », c’est ainsi que certains cercles du Palais de la République Sénégalaise qualifient le mouvement migratoire d’entreprises qui est en train de se dérouler dans le plus grand secret. Des entreprises ivoiriennes quittent en effet, depuis les événements de 2002, le pays de Laurent Gbagbo pour venir investir au Sénégal. L’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Sénégal, Fatimata Touré, a récémment convié ces entrepreneurs à un dîner pour que ces derniers retournent dans son pays d’origine. Mais rien n’y fait.

Depuis les événements de novembre 2002, la Côte d’ivoire voit les hommes d’affaires qui avaient investi dans son industrie se retirer. Une situation qui n’est pas du goût du Palais de Cocody. De sources sûres, des investisseurs ont rejoint Dakar où ils ont été accueillies à bras ouverts par les autorités notamment Aminata Niane de l’Agence pour promotion des investissements et des grands travaux du chef de l’Etat (Apix).

Les autorités sénégalaises ne s’en sont pas arrêtées là puisque des “facilités” relatives aux prêts bancaires ont été trouvées pour ces nouveaux investisseurs qui ont débarqué en masse. Ils étaient pour beaucoup dans le cacao, le bâtiment, etc. La délégation d’hommes d’affaires qui accompagnait Chirac lors de sa visite au Sénégal fait partie de ce lot. Selon nos informations, le chef de l’Etat a convié les quinze entreprises sélectionnées par Chirac, pour venir investir au Sénégal. Pour la plupart , ces entrepreneurs ont déserté la Côte d’Ivoire malgré les bonnes relations qui les liaient avant la crise, à Laurent Gbagbo ou aux cercles du pouvoir.

Cette situation n’est pas pour plaire à Abidjan. Hormis les attaques récurrentes de la presse contrôlée par la Présidence ivoirienne, sur le “cynisme” de Wade, l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Sénégal continue les tractations pour que ces entreprises déserteurs retournent en Côte d’Ivoire. Son excellence Fatimata Touré avait même convié les représentants de ces entreprises à un dîner à l’ambassade de la Côte d’Ivoire au Sénégal histoire de les faire revenir en Côte d’Ivoire, “leur terre”. Peine perdue puisque ces entrepreneurs sont plus que charmés par le climat des affaires sénégalaises dont la seule zone d’ombre demeure le procès opposant Ady Niang à la Société générale des banques sénégalaises (Sgbs).

Cette ruée des entreprises ivoiriennes au Sénégal ne fait que commencer. L’aéroport de Abidjan n’est presque plus fonctionnel, alors que l’aéroport Léopold Sédar Senghor favorise les affaires pour être ouvert à toute l’Afrique. Pourtant au sein de certains cercles du Pouvoir, ce mouvement migratoire est qualifié de « dossier sensible » et pour cause. On ne voudrait pas que Gbagbo croie que le Sénégal est en train de se sucrer sur son dos.